On le surnomme le « tueur » de World of Warcraft, même si les deux jeux n'ont strictement rien à voir, on ne peut que rester admiratif devant le travail effectué pour rendre Aion aussi bon que le MMO de Blizzard Entertainment.
Créant le buzz à chacune de ses apparitions,
Aion est le nouveau MMO d'Heroic Fantasy de
NCSoft. L'éditeur coréen, après s'être cassé les dents avec
Tabula Rasa en début d'année, tente de se racheter une conduite grâce à l'apport de fonctionnalités classiques qui ont fait la renommé de son plus redoutable concurrent,
World of Warcraft. La comparaison s'arrêtera là, car même si les deux jeux glissent sur un terrain que tous les joueurs connaissent déjà, ils n'ont strictement rien à voir de par un gameplay sensiblement différent et des graphismes beaucoup plus réaliste pour
Aion. Si son background n'est pas son point fort, le titre nous entrainera toutefois au sein d'une guerre fratricide entre Elyséens et Asmodiens. Ces deux races se livrent un combat sans merci après la séparation du monde d'Atréia. Au milieu de ces deux grandes zones (l'une ensoleillée, et l'autre très sombre) se trouvent les Abysses, mais nous y reviendrons un peu plus tard. Vous débutez le jeu en ne vous rappelant rien du tout de votre glorieux passé de soldat au service de l'humanité, et votre principale mission sera de rassembler vos souvenirs pour sauver de nouveau vos alliés dans une guerre sans merci et effectuer l'ascension.
Pour vous entrainer dans cette aventure somme toute classique, le jeu vous propose d'effectuer plusieurs sortes de quêtes. Les premières sont les plus basiques (en bleues), les habitants que vous croiserez vous donneront des choses à faire, comme aller tuer X monstres pour récupérer X potions. Mais à côté, un nouvel onglet s'affiche vous permettant de réaliser des quêtes « scénaristiques ». Ces dernières sont présentes pour faire évoluer votre personnage en fonction de son histoire et de celle du jeu. Elles sont visibles par une couleur différente et tape-à-l'œil : le jaune. Au fil de votre avancée, vous devrez valider ces missions cruciales pour avoir accès à vos ailes par exemple ou à d'autres fonctionnalités très importantes pour la suite. Les dix premiers niveaux sont d'ailleurs là pour vous faire recouvrir la mémoire et ainsi découvrir votre passé de combattant. En cours de route, vous gagnerez même le droit d'utiliser vos ailes dans certaines zones et durant un laps de temps qui augmentera selon votre niveau.
Aion se place donc à mi-chemin entre un MMO occidental avec des quêtes scénarisées et son leveling, et un MMO Coréen avec notamment sa jouabilité proche des F2P étrangers et ses quêtes de bashing de monstres à outrance.
Le bashing (ou grind) de créatures est un passage obligatoire dans tous les MMO, quelle que soit leur provenance. Il n'est jamais facile d'effectuer ce travail, mais vous devez forcément y passer. Mais les développeurs ont imaginé un système de farming dynamique et entrainant. Il ne lasse pas, même si vous prenez énormément de temps à chercher un objet. De plus, la courbe de leveling se veut longue, mais facile d'accès.
Aion n'est toutefois pas aussi accessible que
World of Warcraft, car si le gameplay reste quasiment le même (vous ne devriez pas être dépaysé) avec un choix d'interface classique, le jeu se révèle très hardcore une fois le tutorial des dix premiers niveaux passé. Inutile de foncer dans le tas, quelle que soit votre classe, vous devrez prendre votre temps avant de vous décider à attaquer un monstre. Rapidement même, vous devrez vous allier à vos amis pour tuer des élites, beaucoup plus fort que les autres. Le jeu repose sur cette jouabilité à la fois grand public, mais cette courbe de leveling qui touche les joueurs plus confirmés. Au final, c'est avec un grand plaisir que l'on avance de zone en zone afin de faire monter notre avatar.
Un bémol vient s'ajouter au tableau. On se rend assez vite compte que le titre est extrêmement linéaire dans son système d'évolution. Vous ne pourrez pas faire ce que vous voulez puisque les missions que vous aurez à accomplir vous dirigeront dans de nouvelles zones, vous faisant oublier complètement la précédente. Malgré l'immensité de certaines zones, on se retrouve très souvent à suivre un chemin prédéfini sans que l'on nous offre la possibilité d'explorer les environnements. Pire encore, les allers/retours seront parfois extrêmement présents, ce qui est dommageable dans le sens où vous n'avez pas de monture à proprement parler, procédé très redondant. Car les fameuses ailes qui ont fait la réputation d'Aion ne sont pas disponibles partout. De plus, elles sont utilisables quelques minutes tout au plus. Le sentiment de liberté qui émanait de cette fonctionnalité s'évacue aussi vite qu'une chasse d'eau à cause d'un système restrictif qui limite au maximum l'utilisation des ailes.
L'interface se révèle efficace dans le sens ou deux options s‘offrent à vous. D'abord une version classique avec barres de vie et de mana en haut à gauche et barre de pouvoir en bas de l'écran, et une version « Aion » au top du design. Soignées, vous aurez accès à de multiples options qui vous permettront de tout savoir sur votre personnage. Bien que les raccourcis clavier soient bien évidemment conseillés pour avoir accès à l'inventaire ou à la liste d'ami, vous pourrez toujours y avoir accès grâce à un menu déroulant. L'intégralité des sous-menus se trouve dans un déroulant qui n'est pas forcément très pratique. On aurait aimé avoir accès à la déconnexion, au journal de quêtes ou aux pouvoirs en un clique via une barre directement intégrée à l'interface, mais les macros sont là pour corriger ce défaut.
Différentes classes vous sont proposées, elles ne diffèrent pas selon la race que vous choisirez, mais vous pouvez débuter en tant que Guerrier, Éclaireur, Mage ou Prêtre. Une fois arrivé level 10, vous pouvez choisir une sous-classe. À l'image de
Tabula Rasa qui proposait de multiples sous-classes selon la direction que vous preniez, vous aurez par exemple le choix entre être Gladiateur ou Templier si vous êtes un guerrier. Ce qui change entre les deux, c'est que la première sera spécialisée dans la protection de ses alliés en prenant les coups des ennemis (à la place d'un soigneur par exemple) ou bien de n'être qu'un allié en contribuant à l'effort de guerre avec votre groupe. Deux choix radicalement différents qui ne pourront pas être modifiés une fois que vous aurez sauté dans le grand bain. Si vous avez choisis Gladiateur (ça tombe bien, moi aussi), vous pourrez avoir accès à des attaques brutales qui font énormément de dégât sans toutefois avec une « aggro » énorme. Votre façon de jouer sera alors sensiblement différente que si vous aviez préféré un Templier. Sachant que vos pouvoirs disposeront de combos que vous pourrez activer pour faire encore plus souffrir votre adversaire. Les multiples possibilités offertes par vos classes devraient plaire à plus d'un joueur.
Avant de parler des graphismes, véritable point fort d'Aion, passons en revue l'ensemble des fonctionnalités secondaires. À commencer par le PvP, car si le titre puise son énergie grâce à son côté PvE, les joueurs pourront se battre entre eux dans un procédé bien différent des concurrents. Entre les deux mondes désormais séparés se trouvent les Abysses. Vous ne les voyez que brièvement en début de parcours, mais elles offrent de nombreuses possibilités de gameplay. En effet, cette zone entraine le joueur dans du combat « PvPvE », en clair, il s'agit de vous battre contre des joueurs, mais également contre l'environnement. En plus du PvP dit « sauvage » où vous devez emprunter des portails pour vous rendre en territoire ennemi, vous aurez donc accès, dès le niveau 25, aux abysses qui contiennent des forteresses appartenant à l'une des trois factions en place (Elyséens, Asmodiens ou Balaurs - contrôlé par l'IA). Si vous choisissez d'attaquer une place fortifiée des Balaurs, vous devrez vous allier avec vos frères ennemis pour la prendre. Pour vous aider dans votre tâche forcément difficile, vous pourrez avoir accès à des bonus pour gagner en puissance ou vous emparer des armes de siège tout en combattant dans les airs. Donnant lieu à des combats épiques et dynamiques, ce lieu devrait assurer un bon accueil à
Aion du côté des hardcores gamers.
Autre réussite, l'artisanat. Point fort de son concurrent
World of Warcraft, il y avait bien longtemps que l'on n'avait pas vu un système de crafting aussi bien utile que bien fait. Vous aurez accès à tous les métiers dès le début, il est bien évidemment conseillé de se concentrer sur l'un d'eux pour mieux réussir la douloureuse et couteuse entreprise de devenir un véritable artisan à part entière. Pour monter en niveau, vous avez accès à une phase de collecte unique pour tous les ingrédients dont vous avez besoin, selon votre avancée, vous aurez plus ou moins de mal à les attraper. Car sur l'interface de collecte se trouvent deux barres, celle de la réussite, et celle de l'échec. Une fois que vous avez vos ingrédients, vous devez vous diriger dans votre capitale et choisir les objets que vous souhaitez créer, là encore, la part de réussite et d'échec est mis en avant : si vous ne réussissez pas, vous perdrez les ingrédients. Très injuste, ce système est pourtant étonnamment sympathique, car lorsque vous arriverez à créer un objet de qualité, vous serez fier de vous, tout simplement.
Pour terminer, un petit détour sur l'expérience graphique d'Aion. Elle se voit dès le départ avec la création de personnage assez évolué pour éviter les clones. Vous pouvez choisir la couleur des cheveux, des yeux, mais aussi le skin de votre coupe, mettre un peu plus de graisse sous le menton de votre avatar, choisir sa taille (gigantesque ou minuscule) et bien d'autres options. Mais pour les plus paresseux, des modèles préconstruits sont disponibles. Mais mieux encore, l'ambiance du jeu est tout bonnement somptueuse. On reste bouche-bée devant le travail effectué sur les environnements et les personnages. Les couleurs sont multiples, les effets spéciaux sont surprenants, à coup sûr il s'agit là du point fort d'Aion. On regrettera que les textures au sol notamment, soient aussi peu convaincantes, mais le reste est franchement bluffant. La direction prise pour rendre le titre encore plus réaliste permet de trancher dans le vif et d'éviter les erreurs du passé qui ont emporté les concurrents vers le bas.
Reste qu'en dépit de ses multiples qualités, Aion est très classique, et si vous êtes un joueur qui cherche quelque chose de nouveau, vous ne trouverez rien de tout cela ici. Mais ce que l'on peut dire, c'est que le résultat qui nous est livré est très bon et est surtout à la hauteur des attentes.