Après quelques dizaines d’heures de jeu et une campagne de conquêtes menée à son terme, nous sommes enfin en mesure de vous fournir nos impressions complètes sur Rome Total War. Voici donc un catalogue à la Prévert des divers points forts de ce titre qui s’annonce véritablement comme la bombe stratégique de cette fin d’année.
Après Shogun Total War et Medieval Total War, The
Creative Assembly nous propose en ces temps très incertains pour la paix mondiale un titre des plus déstabilisants pour tout fan de Civilization qui se respecte. Alors que, jusqu’à présent, tous les inconditionnels de stratégie en tour par tour se retrouvaient sur le titre inévitable de Sid Meier les choses ont désormais légèrement basculé. Rome Total War, arrivé en trombes il y a quelques jours de ça, regroupe toutes les qualités d’un bon Civilization en y ajoutant quelques grammes de RTS des familles à la sauce Cossacks. Le principe est simple, en 270 av JC, trois factions romaines se divisent la botte italienne. Les Julii, famille de dirigeants sages et avisés suivis par la plèbe, les Scipii remplis d’amertume contre les autres grandes familles romaines et désirant prendre à leur compte la gestion d’un futur empire et les Brutii qui comme leur nom l’indique n’ont en tête que de prendre les rennes d’un territoire qui ne leur appartient pas encore et ce par la force des glaives et des flèches. Enfin, faction dirigeante de cette république aux fondations si fragiles, le Sénat vous donnera de nombreuses missions à mener à bien pour que l’image de Rome soit à la hauteur des attentes de son peuple.
Fortes Fortuna Adiuvat
Comme le dit si clairement Térence, la fortune sourit aux audacieux. Le principe de Rome Total War ne s’éloigne pas tant que ça de la doctrine du penseur romain. Pour diriger un jour le monde méditerranéen, il vous faudra faire preuve de patience et conquérir une à une les différentes régions. Pour cela rien de plus simple, déplacez votre armée sur la ville principale d’une région. Ensuite il faudra pendant un tour ou deux – selon l’équipement de vos troupes – procéder au siège de la ville convoitée. Une fois le siège bien en place, vous aurez alors la possibilité de vous lancer à l’assaut. A ce moment, deux solutions s’offrent à vous. Soit vous laissez l’ordinateur décider du sort de la bataille, soit vous allez prendre les commandes en RTS de vos troupes sur un champ de bataille tout en 3D. Dans ce mode, vous devrez tout d’abord haranguer vos troupes pour les chauffer à blanc avant l’offensive et surtout effrayer au maximum votre adversaire pour que ses soldats perdent littéralement leurs moyens.
Une fois cette phase intitulée « c’est qui qu’a la plus grosse » terminée, il va falloir placer vos troupes selon la stratégie que vous avez élaborée avant d’arriver sur le terrain (si bien sûr vous en avez élaboré une…). En ce sens, placer ses archers à l’arrière et ses cavaliers à l’avant sont les bases logiques de tout bon assaut réussit. Une fois cette phase terminée, il ne vous reste plus qu’à lancer les hostilités et voire déferler sur vous les milliers de légionnaires assoiffés de sang de votre ennemi juré. Le résultat de la bataille dépendra de qui a attaqué l’autre. Celui qui a attaqué devra soit éliminer la totalité des généraux soit repousser l’armée adverse hors du champ de bataille. L’attaqué devra lui tenir la position jusqu’à la fin du temps imparti ou éliminer son adversaire aux poings en le repoussant dans ses chaumières. Une fois la bataille terminée, apparaîtra un écran indiquant les statistiques du conflit et le nom de l’armée victorieuse.
Seuls les morts ont vu la fin de la guerre
Que l’on se le dise pourtant, Rome Total War, malgré son nom si évocateur ne donne pas vraiment la part belle aux combats. Vous passerez en effet la plupart du temps à gérer vos cités et les régions dont vous avez fait l’acquisition soit par le combat soit par l’argent. Si cette obligation administrative vous dérange, il n’en demeure pas mois que vous pouvez laisser à vos gouverneurs la gestion de la totalité de votre petit monde que ce soit sur le plan financier ou sur le plan des diverses constructions à réaliser çà et là pour le bon développement de vos cités. Et pour qu’une cité soit en bonne forme, il faut généralement réunir deux éléments principaux. L’un est l’ordre social et il peut être atteint par différents biais. Réussir à baisser les impôts, augmenter la taille de la garnison locale, construire certains bâtiments comme les arènes pour satisfaire la plèbe et l’abreuver de jeux hebdomadaires ou encore maintenir coûte que coûte la salubrité des rues de cette même cité. Bien sûr, d autres éléments comme l’éloignement de la capitale ou la présence d’une forte opposition rebelle joueront aussi dans l’ordre public de telle ou telle région, mais si vous réussissez à réunir tous les ingrédients cités plus haut, la mayonnaise devrait prendre dans 80 % des cas.
Autre point important à ne pas négliger dans toute bonne conquête du monde antique, la corruption joue dans Rome Total War un rôle prédominant. Sachez le, si vous arrivez à maintenir tous les ans – à chaque fin de tour en fait – un budget excédentaire, il vous sera possible de procéder à une distribution massive de dessous de table qui ont fait la politique telle qu’on la connaît aujourd’hui. Explication pratique, vous venez de terminer votre tour, vous avez des troupes à proximité d’une cité qui vous fait envie, il vous suffit tout simplement d’y envoyer un diplomate aguerri et doté de quelques bourses pleines de denarii pour corrompre la population locale et lui faire accepter de rejoindre les rangs de votre faction. Notez tout de même que pour acquérir une cité il vous faudra en moyenne compter quelque chose comme 10.000 ou 15.000 denarii pour en faire l’acquisition. C’est une méthode pacifiste et malfaisante à souhait qui vous fera éructer de plaisir et aura une légère tendance à vous faire détester de quelques sénateurs de la belle Rome.
La conquête de l’Ouest, du Nord et du Sud…
Sachez le avant de commencer une partie de Rome Total War, lorsque vous aurez terminé la campagne d’introduction, vous aurez devant vous une seule et unique campagne impériale. Choisissez l'une des trois factions et partez à la conquête du monde de l’Antiquité. Si au début tout va en général très vite, vous vous rendrez compte que la rançon de la gloire est parfois très dure à avaler. S’il est en effet plutôt facile de gérer deux ou trois cités, lorsque vous aurez passé quelques dizaines d’heures de jeu et que vous aurez enfin réussi à mettre un terme à l’existence de la Gaule, de L’Espagne et de Carthage, il vous faudra encore vous débarrasser des Grecs, des Macédoniens, des Egyptiens, des Daces et des Nubiens (j’en oublie quelques uns bien évidemment) et surtout tenir l’ordre dans vos cités tout en continuant de remplir les différentes missions imposées par le sénat romain. Tout cela fait de Rome Total War l'un des titres de stratégie mixtes - en même temps il n’en existe pas de masses non plus - les plus aboutis en termes de politique et de territoires à gérer. Il est, certes, assez pénible d’assister pendant de longues minutes aux déplacements des peuples que vous avez pu dévoiler à la fin de votre tour mais on se prend tellement vite au jeu qu’il est primordial de voir les déplacements de ses voisins pour préparer une éventuelle rupture d’alliance ou l’attaque possible de l'un de vos protectorats.
Autre point qui fait du titre de The
Creative Assembly l’un des plus gros hits de cette fin d’année, il s’agit de la gestion de sa propre famille. S’il est logique de penser qu’un membre proche du commandant en chef apportera la prospérité dans une citée, il n’en est pas mois important que son rôle dans cette cité où ses différentes actions lors des batailles le fera évoluer dans ses caractéristiques et surtout aux sages yeux du Sénat qui distribuent régulièrement aux dirigeants des postes dans l’assemblée sénatoriale. Cependant, ces généraux ne sont malheureusement pas immortels et ils vieilliront à mesure que vous cliquerez sur le bouton fin de tour. Il faudra donc penser régulièrement à les remplacer par des jeunes hommes de la famille, des soldats valeureux que vous aurez adoptés ou encore des gendres potentiels dont il faudra consulter les statistiques avant de leur permettre d’épouser votre fille bien aimée.
Veni Vedi Vinci et même impressii
Comment ne pas s’émouvoir devant la quantité de détails essentiels et pourtant si rares chez la concurrence que Rome Total War peut nous proposer. De la gestion des impôts à celle de la diplomatie en passant par la surveillance de votre position au sein de l’opinion plébéienne pour connaître le moment qui vous permettra de renverser le Sénat et prendre le pouvoir sur la grande Rome comme a pu le faire l’illustre Auguste en son temps. Et pourquoi pas, challenge entre les challenges, y parvenir avant ce dernier pour pouvoir se dire, j’ai fait mieux que le bourreau du Sénat. Avant tout ça, il faudra tout de même avoir appris à gérer son arbre généalogique, l’ordre des cités les plus importantes du royaume, l’importance que sa faction peut avoir dans les rangs du Sénat, s’assurer la présence d’un gouverneur dans chaque province pour que son évolution soit à la hauteur de vos attentes ou encore gérer les dépenses et les rentrées d’argent pour pouvoir procéder à quelques tristes pots de vin destinés à calmer la véhémence de quelque cité mécontente de votre présence sur son territoire.
Côté graphique, Rome Total War nous offre en bataille ou en « plateau » des images d’une qualité hallucinante. Seul petit bémol, il vous faudra tout de même une bonne machine pour faire tourner le titre de The
Creative Assembly dans des conditions optimales et avec tous les détails au maximum. Cependant, même avec une machine moyenne il est possible de jouer dans de très bonnes conditions, même si parfois les phases de transition entre chaque tour peuvent paraître un tout petit peu longues au joueur que ne s’attache pas vraiment à la géostratégie. Enfin et surtout parce qu’il nous sera impossible de tout vous dire sur ce titre sans transformer vos yeux en organes visuels de lapins albinos sachez tout de même qu’un mode online très intéressant permet aux joueurs les plus aguerris et les mieux connectés de se lancer dans différentes batailles des plus classiques. Nous regrettons encore une fois la triste absence d’un mode campagne online qui aurait mis le titre de The
Creative Assembly en orbite pendant un bon bout de temps.