Là où l'habitué aurait pu sortir une ou deux piécettes de sa poche pour parier sur un Remaster/GOTY de Hyrule Warriors lors de la première année de carrière de la Switch, Koei Tecmo a quelque part réussi a créé la surprise avec un vrai Musô « tout neuf », gardant les guillemets car on ne peut pas dire que chaque épisode soit une révolution. En attendant Dynasty Warriors 9 du moins.
On ne va pas refaire à zéro l'histoire de ce genre de jeu si particulier vu que même le patron de Koei Tecmo serait parfaitement incapable de citer tous les Musô qu'à pu pondre Omega Force en un peu moins de deux décennies, et on va donc rester dans un cadre très Nintendo-esque en faisant un comparo légitime avec Hyrule Warriors puisque comme ce dernier, Fire Emblem Warriors va réussir à mixer les bases du X-X-X-O (pardon, plutôt B-B-B-A) avec certains éléments très chers aux fans des productions signées Intelligent Systems. En résumé, on est donc loin des mauvaises adaptations de Berserk et Hokuto no Ken qui elles se contentaient jouer la carte d'un skin brutal sans chercher à aller plus loin que la formule initiale.
On va en revanche de nouveau décrire ce qu'est un Musô : vous prenez une carte construite sur une piste d'avion (c'est très plat), vous mettez des centaines d'ennemis qui vont sans cesse respawn, et vous devez démonter tout le monde. Ça paraît certes banal mais c'est un peu plus profond que ça et heureusement car en dépit d'une baisse des ventes depuis des années, on garde un certain public et ce n'est pas pour rien. Dans les grandes lignes, il ne faudra pas bêtement s'attarder sur les péons mais plus en faire des dommages collatéraux quand vous devrez en priorité privilégier la capture de points, le nettoyage de capitaines (qui peuvent justement reprendre vos bases) et l'affrontement contre les généraux, représentés comme de coutume par les stars de la licence dédiée.
Et c'est là qu'entre en compte les ajouts propres à Fire Emblem. Si pour Hyrule Warriors, la principale différence venait des objets et de fontaines à fées, ici, Omega Force va beaucoup plus loin avec pour commencer le fameux système triangulaire pierre-feuille-ciseau en plus des annexes (les archers sont over-puissants contre les montures aériennes) qui devront impérativement être pris en compte car s'attaquer à un général d'un type qui a l'ascendant sur vous pourra vite devenir usant tant sa jauge de PV diminuera doucement (sauf si vous êtes 5 ou 10 niveaux au dessus du recommandé), tout en étant capable de vous dégommer la moitié de la votre en quelques coups. Mais comme chaque perso a un type unique, c'est là qu'entre en compte le casting.
Fire Emblem Warriors est composé d'une vingtaine de protagonistes et oui, on peut dire à l'avance qu'il y aura énormément de déçus parmi les fans sauf pour ceux qui ont démarré la série avec l'un des trois derniers épisodes en date. Koei Tecmo en garde indéniablement sous le coude, peut-être pas pour le Season Pass (qui continuera de se baser sur les épisodes en question), mais sûrement pour un deuxième épisode. Toujours est-il que si votre favori ne sera peut-être pas au programme, ça reste du beau monde et dans la moyenne des adaptations du même style. Bref, contrairement à d'autres Musô, notre intéressé va lui jouer à fond sur son casting puisque proposant sur une même map jusqu'à huit combattants (une fois passé les premiers chapitres) qu'il faudra gérer au mieux pour vous en sortir.
Et c'est là que le jeu a le bon goût de rendre hommage au coté tactique de Fire Emblem puisque les préparatifs n'ont jamais été aussi important avant la bataille. On disposera généralement de quatre unités jouables et quatre autres en soutien, certaines pouvant être modifiées (voir toutes une fois la mission terminée une première fois), et c'est donc à vous de tout d'abord faire en sorte que votre petit bataillon soit équipé de chaque type d'arme, pour ensuite les envoyer au bon endroit, la map affichant toujours où se situent les capitaines et généraux « faibles » en fonction de l'allié sélectionné.
Et c'est ensuite parti pour nettoyer la map en faisant très souvent des allers-retours dans la fonction pause pour switcher de persos (on peut le faire avec un raccourci mais mieux vaut savoir vers où on se téléporte), et constamment donner des ordres aux autres car si l'IA fait plutôt le taf dès le moment où vous l'envoyez dans les bonnes zones, elle sera rarement du genre à prendre une quelconque initiative et va plutôt faire dans la simplicité en allant rejoindre le leader ou en se jetant dans la gueule du loup (le boss) alors qu'il vous reste des trucs à faire. D'ailleurs, mieux vaut par vous-même faire souvent un bilan de la situation plutôt que d'attendre qu'on vous prévienne car, comme souvent dans le genre, les indications sont tellement nombreuses qu'elles arrivent souvent en retard : si par exemple, un allié est en danger, le jeu continuera de vous envoyer les notifications en cours avant de s'attarder sur son cas, donc parfois trop tard. La solution simple dans ce genre de cas, au lieu de l'envoyer bêtement s'ennuyer dans un fort pour regen, c'est de profiter d'une autre fonction propre à la licence : lancer un « duo » où le deuxième perso disparaîtra littéralement pour ne balancer une attaque que lorsque vous lui demanderez, et vous accompagnant dans les furies.
Donc vous avez compris qu'on n'est pas dans Hyrule Warriors à chopper son perso unique et à ratisser la map de long en large sans problème. Même en mode normal, l'échec peut arriver si vous faîtes n'importe quoi et chacun sait que même dans la difficulté standard, il vaut mieux miser sur une opération de ratissage dès le début (= je bute tous les capitaines et je m'accapare toutes les zones) pour s'assurer très vite de bons points d'expériences et suffisamment de matériaux en vue des deux difficultés supérieures d'après (Difficile et Très Difficile), sans oublier les coffres qui offrent parfois les indispensables orbes d'évolution (vous en aurez suffisamment pour tout le monde), et Ann qui apparaît périodiquement pour vous filer un parchemin, au départ en fonction du nombre de kills, puis plus tard sous des conditions plus spécifiques. Le but premier de ces objets n'est pas de reconstituer un puzzle sans intérêt mais de débloquer des options bonus à activer avant une bataille (loot de meilleurs armes, meilleurs matériaux, davantage d'xp), qu'il faudra néanmoins échanger à chaque fois contre un gros lot d'objets.
Quelques missions suffisent à dire qu'on est devant une bonne adaptation, pour les arguments cités à l'instant mais également pour la haute nervosité qui s'en dégage, bien supérieure aux précédentes adaptations d'Omega Force et où l'on a plus que jamais l'impression de trancher brutalement dans la foule, avec un coté très viscéral lorsqu'on lance son ultime dans un périmètre qui inclus un général, trois capitaines et une trentaine de soldats. Cela se ressent notamment avec les (nombreux) épéistes mais même les archers et mages s'en sortent cette fois correctement, à défaut des persos à monture dont la jouabilité reste infiniment supérieur à ce que pouvait donner un Dynasty Warriors lorsqu'on est à cheval (pas pour rien qu'on préfère être à pied) mais manque tout de même de précisions quand il s'agit de frapper un ennemi en particulier, même locké.
Le campagne, d'ailleurs jouable d'entrée à deux en coopération local (contrairement à Hyrule Warriors) devrait vous prendre environ une dizaine d'heures en mode de difficulté standard mais rien ne vous empêche de démarrer tout de suite en difficile (la difficulté ultime se débloque en finissant la campagne) quitte à suer du sang sur certains passages, sans oublier que l'option « permadeath » est de nouveau au programme même si elle n'en a que le nom car si vous ne voulez pas céder à la facilité de voir vos alliés morts guérir après la bataille (donc comme dans les autres jeux du genre), il faudra débourser une fortune en argent et matériaux pour le faire revivre. Peut-être un peu usant, mais idéal si vous voulez avoir une motivation à bien faire les choses et à répondre à chaque appel à l'aide dans des sessions qui ne manquent pourtant pas d'objectifs qui pop dans tous les sens.
On ne reviendra pas sur le coté très répétitif propre au genre (la Switch a au moins le don de se prêter à de petites sessions, et les missions sont justement plus nombreuses que dans le Musô Zelda mais aussi plus courtes), mais on peut difficilement applaudir des deux fesses le scénario et la narration qui ne valent quasiment rien, comme à chaque fois avec Omega Force. Pas de génie puisqu'on cède à la plus grande facilité façon NetherRealm (pour ne citer que lui) avec un mystérieux portail temporel qui réunit tout le monde, des méchants qui sont en fait gentils (en même temps, ils font partie du casting jouable), et un monde à sauver, blablabla… On ne cachera donc pas cette envie permanente de zapper les dialogues, histoire en même temps d'oublier un peu le doublage US puisque c'est celui qu'on a dû se taper d'un bout à l'autre de l'aventure pendant que vous, vous aurez droit aux voix japonaises dès le lancement avec le patch Day One.
Dix heures pour un rush en ligne droite, ça peut paraître court mais c'est dans la moyenne du genre et les habitués sauront que l'intérêt est de tenter de s'approcher du 100 % en maxant les persos via les autres modes de difficulté ainsi que le mode bonus qui vous fait revivre rapidement des chapitres importants de chaque épisode mis en avant ici, ajoutant cette fois des déplacements préalables sur une map quadrillé façon tactical avant d'entrer dans la bataille. C'est d'ailleurs là qu'on est finalement un peu content qu'il n'y ait qu'une vingtaine de personnages tant vous allez déjà rien qu'avec eux passer un temps fou dans les menus à leveler ceux en retard (contre de l'or), changer leur équipement (le menu est assez mal foutu à ce niveau), fusionner vos bonus d'armes et surtout tenter de torcher les arbres de compétences de chacun. Et là, même 30 heures ne seront pas suffisantes pour tout finir.
+ Le mixe très réussi
+ Ultra nerveux
+ Mode campagne en coop
+ Adapté aux sessions courtes
+ Plus tactique que d'habitude
+ 60FPS sans accroc
+ De quoi faire en grinding
+ La VO (finalement)
- Scénario bof
- Pas folichon graphiquement
- Le menu d'équipement
- Les notifs en retard
- Répétitif comme un Muso
- Le casting prêtera à débats
Conclusion : Difficile d'être vraiment surpris par un Musô aujourd'hui mais en mettant un point d'honneur à intégrer des éléments phares de Fire Emblem, de manière bien plus poussée que dans un Hyrule Warriors, cette nouvelle adaptation parvient à tirer son épingle du jeu et permet à Omega Force de renouer avec les adaptations réussies, nous faisant d'office oublier celle de Berserk qui fut un fantasme avant l'annonce et une amère déception à l'arrivée. Il faudra juste comme de coutume être à la fois fan du genre et de la licence, quitte à râler devant l'envie de Nintendo d'imposer les dernières stars en date.
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