Après un Enter The Matrix des plus controversés, Shiny Entertainment et Atari persistent et nous proposent désormais The Matrix : Path of Neo. Mouais…
Si les fans de la trilogie cinématographique des frères Wachowsky sont nombreux, on ne peut pas dire que ceux-ci soient vraiment gâtés au niveau vidéo ludique. En effet, après un
Enter The Matrix à l’intérêt douteux, et à la technique bâclée, et
The Matrix Online qui n’aura clairement pas fait l’unanimité au sein du clan Matrix, les joueurs commençaient à désespérer de voir un jour arriver un jeu à la hauteur de leurs attentes.
Atari, sans peur et sans reproche, a donc décidé de refaire confiance à
Shiny Entertainment pour un second opus mettant cette fois-ci le joueur directement dans la peau de l’Elu, Néo. Cela suffira-t-il pour faire de
The Matrix : Path of Neo une expérience jouissive et intéressante pour les joueurs ? Malheureusement non.
Entrez dans la matrice
Contrairement à
Enter The Matrix, les évènements relatés dans
The Matrix : Path of Neo sont directement issus des films. Ainsi, les fans retrouveront avec bonheur des scènes tirées des trois opus de la saga comme le combat de kung-fu entre Néo et Morpheus, le combat dans le parc face à des centaines d’agents Smith, le combat contre Séraphin, voire encore les affrontements face aux sbires du Mérovingien. Le jeu est évidemment parsemé de séquences provenant directement des longs métrages (ainsi que d’Animatrix) et l’on ne saurait trop vous recommander de voir les films en amont afin de comprendre parfaitement l’action. En effet, les quelques séquences qui illustrent les niveaux sont bien souvent très courtes et le montage laisse parfois franchement à désirer, si bien que le néophyte n’y comprendra parfois absolument rien. Les développeurs ont toutefois agrémenté le jeu de nombreuses scènes intermédiaires, de manière à expliquer plus en détail les quelques mystères de la saga, et de manière à surprendre un peu ceux qui connaissent déjà chaque scène par cœur. Ainsi, l’entraînement avec Morpheus se poursuivra par une petite course dans laquelle il vous faudra rejoindre en premier le téléphone, en mettant à profit toutes vos capacités spéciales : course contre le mur, super saut… Entre le premier et le second film, vous devrez également porter secours à divers personnages parfaitement inconnus au bataillon comme une libraire ayant découvert une faille dans la matrice ou encore un veilleur de nuit dans une église. On notera également quelques clins d’œil sympas comme le combat contre Séraphin qui se déroule dans un cinéma pendant la projection de…Matrix bien sûr !
Le jeu débute par une scène d’action musclée dans un hall (rempli de colonnes destructibles cela va de soi), et vous aurez par la suite droit à une bonne heure de didacticiels en tout genre. Vous apprendrez donc petit à petit les rudiments du combat et débloquerez de nouveaux pouvoirs au fur et à mesure de votre progression : super coup de poing, désarmement, double saut, vision de la matrice dans sa forme pure... Les scènes de combat sont superbement chorégraphiées et la
motion capture fait des merveilles. Ainsi, avec simplement deux boutons (coup de poing et chope), on parvient à sortir des coups sublimes, qui débordent littéralement de classe et de puissance. Sans compter que le moteur Havok employé dans le jeu fait des merveilles, et l’on peut détruire énormément d’éléments présents dans une salle comme les tables, les lustres, les murs, les vitres, les colonnes (forcément)… Lors des phases de shoot, on assiste parfois à de très belles phases de jeu, on observe les balles voler dans l’air, les vitres exploser et les murs voler en éclat, grâce au pouvoir de concentration de Néo qui lui permet de ralentir le temps comme chacun le sait. Quel bonheur de saisir un agent, et de l’envoyer voltiger dans les airs d’un coup de pied rageur, avant de le cribler de plomb, le tout dans un ralenti d’une rare intensité. Outre des mitraillettes, pistolets et autres fusils à pompe, Néo peut également manier des armes de corps à corps comme des épées ou même certains éléments du décor. Malheureusement, ces phases de shoot deviennent rapidement répétitives et pas franchement aisées à jouer. En effet, le jeu utilise un système de lock automatique pas vraiment convaincant, et switcher d’une cible à l’autre est un véritable enfer. La caméra a d’ailleurs une fâcheuse tendance à nous bloquer la vue, et il est primordial de sans cesse la recadrer, pas facile lorsqu’une demi-douzaine d’agents veut vous faire la peau. Malgré cela,
The Matrix : Path of Neo propose des phases d’action plutôt bien animées, et les fans seront ravis de retrouver des dizaines de mouvements issus du film, et superbement réalisés dans le jeu. Toutefois, le soft de
Shiny Entertainment souffre d’un mal évident, qui se ressent au bout de quelques heures de jeu à peine.
Un sentiment d’inachevé
D’un point de vue technique tout d’abord, malgré un moteur physique de qualité (merci Havok), force est d’admettre que le soft propose des graphismes relativement moyens, baignant parfois dans un aliasing tout bonnement atroce. De même, lors des phases de combats (et dans certaines cut-scene), on dénote aisément une multitude de bugs divers et variés, des bugs graphiques bien sûr, mais également des bugs sonores. Ainsi, il arrivera parfois de ne plus avoir de son pendant une bonne minute, cela arrivant fréquemment lors d’un
retry. Les différents protagonistes sont aisément reconnaissables, mais auraient toutefois pu bénéficier de davantage de détails, notamment au niveau des visages. On pestera également face aux déplacements extrêmement rigides de Néo, qui semble avoir malencontreusement rangé son balai dans une partie très intime de son anatomie. Bien sûr, affronter des dizaines d’ennemis ne se fait pas sans mal, et le moteur du jeu peinera souvent à afficher une image fluide et propre, ce qui fait que l’on assiste (très) souvent à des chutes de
frame rate conséquentes. On remarquera également cette fâcheuse tendance de la part des développeurs à inlassablement nous proposer des halls garnis de colonnes pour accueillir la plupart des
gunfights, ce qui tend à la longue à conférer au joueur une mauvaise impression de déjà joué, et si exploser des colonnes peut être amusant au départ, cela devient franchement lassant au bout de la dixième fois. Les textures employées sont tantôt réussies, tantôt hideuses. Il est clair que comme pour
Enter The Matrix, certains environnements de ce
The Matrix : Path of Neo ont bénéficié d’un souci du détail accru, au détriment d’autres. Ainsi, sauver Morpheus en dirigeant le Gatling de l’hélicoptère se révèle des plus jouissifs et des plus réussis, tandis que le combat face aux dizaines d’agents Smith constitue pour sa part un franc moment d’ennui et un véritable nid de bugs en tout genre : disparition d’ennemi, clipping, ralentissements…Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des dizaines d’agents Smith traverser allègrement les immeubles dans cette séquence. Dommage.
De même, les quelques scènes intermédiaires, étrangères au script original, se révèlent parfois d’un goût franchement douteux comme cette partie au niveau du château de Mérovingien, où il faudra venir à bout des trois épreuves demandées pour vous échapper, celles-ci vous demandant de résoudre certaines énigmes d’une simplicité enfantine et de vous battre face à des ennemis au design plus que douteux. Cela ne veut évidemment pas dire que toutes ces séquences sont inintéressantes et ennuyeuses, mais certaines auraient clairement pu (voire même du) être évitées.
The Matrix : Path of Neo laisse donc au final un goût d’inachevé, de par des bugs innombrables et une action somme toute assez primaire, qui finira inévitablement par lasser de nombreux joueurs. En effet, malgré l’obtention de nouveaux combos en cours de jeu, on réalise quasiment toujours les mêmes actions au combat et seuls les fans les plus absolus ne se lasseront pas d’exécuter sans relâche les mêmes enchaînements. On notera également des temps de chargements ultra fréquents, illustrés par une matrice qui agresse les yeux comme rarement.
D’un point de vue sonore, si l’on met les bugs de son de côté, le constat est un peu plus positif. Le jeu des acteurs est plutôt convaincant, mais il est dommage de ne pas avoir inclus davantage de musiques, d’autant plus que la BO des films est des plus réussies. Les effets sonores sont en revanche particulièrement bons et les sons des différentes armes, ainsi que les explosions et autres impacts sont superbement restitués. Malgré une relative cacophonie parfois, les effets sonores permettent de nous plonger davantage dans l’action. Une action qui sera malheureusement de courte durée puisque 6 heures vous suffiront à boucler l’aventure et en découvrir l’incroyable dénouement. Les fans seront toutefois aux anges, puisque de nombreuses galeries d’artworks, de making of et autres bonus sont à débloquer, ce qui forcera les plus courageux à recommencer certaines parties du soft.
The Matrix : Path of Neo est donc un jeu destiné exclusivement aux fans de la série, qui pourront passer outre les nombreux défauts du jeu. Les combats sont superbement réalisés, mais la pauvreté graphique environnante, affublée de bugs en tout genre, et l’intérêt quasi nul de certains niveaux de jeu font que les joueurs lambda lui préféreront sans problème un
Max Payne 2 par exemple. A noter toutefois, que la fin du jeu est certainement l’une des plus loufoques et des plus inattendues dans le monde du jeu vidéo de ces derniers mois. A voir absolument.