Collé aux fesses par la team Vivendi, Ubisoft a depuis quelques temps fait le choix d'une nouvelle politique software, davantage portée vers les jeux sociaux/coop à long suivi, ce qui leur a d'ailleurs plutôt bien réussi pour le moment. Watch Dogs 2 fait lui parti du système relativement old-school, à savoir un jeu majoritairement solo, ce qui est une bonne chose, même s'il est dommage que les développeurs n'aient pas souhaité voir plus grand coté ambition (et idées).
2014 fut la première année d'existence pour la PlayStation 4 et la Xbox One, mais également la pire avec un planning désuet, permettant à chacun d'avoir sa chance face à un public qui crevait de faim, prêt à acheter tout et n'importe quoi. Parmi les piliers de cette période sombre, Watch Dogs n'eut aucun mal à trouver place en dépit d'une polémique massif, en faisant l'actuel symbole du « downgrade » et un début de crise chez l'éditeur dont Assassin's Creed Unity fut la gifle finale : il était temps de se sortir les doigts du fondement, et d'arrêter de prendre le public pour des jambons en leur montrant des versions tournant sur des PC imaginaires. Une bonne chose même s'il est du coup bien plus difficile de faire le hype avec du commun. Watch Dogs 2 était certes attendu au tournant, mais GTA V est toujours là et continue de rafler la mise auprès de la majorité des joueurs grâce à un remaster qui, ne le cachons pas, est finalement très proche en terme de rendu que notre intéressé pourtant purement « new » gen.
Le jeu est sympathique dans sa technique, mais ne brille pas hormis dans ses détails. Les PNJ sont par exemple très communs dans leur modélisation mais plutôt variés et fournis avec suffisamment de mimiques, qui d'ailleurs correspondent au contexte. On croise plus facilement des joggeurs du bon matin dans des parcs tandis que le soir, c'est la fiesta à étudiants dans les bons quartiers ou sur la plage. Pas besoin d'être dans une mission particulière pour voir qu'il y a un vrai travail sur le coté « vivant », offrant de fait un constat plus appréciable que pour le premier, auquel se rajoute le travail sur la ville et son architecture avec de nombreux recoins qui ont demandé de l'attention. A contrario, on est rarement ébloui sur les points esthétiques qui permettent à certains de fournir un petit effet wow quand il faut : la pluie est digne d'un petit crachin, et on manque cruellement de beaux panoramas, le genre qui nous bloque quelques secondes à admirer la vue. C'est donc correct mais sans génie, et c'est évidemment la version PS4 Pro qui s'en sort le mieux (malgré des chutes de frame-rate à corriger via patch), particulièrement pour son anti-aliasing. Un faux argument dans les faits : tout le monde sait qu'avec un peu d'huile de coude, le rendu « pro » était parfaitement faisable sur PS4 & One.
Donc Watch Dogs 2 nous emmène à San Francisco, nouveau cadre n'empêchant pas un peu de recyclage tiré des précédentes productions mais ce n'est pas un drame. Et c'est sur ces terres que l'on va découvrir le nouveau casting de cette suite qui a su jeter un froid dès l'annonce tant ce n'est pas fait pour plaire à tout le monde. Voyez donc la dream team : un black blagueur qui se bat avec un yoyo, une émo-gothique comme on en a déjà vu des milliers, un geek avec un masque qui lui fait une voix trafiquée et enfin un mec à capuche touché par le syndrome d'Asperger. Ah, puis plus tard, il y a un « plus vieux » qui fait office de doyen de base, sauf que lui, il a le même doubleur FR que Sully, Marcus et le Roi Régis de FFXV. Donc c'est un peu la classe. Mais franchement, on viendrait au début à regretter le pourtant générique Adam, et on dit bien au début car les choses s'améliorent un peu par la suite. A défaut d'avoir développé un passé pour cette équipe, les développeurs leur ont au moins offert un semblant de personnalité, permettant une pointe d'attachement, même si l'on aura davantage tendance à regarder du coté des autres membres du casting, entre la hackeuse lesbienne complètement folle, le transsexuel qui a un vrai rôle sans être un prétexte à clichés, et bien évidemment le PDG de Blume, aka le bad guy de cette suite qui ne vaut pas non plus celui de Far Cry 3 mais qui a « un truc » permettant de le différencier des classiques méchants qu'on bute à tour de bras.
Le rythme du jeu reste lui le même que la plupart des open-world du style GTA, avec des missions principales apparaissant sur la carte et devant être suivies dans un ordre linéaire (sauf vers la fin), mais également une brouette d'annexes que l'on débloquera en se baladant, une petit icône restant enregistrée sur la map si vous n'avez pas le temps de vous arrêter sur l'instant. On rajoutera à cela les classiques items à récupérer dans tous les sens (c'est un jeu Ubi) ainsi qu'un lot d'activités : courses diverses (drones, kart, moto…) et la possibilité de faire le taxi. Tout cela servira à chaque fois à débloquer des « followers », qui sont en fait un système d'expérience permettant de chopper des points de compétences pour se renforcer en possibilités de hacks, en maniement des armes et autres gadgets. On notera d'ailleurs que plusieurs du lot demanderont au préalable d'aller débloquer une clé d'accès sur la map, soit un prétexte à l'exploration, tout comme la quête des photos pour vraiment admirer le soucis du détail à certains endroits.
Bon point à signaler : contrairement au premier épisode, cette suite remplit sa promesse d'une plus grande liberté d'action. Car là où avant, tout était (souvent) cousu à l'avance avec des passages obligatoirement bourrins et d'autres basés sur le hack, cette fois, on a davantage le choix des armes grâce à un level-design bien plus travaillé. L'intégration d'un jumper et d'un drone renforce d'ailleurs cet aspect car si le second est idéal pour la reconnaissance (et le piratage à distance), le premier peut lui faire des actions manuelles et il arrivera même parfois que vous pourrez terminer une mission en laissant notre Marcus en dehors même du bâtiment, juste en guidant de loin ses petits jouets. Ce n'est pas non plus constant mais même à pieds, on reste suffisamment large dans l'approche et quand la linéarité est bien présente, c'est pour nous offrir des petits puzzles. Il est dommage en revanche que le jeu n'intègre pas d'incidence dans vos actions car s'il est bien possible d'avoir le choix entre « neutraliser » (= dodo) les ennemis ou les tuer, cela n'affectera en rien la suite du programme. Même pas une réprimande de la part de vos potes, rien.
Les missions principales comme secondaires ont le mérite d'être très variées dans leur contexte, et offrent quelques bons moments scénaristiques, dont beaucoup viennent d'ailleurs titiller la réalité : scandale avec des flics corrompus, ancienne gloire du cinéma qui souhaite sortir d'une secte, un certain éditeur de jeux vidéo nommé Ubisoft qui ne veut pas que son trailer soit leaké (si si, ils l'ont fait !) et bien entendu, on sent que le titre a été en chantier pendant la campagne présidentielle US avec une mission où l'on a aucun mal à se rendre compte que les développeurs sont anti-Trump, ou alors pro-Hillary… ou peut-être les deux. Passons (surtout que pour maintenant…). Et bien entendu, on n'échappera pas aux multiples références « geek » dans tous les sens, reprenant quelques grands memes du web, même si ça ne va jamais plus loin que les plus connues (genre les trollface).
On tiendrait presque le bout… si en fait ce n'était pas aussi répétitif. Le mot est lâché et malheureusement, les développeurs se sont un peu loupés sur le fond. C'est amusant mais il faut reconnaître que la quasi-totalité des missions reviennent à faire la même chose : infiltrer un bâtiment, quel que soit son style, voler ou détruire un truc, puis repartir. A part quelques variantes, le schéma restera constamment le même d'un bout à l'autre du jeu et si, bien entendu, le hack est la base même de la licence, cela n'empêche de pointer deux tares, avec dans le premier cas l'absence de renouvellement. Marcus, le jumper et le drone (et encore, ce dernier est facultatif), et voilà, vous avez dès le départ toute la composante du gameplay jusqu'au final, alors qu'il aurait été sage de proposer en avançant de nouvelles possibilités pour justement relancer de temps à autre la machine qui finit vite par tourner en rond : on arrive, on repère la clé d'unlock et les terminaux, on fait ce qu'on a à faire puis c'est la fuite.
Et l'autre problème, c'est l'IA. Alors on ne va pas relancer le débat sur l'IA dans un jeu d'infiltration car on sait tous que « trop réaliste », ce serait l'anti-fun par excellence mais il faut tout de même savoir équilibrer la chose. Dans Watch Dogs 2, l'ennui, c'est que la balance penche clairement entre votre défaveur : les ennemis ont des yeux de lynx pour vous repérer de très loin, sont capables d'alerter une zone entière dès qu'ils vous voient (même s'ils n'ont pas eu le temps d'ouvrir la bouche avant que vous les rétamiez au sol) et peuvent vous tuer en trois ou quatre rafales. Alors déjà, pour un titre qui propose le choix dans l'approche, ça réduit déjà fortement les possibilité du bourrinage, surtout quand t'as toujours 2-3 mecs qui appellent des renforts, mais même en infiltration, on est frustré de voir qu'un simple faux pas peut ruiner une session, sachant que le titre est très avare en checkpoint. Résultat, technique simple quand on est fatigué : on sort le drone, on choisit un mec éloigné, on active la compétence pour qu'ils soient la cible d'un gang adverse, ce dernier arrive, tous les ennemis de la zone file vers l'affrontement, vous débarquez en balançant 5 trucs explosifs au milieu de tout le monde et pouf, tranquille, vous faîtes votre mission les mains dans les poches. Qui nous en empêche de toute façon ?
On reste bien sûr dans un gameplay plus profond que du Assassin's Creed en matière d'infiltration (pas dur en même temps) mais pour autant, difficile de vendre le titre sur cet argument quand depuis un an, quatre monstres du genre ont tout ravagé sur leurs passages qualitativement parlant : MGS V, Hitman, Deus Ex MD et Dishonored 2. Watch Dogs 2 passe donc pour un petit joueur à coté mais si on le prend pour un GTA-like, cela reste l'un des meilleurs crus de ces derniers temps, bien meilleur que Mafia III par exemple (hormis pour l'ambiance et les musiques), et qui lui a le mérite de toujours proposer son petit multi, bien moins imposant qu'un GTA V mais offrant quelques rapides missions en coop ainsi que le hack d'autres joueurs, mais qui reste moins amusant que dans le premier. Certes, les possibilités sont plus nombreuses, mais elles le sont tellement que la technologie bride un peu le fun : fin des courses poursuites (vu qu'on peut contrôler la voiture d'un opposant) et un téléphone qui a tendance à repérer un peu trop facilement celui qui se cache. A corriger au plus vite.
Les plus
Les moins
+ Ville crédible et vivante
+ De jolies références
+ Davantage de possibilités
+ Level-design revu
+ Plein de choses annexes
- Multi moins fun
- Graphiquement sans éclat
- Pas fait pour les bourrins
- Missions principales peu variées
- Les temps de chargement
- Casting un poil meilleur, mais qui manque toujours de profondeur
Conclusion : Presque à prendre comme un reboot, Watch Dogs 2 est indéniablement meilleur que son prédécesseur sur la majorité des aspects. On accueille avec plaisir le nombre de possibilités rehaussés et des propos scénaristiques qui trouvent sans mal écho face au monde actuel, mais il reste difficile de pardonner aussi bien certaines choses qu'à une époque où chacun criait famine sur PS4 & One. Même si la licence tend vers le GTA-like, le style voulu reste l'infiltration et en la matière, les équipes d'Ubisoft devront faire des choix pour un éventuel troisième épisode : soit ils se retroussent les manches pour proposer autre chose qu'un simple délire de hack qui se répète en boucle, couplé à des mécaniques bien trop simplettes pour le style, soit il faut revoir le game design et en faire un vrai jeu d'action où le piratage ferait juste office de plus-value. Moins original, certes, mais peut-être plus attirant et fun pour tout le monde.
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