Rangé longtemps dans la catégorie des adaptations toutes plus pourries les unes que les autres, la licence South Park fut un jour embrassée par le messie Obsidian et portée par Ubisoft (qui avait ramassé l'affaire sur les cendres de THQ). Trois ans plus tard, il est temps d'aborder un nouveau chapitre.
Même si le développeur a changé en cours de route (Obsidian étant occupé à ses Pillars of Eternity & co), Ubisoft San Francisco ne va à aucun moment cacher son besoin de se reposer sur les bases du premier épisode et vu que ce genre de licence ne peut parier sur son rendu graphique, on a donc cette impression d'avoir affaire à une suite directe, ce qui est d'ailleurs le cas scénaristiquement. Le début du jeu pourrait en effet démarrer le lendemain même du Bâton de la Vérité avec toute la bande qui continue de se fritter façon heroic-fantasy, sauf que Cartman en a marre et décide de lancer un nouveau projet : tout le monde se déguise en super-héros pour tenter de retrouver un chat disparu afin de gagner 100$ de récompenses, et ce pour leur permettre de lancer une série à la Marvel au cinéma comme sur Netflix, capable de leur rapporter 1 milliards de dollars. Facile.
Du coup, on incarne toujours « le nouveau » avec les mêmes parents dans la même baraque, le tout dans la même map, ce qui est logique vu la série même si l'on aura néanmoins droit à quelques ajouts par-ci par-là. Pas de transfert de sauvegarde donc vous pouvez de nouveau créer votre petit avatar à votre sauce avant de choisir la difficulté directement liée à votre couleur de peau puisque dans South Park, plus vous êtes black, plus vous devez souffrir (clin d'oeil cynique avec l'actualité US de ces dernières années). Le reste des éléments de personnalisation se fera au fil du jeu, parfois de manière facultative comme trouver votre religion, votre ethnie et votre « genre » parmi un large choix comme le veut l'époque.
On part ensuite à l'aventure avec un rythme qui donne l'impression d'avoir affaire à une mini-saison puisque chaque chapitre a sa propre petite histoire (où tout est lié par un même fil rouge) et se déroule sur une seule journée… ou du moins « après l'école » jusqu'à parfois tard la nuit. Et là où l'on peut commencer à féliciter l'équipe, c'est son envie de pousser un peu plus l'exploration puisque très vite, la ville devient accessible dans sa quasi-totalité avec toute la liberté d'aller fouiner pour obtenir des matériaux, des skins de super-héros (uniquement d'ordre esthétique) et surtout accomplir une masse de quêtes annexes, parfois scénarisées avec une récompense brute, parfois fédex mais se faisant naturellement sur la longueur, du genre ramasser des posters Yaoi, faire des selfies, tabasser x clochards ou sixièmes ou retrouver des chats.
Tout ce que vous ferez finira par vous rapporter de quoi monter en puissance car dans la tradition de certains très vieux RPG occidental, South Park compte davantage sur l'optimisation de son équipe que sur le leveling pour progresser. Déjà parce qu'il n'y a pas vraiment de quoi farmer (on peut un peu plus que dans le premier, mais ça ne rapporte pas grand-chose) mais aussi parce que le nombre de niveaux est limité : il est probable que la plupart d'entre vous termineront le jeu au niveau 12 en ayant fait le quasi-100 %. Il faut donc savoir que déjà, le jeu parodie le genre en éliminant la fameuse frustration de devoir choisir une unique classe en début de partie avec laquelle il faudra faire avec tout au long du jeu. Certes, ce sera le cas au début, mais vous pourrez ensuite être bi-classé, tri-classé et même quadri-classé, jusqu'à un moment bénéficier de l'accès à la totalité des styles sans restriction.
Donc votre talent au combat va être représenté par deux points. Tout d'abord vos classes car quel que soit votre nombre, vous ne pourrez choisir que trois types d'attaques (privilégiant force, attaque à élément ou soutien) ainsi qu'une furie. Les alliés, sélectionnables parmi un large choix, garderont les mêmes aptitudes mais leur puissance augmentera en même temps que la votre. Et cette puissance se situe directement dans votre ADN puisqu'à chaque niveau, vous pourrez rajouter un artefact dans votre fiche, chacun augmentant vos specs en plus d'ajouter des bonus pour vos attaques ou vos HP. Artefacts qui s'obtiennent un peu partout : coffre, récompense de quête et tout simplement le craft.
Et pour en terminer avec les combats, impossible de ne pas évoquer l'évolution apportée après le premier puisque si l'on garde la formule très Mario & Luigi avec des frappes/défenses en QTE pour engendrer des critiques, le terrain est cette fois quadrillé pour obtenir un petit coté tactique bienvenu tant le placement aura souvent son importance entre attaques de zone et le simple de fait de pouvoir par exemple frapper un ennemi qui sera repoussé contre un autre. Il y a donc du mieux, même si ça reste un peu mou et que seuls les boss proposeront du vrai challenge en plus de changer parfois les règles. Il vous sera conseillé de fait d'augmenter un peu la difficulté pour avoir un minimum de défi et de ne pas rouler sur le jeu sans voir un seul Game Over.
Mais alors pourquoi 8/10 quand on a claqué le 9 au premier épisode ? Tout simplement parce que L'Annale du Destin se montre un poil trop sage par rapport à la folie du Bâton de la Vérité. Si on ne tombe jamais dans le politiquement correct, et que le jeu garde des moments cultes dont l'avant-dernière partie totalement WTF, on en souhaitait tout de même un peu plus autant sur les thèmes que les situations, d'où une petite déception à ce niveau. Reste une aventure suffisamment prenante et qui a d'ailleurs le mérite d'offrir une bien meilleure durée de vie que le premier : on passe de 13 à 18-20h de jeu (dans l'optique du 100 % dans les deux cas), avec cette fois aucune quête ne pouvant être loupée par une erreur de game design, et même un boss caché en post-game.
Note 1 : Oui, on sait que les voix françaises sont mauvaises et même en tentant d'oublier les doubleurs d'origine, les nouveaux ne sont tout simplement pas dans le ton et semble plus réciter que véritablement jouer. Heureusement, il y a la VO.
Note 2 : Que des suprématistes blancs semblant débarquer du Texas profond cherche à nous bastonner si l'on fait le choix d'être black + juif + transsexuel, on va dire que c'est en adéquation avec l'univers (et malheureusement avec la réalité). Mais qu'ils nous font les mêmes reproches si on choisit d'être blanc + chrétien + hétéro « cisgenre », ça nous échappe un peu coté logique scénaristique.
+ L'univers South Park
+ L'exploration plus poussée
+ Le coté tactique
+ Le système de progression
+ Toujours très drôle
+ Quelques passages mémorables
+ Durée de vie rehaussée
- Le doublage FR
- Les temps de chargement
- Rythme moins soutenu
- Souvent moins couillu dans le scénario comme les situations de jeu
Conclusion : La Team San Francisco d'Ubisoft est parvenu à reprendre avec brio le flambeau d'Obsidian, se reposant évidemment sur les bases construites mais en y apportant sa touche coté gameplay avec une nette amélioration sur le système de combat et le travail sur l'exploration comme les annexes. Finalement, le principal défaut n'est ni imputable à l'éditeur ou aux développeurs mais bel et bien aux scénaristes (les mêmes que pour la série) qui se sont montrés plus sage que dans le premier épisode, mais pas trop non plus heureusement. Un peu décevant tout de même, mais reste qu'il s'agit du deuxième meilleur jeu South Park de tous les temps. Excusez du peu.
Nous vous offrons la possibilité de donner votre avis sur un jeu auquel vous vous êtes essayé. L'équipe des modérateurs se réserve le droit de supprimer votre avis s'il ne respecte pas les règles suivantes :
- Votre texte ne doit être ni trop court, ni trop long (minimum de 4 lignes et maximum de 20 lignes).
- Votre texte doit être compréhensible. Evitez donc les fautes d'orthographe et essayez d'être le plus clair possible. Les avis écrits en style SMS seront supprimés.
- Comme pour les forums, il est interdit de flooder, de porter des propos diffamatoires ou racistes, de mettre des liens vers des images ou sites érotiques ou pornographiques, et de mettre des liens en rapport avec le piratage informatique.