Malgré un premier opus mitigé, tant au niveau de la critique que du public, Sony semble bien décidé à imposer sa série de survival horror Forbidden Siren sur PlayStation 2, avec un deuxième épisode dans la lignée de son aîné.
Si des productions comme
Silent Hill,
Project Zero ou même
Resident Evil font la part belle à l'aventure, l'action et à l'identification progressive à un personnage phare et souvent très charismatique (Leon Kennedy, James Sunderland…),
Forbidden Siren se place indéniablement dans un registre différent et nous propose de contrôler toute une panoplie de personnages hétéroclites, dans un univers sombre et macabre, dans la plus pure lignée du cinéma horrifique japonais. Pourtant, malgré de très bons effets visuels et notamment des expressions faciales absolument incroyables de réalisme dans les diverses
cut-scenes qui composent le soft,
Forbidden Siren 2 ne parvient pas à procurer la tension qu'il aimerait instaurer, la faute à une progression trop linéaire et souvent approximative, mais surtout un rythme désespérément haché par des changements de personnages bien trop fréquents. Explications.
Le doux chant des sirènes
Comme évoqué plus haut, le
gameplay de
Forbidden Siren est relativement original puisque vous ne contrôlez pas un, mais toute un panel de héros d'un jour, qui vont devoir chacun comprendre le pourquoi du comment dans cet univers cauchemardesque. Bien sûr, les personnages entretiennent évidemment des liens les uns avec les autres et le scénario se dévoile par bribes, si bien que le joueur quelque peu distrait pourra passer outre certaines subtilités de l'histoire. Pour la petite histoire, sachez que tout notre petit groupe va devoir faire la lumière sur le mystère qui entoure la petite île de Yamijima, et éviter si possible de succomber aux assauts des fantômes, des villageois zombis et autres menaces ectoplasmiques en tous genres. Pour ce faire, chaque personnage dispose de ses propres capacités, ce qui demandera donc bien souvent au joueur de réadapter sa manière de jouer. Ainsi, Mamoru devra sans cesse prendre soin de la très mystérieuse Kishida, tout en utilisant les pouvoirs surnaturels de la jeune fille pour percer les mystères de l'île. Yorito Nagai, militaire de carrière, pourra pour sa part compter sur sa force physique et la puissance de ses armes à feu pour se frayer un chemin. Dans un même registre, il sera également possible de contrôler un personnage mal voyant, Shu Mikami, qui devra alors compter sur les yeux de son fidèle compagnon à quatre pattes pour se diriger.
En effet, comme cela était déjà le cas dans
Forbidden Siren, le joueur peut à tout moment faire appel à la fonction Vision, qui permet, via une pression sur la touche L2, de visualiser ce que perçoivent vos ennemis, et donc de les éviter ou d'anticiper leurs attaques, mais également de voir ce que regardent vos alliés. Ainsi, dans le cas de Shu, on activera la vue du chien, pour ensuite presser la touche L3 afin de locker la vue, et l'on pourra ensuite diriger Shu, tout en observant ses mouvements via la vue du meilleur ami de l'homme. Sympa. Evidemment, les personnages peuvent attaquer leurs ennemis, si tant est qu'ils parviennent à se procurer une arme sur cette île résolument maudite. On fera donc avec les moyens du bord et on aura vite fait d'occire ses assaillants avec tantôt une truelle, un parapluie, une barre de fer, une scie ou encore une arme à peine chargée. Les ennemis ne sont toutefois pas tous vulnérables aux assauts physiques, et c'est parfois par la simple utilisation de votre lampe torche, ou même des phares d'un véhicule, que vous pourrez éradiquer la menace fantôme qui rôde autour de vous. Au fur et à mesure de la progression, on fait donc la connaissance d'une bonne quinzaine de héros potentiels qui disposent tous d'une identité propre, mais le système de progression est tel que l'on a terriblement de mal à s'identifier à l'un ou l'autre.
Un concept atypique…mais terriblement frustrant
En effet, ceux qui ont déjà joué au premier opus sauront de quoi il s'agit puisque ce
Forbidden Siren 2 vous propose d'effectuer diverses missions, relatives à différents personnages. La progression est on ne peut plus linéaire puisque le jeu vous impose le personnage à incarner, et même s'il est possible de réaliser quelques objectifs secondaires pour découvrir de nouveaux passages, les missions sont relativement courtes, et les objectifs sont pour le moins répétitifs, notamment dans les premières heures de l'aventure. Un schéma qui tranche littéralement avec la norme et si certains apprécieront de parcourir les lieux avec différents personnages, les autres auraient éventuellement préféré un éventail de héros moins large, de manière à pouvoir s'identifier plus facilement à chacun d'entre eux.
Dans un registre plus technique,
Forbidden Siren 2 ne fait pas vraiment dans la surenchère d'effets visuels, et si l'on dénote un léger mieux au niveau de l'animation notamment comparé au premier opus, la forme reste vraisemblablement la même et le soft jouit d'une technique des plus appréciables. Les
cut scenes sont joliment réalisées et bénéficient d'un filtre graphique qui pose une ambiance bien sombre. Les expressions faciales sont pour leur part assez bluffantes de réalisme. Toutefois, cette atmosphère pesante tend trop aisément à s'estomper une fois dans le jeu, et ce, malgré les cris au loin, les bruits inquiétants et autres coins lugubres à visiter. En effet, ce jonglage permanent (encore lui !) entre les différents protagonistes de l'aventure ne permet pas de plonger le joueur dans l'effroi comme d'autres productions savent le faire. Le cheminement est sans cesse entrecoupé de fins de mission, de chargements et autres interruptions en tous genres, ce qui fait que la tension procurée par certaines
cut scenes de départ finit par s'estomper trop rapidement. Malgré tout,
Forbidden Siren 2 propose son lot de visions d'horreur avec des ennemis particulièrement sauvages et agressifs, au physique bien souvent délicieusement torturé, faisant parfois ressurgir les souvenirs d'un certain
Silent Hill. Doté d'un background profondément ancré dans les cultures et autres mythologies nippones (accessibles toutefois à un large public européen), et proposant une progression sans cesse hachée par des changements de personnages, on a finalement un peu de mal à s'immerger totalement dans le monde de
Forbidden Siren 2. Certes, le bruit de la sirène qui retentit fait toujours froid dans le dos, oui, les visions d'effroi sont légion, oui, le scénario alambiqué fait la part belle aux surprises et autres rebondissements, mais le soft de
Sony ne permet pas vraiment de s'identifier à ses héros, et de ce fait, il devient alors difficile de partager la peur que ceux-ci semblent ressentir. Malgré des qualités certaines, il manque donc toujours ce petit quelque chose qui permettrait à la série
Forbidden Siren de siéger fièrement au panthéon des productions horrifiantes sur PlayStation 2, aux côtés des
Silent Hill,
Resident Evil et autres
Project Zero.