Chaque année au mois d'août une partie de la planète émet un léger tremblement, certains scientifiques auraient déterminé à quelques centaines de mètres près l'épicentre de l'évènement. Selon ces experts, le centre de cette activité des plus étonnantes se situerai aux alentours de Tokyo et pour être plus précis dans les studios de Konami Computer Entertainment Tokyo. La raison de ce séisme médiatique, la sortie officielle du tout dernier opus en date de la Konami Team, j'ai nommé Winning Eleven 7. Alors, qu'en est-il, le titre est-il à la hauteur des attentes des millions de fans bavant et haletant ? Le passage de témoin était d'autant plus délicat pour cette dernière réalisation que le précédent chef d’œuvre de KCET avait placé la barre à une hauteur gargantuesque. Voyons donc ce qu'il en est vraiment de ce petit miracle avec ce test complètement impitoyable et remplit de toute l'objectivité d'un fan de toujours.
Pour ceux qui auraient manqué le début
Pour tous les aficionados et ceux qui se sentiraient perdus face au pic infranchissable que peut représenter Winning Eleven / Pro Evolution Soccer voici un bref résumé des épisodes précédents. Depuis les débuts de la saga avec l'incomparable Winning Eleven 4 sur Playstation en l'an 2000, beaucoup de choses ont bougé du coté de Konami. D'un coté on retrouve donc la version nippone du soft avec les Winning Eleven (J-league ou Final Evolution) et de l'autre ceux que beaucoup plus connaissent, les Pro Evolution Soccer. On taiera, pour des raisons que tout le monde comprendra, les méfaits de KCEO avec les ISS, qui sont plus une insulte à ce noble sport qu'est le foot que des simulations à part entière. En général, sortent donc dans l'ordre Winning Eleven, Winning Eleven J-League, Pro Evolution Soccer et finalement aboutissement de tous ceux là Winning Eleven Final Evolution. Et vu que cette fois-ci seuls Winning Eleven 7 et Pro Evolution Soccer 3 verront le jour on peut se poser un certain nombre de questions entièrement légitimes, manque de budget, essoufflement des fans. Mais une seule option semble vraisemblable, le fait tout simplement que ce dernier opus soit la perfection même, dénuée de bugs et expurgée de tous ces détails qui avaient longtemp frustré des milliers de joueurs lorsque la console remontait deux buts à la 90° minute sur le débordement d'un joueur pourtant blessé quelques instants auparavant.
Konami, contre toute attente, nous offre avec ce titre plein de panache et d'innovations l'une des meilleures surprises de l'année, l'aboutissement de toute une saga en un seul et même monument proche de la perfection. Vous direz que j'exagère un peu et je vous donnerai certainement raison en relisant ces lignes dans quelques jours mais c'est bien un travail de fourmis qu'ont accompli les programmateurs de chez KCET. Ajoutant ça et là de nouvelles options, lissant les textures, fluidifiant l'action, ils ont rendu une copie que le plus retissant des correcteurs n'oserait pas entacher de son feutre rouge. Le titre s'ouvre d'ailleurs sur une intro des plus explicites, plus de buts venus d'ailleurs, mais des actions collectives, des arrêts monumentaux ou encore des tirs au dessus de la barre. Cela pourrait paraître étrange en effet, en général lorsqu'un joueur se porte acquéreur d'un jeu de foot c'est pour deux raisons simples et basiques : marquer des buts et retrouver le match qu'il vient de regarder à la télévision. Le premier besoin peut être assouvi par n'importe quel titre de foot venu qu'il soit FIFA 2003, Kick Off 2002 ou même Red Card Soccer puisqu'il n'y est pas sorcier d'y allonger frappe sur frappe sans réelle difficulté. Pour le second par contre, les choses se compliquent et il s'agit là bien plus d'un sentiment global que de qualités outrancières que le joueur doit ressentir. Le réalisme d'un jeu dépend du talent de l'équipe de développeurs et de leurs idées. Alors si sur ce point FIFA 2003 a marqué un certain nombre de points non négligeables, Winning Eleven 7 termine de mettre KO son grand frère développé par Electronic Arts, mais laissons une chance au futur FIFA 2004, il le mérite certainement...
Konami une fois encore au rendez-vous
Au niveau des innovations tout d'abord on peut noter tout un tas de très bonnes idées et d'autres un peu plus étonnantes. Les menus sont nettement plus clairs qu'auparavant avec un coté un peu plus "pro" pour l'habillage graphique qui semble avoir cette fois-ci avoir été clairement retravaillé. On trouve tout facilement (en tout cas ce que me permettent mes souvenirs des précédentes versions) même si le jeu est entièrement en japonais. On peut ainsi si l'envie nous en prend de jouer le plus vite possible lancer un quick match avec équipes aléatoires au programme. Certes ces rencontres se résument assez souvent à des Panatinahikos / Manchester City mais n'est-ce pas là le vrai plaisir, jouer des rencontres que l'on aurait jamais osé tenter dans notre état normal ? Coté réglages aussi, les choses ont été nettement simplifiées, des tactiques prédéfinies permettent aux plus impatients d'éviter les longues séances de réglages et de changements de formations ou autres positions individuelles. On peut donc lancer un match avec des réglages complets assez rapidement, histoire de ridiculiser pour la dernière fois de la journée son pote qui doit réintégrer ses pénates en début de soirée (ndlr). D'autres innovations ont vu le jour dans ce Winning Eleven 7, on peut ainsi découvrir quelques petits ajouts comme le silver goal qui, alternative du golden goal, accorde à l'équipe qui vient de se prendre un but à la première minute de la prolongation de rattraper son retard jusqu'à la fin de la période en question. C'est nettement moins cruel et surtout moins frustrant dans certains cas.
Pour ce qui est du gameplay, c'est un changement total, on redécouvre une nouvelle façon de jouer bien plus proche d'un PES 1 que du très spectaculaire Winning Eleven 6 FE. Les attaquants courent beaucoup moins vite et il est quasi impossible de forcer le passage dans l'axe à moins de se retrouver face à une défense des plus amorphes. Pour compenser cet avantage donné à la défense - ce qui est de plus en plus le cas depuis Winning Eleven 5 - les petits gars de KCET ont ajouté un certain nombre de petits gri-gri relevant un peu le niveau de l'action. Les joueurs peuvent ainsi réaliser à présent le coups du sombrero, jongler avec le ballon ou encore humilier l'adversaire en plaçant la roulette marseillaise chère à notre Zizou national. Ces gestes sont "réalisables" par tous en gardant bien sur à l'esprit que leur aboutissement dépend des caractéristiques du joueur qui les tente. Ainsi si l'on tente la roulette avec Njord ou même Lizarazu, le résultat est bien loin de ce que l'on aurait pu espérer au départ. Si le début du geste est de toute beauté, la fin aboutit en général à ce que le ballon parte dans le sens opposé à celui que l'on avait indiqué, ou alors plus original, que leur joueur s'emmêle les pinceaux et laisse tout simplement derrière lui la précieuse orbe. D'un autre coté certains gestes ont eux été nettement simplifiés comme par exemple les crochets (réalisables avec R2), qui deviennent désormais de vraies armes fatales face à un défenseur ou au gardien. Il suffit de lancer la manipulation au bon moment et hop, le joueur adverse est "dans le vent" complètement perdu et il ne lui reste plus que ses longues gambettes pour essayer de rattraper l'attaquant déjà bien loin de là. On notera aussi les nouveaux gestes assez utiles comme la touche en profondeur et enfin les innovations comme la petite icône qui apparaît en haut à gauche de l'écran lorsque l'arbitre laisse l'avantage.
Mais d'autres innovations se sont subrepticement cachées dans les arcanes du titre de Konami. Comme certaines news nous l'avaient démontré, les joueurs, s'ils sont blessés pendant le match, seront évacués à l'aide d'une civière jusqu'aux limites du terrain. Si ce même joueur évacué peut reprendre le match, il reviendra avec de jolis bandages pour ruiner toutes vos tactiques d'offensives ultra-rapides. D'autres petites animations du même acabit sont aussi au programme, ainsi on peut voir à la fin d'un match éprouvant ou aucune des équipes n'a réussi à prendre l'avantage, les joueurs qui se désaltèrent sur les bords du terrain. Et puisque l'on est dans la série des détails complètement inutiles, mais complètement réalistes, à chaque faute, corner, touche ou sortie de but les joueurs vont marquer un certain empressement à réclamer la balle. En effet, à chaque fois qu'un joueur la laisse échapper en dehors des lignes blanches il lève la main pour obtenir la remise en jeu, chose qui n'existait pas dans les versions précédentes. Pour les hors-jeu par contre, les choses sont un peu plus subtiles, il arrivait très souvent lorsqu'on jouait à WE6FE de voir toute la défense lever les mains lors d'une passe en profondeur pour indiquer - le plus discrètement du monde - à l'arbitre qu'il aurait tout intérêt à faire retentir son sifflet. Mais lorsque tous ces joueurs se trompaient ils restaient tout bonnement plantés là, la main en l'air comme s'ils avaient été les témoins d'un évènement que seul David Duchovny pourrait comprendre dans son intégralité. Dans Winning Eleven 7, ce n'est plus le cas, seul un joueur ou deux lèvent le bras et s'ils se trompent, les autres peuvent prendre le relais. Dernière innovation inutile en date enfin, on peut désormais en lieu et place du triste P1 juste au dessus de la tête des joueurs contrôlés, faire apparaître son propre pseudo ou le nom du joueur, il faut pour cela aller dans le menu des options, y inscrire son pseudo et au moment de la sélection des contrôles appuyer sur triangle, le tour est joué on peut maintenant voir apparaître le pseudo à la place du P1. Pour voir le nom des joueurs c'est tout aussi simple. En bref, c'est joli et c'est déja pas mal.
50 Wen, ça fait combien en euros ?
Dans Winning Evolution 6 FE, chaque fois que l'on terminait une coupe, une option se débloquait. Ainsi lorsqu'on remportait la coupe du monde avec une équipe européenne, se dévoilait dans le menu de sélection des équipes la Europe All Star, la coupe d'Europe permettait elle de débloquer les équipes classiques comme le Brésil de Pelé et Garrincha (oups pardon monsieur Zico), l'Angleterre de Banks, l'Argentine de Maradonna et de Di Stephano ou encore l'Italie de Zoff. Tous ce système pourtant très bien rodé qui attribuait pour chaque évènement une option cachée n'est plus les amis, tout fonctionne dès à présent sur le système capitaliste de "T'as de la thune, t'auras les options". La monnaie locale baptisée WEN permet en effet, via le menu WESHOP de faire l'acquisition de nouvelles équipes, d'options cachées comme l'accélération du jeu, mais aussi de petits trésors d'inutilité comme le mode BGM qui permet d'écouter les musiques du jeu. Pour gagner ces WEN tout est très simple, chaque match gagné vous rapporte au moins 50 Wen en mode 3 étoiles et une coupe en moyenne vaudra environs 1000 Wen. Une très bonne idée de la part de Konami pour encourager le jeu quel qu'il soit. Ainsi que l'on fasse une match avec un ami, une coupe internationale ou encore une Master League les Wen sont à nous, on peut ainsi très vite engranger tout l'argent nécessaire à nos petites emplettes.
Dans tout le panier de la ménagère nippone se trouve en outre une option des plus intéressante. Cette option qui coûte la bagatelle de 10.000 Wen permet le libre échange des joueurs. Au début si l'on se demande quelle est son utilité, on comprend très vite le pourquoi de ce prix si exorbitant. Lorsque cette option est débloquée - au prix de dizaines de matchs - elle permet de faire son propre mercato entre clubs et même nations, finies les chaînes de transfert sans fin de PES 2, désormais il n'est point nécessaire de faire l'échange pour transférer un joueur. La technique est simple, on sélectionne le joueur voulu, exemple le transfert de Beckham au Real. Il suffit de trouver l'équipe de Manchester, placer le blondinet en question dans l'effectif mancunien au niveau des remplaçants et l'envoyer dans l'emplacement disponible de l'effectif du Real. Ensuite libre à vous de faire d'autres transferts beaucoup plus fantaisistes comme Ronaldinho au PSG, Zidane au Celtics... quoi, Ronaldinho a joué au PSG ? Autant pour moi alors...
Sans maîtrise la puissance n'est rien
Comme dans tous les titres de la saga, et ce depuis l'inusable Winning Eleven 4, on peut retrouver la classique Master League. Il s'agit pour les novices d'un championnat complet permettant de faire évoluer un club de son choix au travers de plusieurs saisons. Pour atteindre les sommets, il faudra tout d'abord partir de rien, en dernière division et avec un effectif des plus...médiocres. Les joueurs de départ souvent de seconde zone sont appelés Miranda, Njord ou encore Barrota, rien à voir donc avec les Zidane, Beckham ou autres Vieri. Chaque match remporté dans ce mode rapporte des points (en plus des wen bien sur), ces points permettent de faire l'acquisition de nouveaux joueurs un peu plus talentueux ou alors de jeunes joueurs qu'il faudra entraîner. Sur ce point, on peut dire que Konami a fait un sacré effort. Winning Eleven 7 nous offre en effet pas moins de 64 clubs à choisir comme bon nous semble, de quoi trouver son équipe favorite et en faire l'effectif le plus impressionnant de la ligue. Au départ de cette ML, quelques options ont été modifiées, le mode expert a en effet été abandonné au profit d'un réglage beaucoup plus souple. On pourra donc choisir le niveau de difficulté mais aussi la mise en place ou non de l'option anti-triche qui, si l'on éteint la console avant la sauvegarde, donne automatiquement la victoire à l'équipe adverse par trois buts à zero.
Le nombre d'équipes ayant été revu à la hausse, l'organisation de la compétition s'en voit complètement bouleversée. Le tout se compose à présent de deux divisions chacune divisée en région nord ou sud. Chaque division possède sa coupe et il existe une coupe suprême appelée la WEFA Cup, sorte de Champions League un ton au dessus. Les transferts le sont eux aussi, bouleversés, puisque le nombre de joueur a été décuplé par l'arrivée des nouvelles équipes, de quoi se perdre dans les transferts me direz-vous. Point du tout, puisque Konami a enfin décidé d'ajouter à son jeu un moteur de recherche très complet pour les transferts de Master League. Ce moteur de recherche, dispose de quelques options très intéressantes, comme le fait de pouvoir classer les joueurs par poste, par nation, par club mais aussi par coût de transfert et le tout de manière croissante ou décroissante. La dernière possibilité étant très intéressante lors des premiers matchs en D2 puisque ce n'est pas vraiment la richesse à ce moment du jeu.
Il manque quand même quelque chose
Malgré toutes ses qualités indéniables, Winning Eleven 7 n'est pas exempt de défauts, on peut même en compter un certain nombre qui auront gâché le plaisir à quelques uns des joueurs les plus acharnés. Difficile d'expliquer ce sentiment, mais il est vrai qu'un léger manque de fun ressort globalement au fil d'une partie. Tout ceci s'explique par un certain nombre de points à revoir pour la version européenne. L'animation des joueurs tout d'abord, un peu plus lente que dans WE6FE, donne parfois l'impression que ces derniers, pourtant sportifs de haut niveau entraînés à courir à des allures démentes, courent dans l'eau à hauteur de la taille. C'est certainement un bon moyen de la part des programmeurs pour plus détailler les mouvements des joueurs, mais cela atteint directement l'aspect spectaculaire d'un titre qui, un tant soit plus rapide aurait pu procurer à la plèbe un plaisir proche du Nirvana. D'autres petites imperfections se sont glissées dans le chef d’œuvre, les contres approximatifs qui sont une plaie depuis Winning Eleven 5, les crochets hasardeux et un peu ralentis ou encore les retours surhumains de la console en fin de match. Tous ces petits détails qui ont fait se briser tant de mannettes sur les murs de milliers de chambres et qui font que chaque nouvelle version du jeu Konami ne peut que toucher du bout des doigts la perfection. Trêve de pinaillage, il fallait en parler mais tout ceci n'est qu'un maigre glaçon décroché de l'iceberg. Winning Eleven 7 n'en demeure pas moins la bombe que tous les fans attendaient.
Dernier point important et sans doute le plus insolite, une option très discrète a fait son apparition à l'écran de sélection des contrôles. On peut désormais lancer un match en contrôlant un seul et unique joueur, la console prenant alors en charge le reste de l'équipe. On peut ainsi pendant quelques minutes se mettre dans la peau de Del Piero, de Silvestre ou encore de Zidane, faisant appels de balle et autres tacles défensifs sans pouvoir contrôler quoi que ce soit de ce qui se passe autour. En tant qu'attaquant, il faut faire au bon moment les appels de balle pour recevoir des passes, les défenseurs quant à eux auront pour mission de garder la sainte surface. Point de récompense particulière à la fin du match sinon la note finale qui jugera de votre comportement pendant les 90 minutes. Une manière de retrouver un peu de mélancolie en repensant au très impressionnant Libero Grande qui avait fait les grands jours de la PSOne.
9/10