Pendant que Sniper Elite 4 est venu montrer qui était le patron, CI Games débarque tranquillement, nous tendant le jeu en se contentant de dire « Ben nous, on a ça... ». On regarde, on joue, et on se désole face à un résultat moyen alors qu'un minimum de potentiel était là.
Premier reproche : l'univers, son scénario, sa narration, ses personnages, etc. C'est une étape importante dans un avis car c'est ici qu'on peut reprocher directement des choix aux développeurs, et non à l'éditeur qui a financé le projet. Il y a donc ceux qui ont du talent pour narrer une belle histoire, et ceux qui ne l'ont pas. Mais même cette deuxième catégorie peut se scinder entre ceux qui en ont pleinement conscience et qui du coup esquive tranquillement cet aspect pour proposer un « cadre » plutôt qu'un scénario (Sniper Elite 4 peut justement être inclus dedans), et il y a donc la dernière tranche : ceux qui vont quand même tenter le coup en pensant bien faire. Et là, on parle de Sniper Ghost Warrior 3 avec son histoire digne d'un direct-to-dvd qui irait trouver son public dans les bacs de GiFi : deux frères, l'un se fait enlever par un groupuscule et est porté disparu depuis des années, vous poursuivez votre vie avec une once d'espoir mais l'obligation de continuer à faire votre boulot, et des années plus tard (durant une mission en Géorgie), un mystérieux combattant ennemi fait preuve d'un talent insoupçonné. L'homme se cache derrière un masque : mais qui cela peut-il être bon dieu ?
Des dialogues à l'humour raté, une mise en scène qui endort, des personnages bidons, des caricatures féminines toutes affublées d'un boule à faire sortir le chéquier de Brazzers… Bon, on a compris que ce n'est pas dans son univers qu'on ira chercher la qualité de notre intéressé, ni sur « l'âme » en général vu que le jeu manque cruellement de personnalité sur tous les aspects jusqu'au rendu graphique potable mais pas top. L'incarnation même du AA, voir du A tout court, ce type de jeu qui tente de vivre avec sa petite formule jusqu'à l'éclair de génie qui pourrait rameuter le public et l'argent afin de faire grandir la licence. Au moins, des efforts ont été fait pour rendre une copie correcte puisqu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, le titre est en 1.03, lui ayant permis de corriger une brouette de bugs même s'il en reste un paquet, comme des scripts qui ne s'activent pas toujours ou des commandes qui ne répondent soudainement plus. Rien qui ne peut être corrigé avec un simple reload au dernier checkpoint, avec un temps de chargement heureusement plus rapide que lorsqu'on lance une partie ou qu'on change de carte : de 3 à 5 minutes. Joli.
Car oui, on change de map et c'est peut-être ici l'aspect le plus intéressant de ce troisième épisode. Sniper Elite est par exemple passé des zones ouvertes du 3 au zones « très » ouvertes dans le 4. Sniper Ghost Warrior 3 effectue lui un bond encore plus énorme puisque, des missions Call of-ienne et linéaire du 2, on a carrément cette fois le monde totalement ouvert façon Ubisoft. Ou plutôt les mondes ouverts puisqu'il y a donc trois cartes : une forestière, l'autre montagneuse et une dernière près d'un grand barrage. Et quand on parle d'Ubisoft, ce n'est pas pour faire la comparaison facile puisque le titre est ni plus ni moins qu'un Far Cry avec un autre skin. Passé la mission d'introduction (d'une nullité qui nous a fait craindre le pire), on tombe donc dans les fondamentaux du genre : une grande carte, une bagnole pour aller plus vite, des points de téléportation à activer, des tonnes de trucs à ramasser pour vous faire du blé, des missions annexes, des « cibles à prime » et enfin une base où l'on reviendra souvent.
Dans cette dernière, on pourra pioncer pour régénérer sa vie qui ne remonte pas toute seule (et ouais), faire ses achats d'équipement dans une boîte magique (bonne personnalisation des armes quand même) et enfin sélectionner sa prochaine mission principale, qui nous emmènera tuer un homme en particulier, aller chercher un mec en particulier, aller activer un truc en particulier, protéger un mec en particulier, avec à chaque fois dans la zone dédiée une dizaine d'ennemis qui tournent en rond pour l'éternité en attendant de se manger une balle. C'est classique on le redit, mais ce n'est pas mauvais vu que le jeu a le mérite de nous laisser le choix d'approche entre bourrinage et le snipe (chaque style à son arbre de compétences), et l'on privilégiera évidemment le deuxième cas vu l'éternel fun procurer à aligner des mecs de très loin avec évidemment de la kill-cam assez cool mais moins que chez le concurrent direct. Notons que comme tous les jeux du genre, la balistique peut-être exploitée avec toute la facilité du monde, ou avec du challenge si vous retirez les aides.
L'IA n'a bien entendu rien de grandiose mais elle fait le travail, où l'on appréciera notamment sa capacité à pouvoir analyser d'où vient la balle qui a filé depuis 300m pour se planquer en conséquence et quand c'est possible bombarder votre zone avec du mortier. La manière de procéder est parfois illogique mais c'est toujours mieux que de voir des soldats courir en rond en chouinant. Voilà voilà… On va dire que ça se laisse jouer tranquillement mais ça risque d'être oublié rapidement. L'ennui est que la note est en rapport avec ce que le jeu propose à sa sortie, à savoir uniquement sa campagne solo. Conscient que le jeu aurait peut-être un peu de mal à percer (un prix plus bas aurait été une bonne idée mais bon), le jeu inclus directement le Season Pass (mais sur un code, donc attention) qui donnera accès à deux nouvelles grosses missions mais également le mode multi qui n'est pas disponible à la sortie. Il y aura peut-être une bonne surprise de ce coté, mais vu que nous ne sommes pas devin...
Les plus
Les moins
+ Une approche renouvelée
+ Le choix infiltration/bourrin
+ Pas désagréable finalement
+ Le Season Pass inclus
- Générique de bout en bout
- L'éternel problème du manque de budget alors qu'on garde le prix fort
- Encore de nombreux bugs
- Les temps de chargement
Conclusion : Là où Sniper Elite 4 a prix une nouvelle stature, Sniper Ghost Warrior 3 se détache définitivement pour miser la carte du grand public avec une Ubi-isation dans le style, pas désagréable sauf quand les bugs viennent entacher la progression, mais sans la moindre once d'originalité. Les développeurs auraient pu tenter le pari du mode coopération pour se démarquer, l'éditeur aurait pu essayer de vendre son produit pour moins cher au regard du budget : ce sera ni l'un ni l'autre. En somme, le genre de jeu qui se retrouvera à prix ultra soldés dans quelques mois, où il trouvera probablement son petit public.
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