A l'instar de l'événement mondial autour de la PlayStation 2, la sortie de la première console de poche de Sony a fait couler des hectolitres d'encre, rêver des millions de personnes, et s'est soldée par une rupture de stock quasi-immédiate... Bien que les titres à même de faire vibrer des générations entières de joueurs ne soient pas encore sortis ! Nous avons compilé pour vous un récapitulatif des informations autour de la sortie japonaise que nous avons pu vivre en direct de Akihabara, mais nous ne nous arrêterons pas qu'à cette simple narration puisqu'en une semaine de temps nous avons largement décortiqué la dernière-née de Sony et nous nous apprêtons à répondre à l'essentiel de vos questions.
Le premier système de loisirs interactifs portable de
Sony Computer Entertainment... Voilà qui suffit à vendre le concept de la console avant même que les joueurs de la planète ne s'y essaient :
« On pourra jouer comme sur la PlayStation, mais le tout tiendra dans la main », nombreux sont ceux qui, déjà, ont entendu cette phrase sortir de la bouche des adolescents et des jeunes adultes informés. Et dire que
Sony, en plus de faire bénéficier sa portable d'une ascendance dorée, se prépare à communiquer massivement sur les fonctions multimédias (audio, vidéo et
Wi-fi) pour faire naître le
« Walkman du 21ème siècle »... la concurrence en tremble déjà !
Rien de surprenant donc à ce que, même en France, la sortie de la PlayStation Portable fasse l'objet de reportages dans les journaux télévisés des chaînes analogiques, et même de gros titres sur les chaînes numériques comme
LCI qui ont présenté la dernière née de l'ogre japonais comme l'objet tendance nécessaire à tout jeune homme et toute jeune femme qui se respecte, alors que la console portative de
Nintendo n'était que brièvement évoquée comme réservée aux joueurs qui en ont assez de la surenchère technologique et préfèrent s'amuser sur des titres simples d'accès et fun. En tout cas, après le lancement discret mais très réussi de la
Nintendo DS, le lancement en fanfare version strass et paillettes de la PSP laissait effectivement entrevoir une différence nette entre les méthodes de communication des deux acteurs majeurs du marché de la console portable.
Sortie à Tokyo le 12 décembre 2004
A la suite d'une communication très appuyée durant les trois semaines précédant la mise en rayons de l'objet tant convoité, notamment par le biais de bornes non jouables présentes dans la majorité des stations de métro de la ville et d'une PSP de huit mètres disposée en gare centrale, mais également via quelques spots télévisuels très sobres et une campagne de réservation dans les enseignes majeures de la capitale,
Sony a réussi à attirer à sa cause le grand public qui ne connaissait pas pour la plupart la console deux mois avant !
Notre correspondant, Thomas Joissains, s'était pour sa part levé très tôt afin d'être certain de se procurer la console de poche de
Sony dès sa sortie. Ouverture des magasins à 8h30, le millier de badauds qui attendait autour des enseignes majeures depuis la veille s'engouffre en premier dans les magasins chaudement réchauffés et bien achalandés... En apparence seulement puisque dans les faits nous avons pu constater que les échoppes n'avaient en général qu'un stock très réduit et que la revente suivait des consignes strictes : une console par acheteur et par magasin ! Et encore fallait-il penser à réserver sa PlayStation Portable auparavant. Un système assez déstabilisant puisqu'il faut attendre pour prendre son coupon de réservation, puis attendre de nouveau pour acquérir définitivement la console. Le but était sans doute de canaliser l'excitation des acheteurs, parmi lesquels nous avons constaté une proportion énorme (environ 20 %) d'étrangers, en provenance particulièrement de Corée et de Chine, qui écumaient toutes les échoppes de Tokyo afin de revendre plus chère la console par la suite, principalement sur Internet. Finalement, après deux heures d'attente, nous tenions ce dimanche 12 décembre notre PSP !
Des chiffres flatteurs et un engouement international énorme
Le 13 décembre, le quotidien économique nord-américain
Bloomberg dégaine le premier en dévoilant en exclusivité les premiers chiffres de l'institut de statistiques japonais
Media Create qui font état du plébiscite autour de la PlayStation Portable sur l'Archipel : 171 963 unités se sont écoulées lors de la journée de lancement, ce qui constitue un ratio impressionnant de 85 % des consoles qui étaient disponibles. Comme nous l'indiquions dans nos colonnes la veille, les dernières PSP disponibles se seront bel et bien vendues le lendemain de la sortie, en attendant un probable réassort avant Noël.
Mais là où la PSP a le plus marqué les esprits, c'est bien par sa popularité internationale : des millions d'internautes ont dialogué autour de cette sortie, se sont pris à rêver de commander la console en import, ont échangé leurs appréhensions, leurs désirs, et pour les plus chanceux leurs impressions. Ils se sont affolés à la moindre rumeur, notamment sur celle d'un problème soi-disant généralisé sur les PSP (pixels morts, gâchettes cassées, etc.) qui n'est en fait que très marginal, comme pour tout nouvel objet fabriqué en série d'ailleurs. Et, l'attrait des consommateurs du monde entier s'est illustré en chiffres par la côte de la console à l'international du fait de sa rareté actuelle : certains exemplaires se sont vendus à plus de 1500 € sur Ebay, du jamais vu pour une console portable ! En moins de 24 h, la sortie de la PSP a fait sortir de sa torpeur le microcosme des fans purs et durs de jeu vidéo et d'objets
high tech.
La PlayStation Portable passe sous notre scalpel
Quelques jours après l'achat d'une PSP par notre correspondant au Japon, la fameuse console de
Sony est parvenue à la rédaction de votre magazine préféré par coursier. L'effervescence autour du paquet était énorme, et tout le monde hésitait à l'ouvrir de peur de retrouver une console endommagée par le transport. Cependant il n'en fut rien, et le petit bijou est passé entre nos mains moites et tremblantes plus vite qu'on ne pourrait le penser. Bien sûr, parmi l'ensemble des jeux reçus,
Ridge Racers fut le premier que nous lancions avec la console pour faire connaissance : Kévin Crouvizier vous a déjà fait part de notre enthousiasme par rapport au titre de
Namco dans son test, et je ne crois pas qu'il soit nécessaire de préciser que pour une première approche, nous nous sommes tous retrouvés estomaqués par la claque technique que la portable de
Sony nous a infligée.
Consciencieusement, nous avons fait le tour du propriétaire, pour vous donner nos avis et nos précisions sur la console de poche nouvelle génération telle que l'a pensée la firme d'Okinawa. Il faut tout d'abord préciser que la PSP est disponible en deux versions : un pack qui contient simplement la console de jeu, et un
« value pack » qui contient pour 6 000 yen supplémentaires (environ 50 €) des accessoires vraiment indispensables à nos yeux : une carte 32 Mo Memory Stick Duo, des écouteurs dédiés, et une sacoche de transport.
Sony vend également des chargeurs (qui sont pourtant inclus dans les deux pack) et des batteries supplémentaires, tandis que des fabricants d'accessoires ont mis en vente des films plastifiés censés protéger l'écran des chocs et des traces de doigts, mais également d'autres sacoches très classes pour transporter le système multimédia de
Sony Computer Entertainment. Ajoutons à ce petit rapport que la PSP que nous avons reçue est totalement exempte des problèmes qui ont été signalés çà et là sur Internet, malgré une croix directionnelle semblant assez fragile.
L'autonomie de la console en question
Certains avançaient des chiffres volontairement irréalistes avant la sortie de la console : celle-ci aurait une autonomie de 30 minutes et son prix serait proche de 500 €. Maintenant que les
trolls font partie du passé, et que la console est disponible au Japon dans sa version de base pour 150 €, il est temps de faire le point précis sur l'autonomie de la machine (mesures faites avec une batterie à 100 % ) :
6h30 de jeu sur
Lumines avec les réglages par défaut
3h45 de jeu sur
Ridge Racers avec les réglages par défaut
2h30 de jeu sur
Ridge Racers avec la luminosité et le son à 90 %
2h de jeu sur
Ridge Racers en multijoueurs (
Wi-fi)
Une autonomie inférieure à celle de la
Nintendo DS, mais surtout de la GBA SP, qui n'est tout de même pas ridicule et qui s'explique par le recours régulier au lecteur UMD : ce qui explique pourquoi les jeux peu exigeants en polygones permettent une autonomie bien supérieure aux jeux exploitant nettement mieux la technologie de la PSP. Ce même lecteur UMD qui est aussi à l'origine des tout premiers temps de chargement sur consoles portables... Mais qui permet en échange d'arborer des cinématiques monstrueuses, une qualité sonore du tonnerre, et un rendu visuel haut de gamme... En plus de permettre la lecture des films au format UMD prévus pour l'année prochaine. Information importante : la batterie est amovible, vous pouvez donc prendre avec vous une seconde batterie pour les trajets les plus longs.
Un condensé de technologie et de classe
Ce qui frappe au premier abord, c'est sans contexte le magnifique écran
Sharp d'une résolution de 480x272 pixels en 16/9 qui éblouit la machine de sa beauté et de sa qualité d'affichage, mais aussi de sa luminosité époustouflante. Nous avons à ce propos remarqué quelque chose d'incroyable : les personnes regardant l'écran à sa droite ou à sa gauche parviennent à distinguer tout aussi bien l'affichage de l'écran, ou presque, que le joueur qui lui fait face, ce qui constitue un véritable gage de qualité ! La PSP brille de mille feux dans son élégante robe noire, et n'est pas aussi fragile qu'il y paraît. Son principal défaut de design est dû à sa qualité, sa beauté exemplaire : les traces de doigts apparaissent très aisément, c'est pourquoi nous vous conseillons d'acquérir un petit chiffon spécial pour la nettoyer régulièrement.
Un peu plus large que la NDS, la PSP est moins épaisse, mais aussi un peu plus lourde. Toutefois, le poids est réparti de façon harmonieuse et la console se prend merveilleusement en main. Les touches de l'ère PlayStation sont toutes de la partie (rond, carré, croix, triangle, les gâchettes supérieures, le start, le select) et en sus de la croix directionnelle, un « disque » semi analogique est présent et vous permet d'être plus précis que la croix qui ne propose que les directions de base : un très bon choix sur
Ridge Racers par exemple. Nouveauté de taille : la présence d'un curseur « hold » familier aux utilisateurs de lecteurs MP3 et de dictaphones numériques qui permet de désactiver les touches de la PSP.
La PlayStation Portable gère la technologie
Wi-Fi 802.11b qui permet de jouer à plusieurs sans fil, mais aussi de télécharger des nouveautés pour les titres disponibles (comme de nouveaux circuits pour
Wipeout Pure par exemple). La qualité sonore de la console est réellement remarquable, et celle-ci fait office de lecteur MP3 de qualité. Le port Memory Stick vous permet d'utiliser les cartes de sauvegarde éponyme (une de 32 Mo étant incluse dans le Value Pack) pour sauvegarder vos fichiers multimédias (MP3 ou MP4), le transfert des fichiers étant assuré par le port USB 2.0. En somme, une console splendide, aux possibilités multimédias étendues, et aux qualités sonores et visuelles irréprochables... Qui surpasse parfois la PS2, surtout en ce qui concerne l'
aliasing.
La PSP en détails
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Taille : 74 x 170 x 23 mm
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Poids : 280 g batterie incluse
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Processeur : condensé à 333 Mhz
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Mémoire : 32 Mo + 4 Mo DRAM
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Ecran : TFT LCD 480 x 272 pixels en 16 / 9 e (17 millions de couleurs)
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Compatibilité : IEEE 802.11b (Wi-Fi), Memory Stick Duo, USB 2.0, Infra-Rouge, IrDA, Disque UMD (1.8 Go)
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Batterie : Ion-Lithium sur secteur
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Sortie en Europe : Courant mars 2005
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Prix en Europe anticipé : Environ 249 € (informations non-officielles)
Line-up japonais :
12 décembre 2004 :
- Armored Core Formula Front (From Software)
- Everybody's Golf Portable (Sony)
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Lumines (Bandai)
- Mahjong Kakutou Club (Konami)
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Ridge Racers (Namco)
- Vampire Chronicle: The Chaos Tower (Capcom)
16 décembre 2004 :
- Shin Sangoku Musou (Koei)
- Kollon (CyberFront)
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Metal Gear Acid (Konami)
- Doko Demo Issyo (Sony)
- Kotoba no Puzzle Mojipittan Daijiten (Namco)
- Legend of Hero: Gagharv Trilogy (Bandai)
22 décembre 2004 :
- Mahjong Taikai (Koei)
- AI Series Shougi (Marvelous)
- AI Series Mahjong (Marvelous)
- AI Series GO (Marvelous)
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Puzzle Bobble Pocket (Taito)
24 décembre 2004 :
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Puyo Puyo Fever (Sega)
30 décembre 2004 :
- Piposaru Academia: Dossari! Sarugee Daizenshuu (Sony)
27 janvier 2005 :
- Rengoku: The Tower of Purgatory (Hudson)
17 février 2005 :
- Need For Speed Underground Rival (EA)
Statistiques des acheteurs interrogés au Japon :
- Le jeu le plus acheté dans le panel étudié était Minna No Golf Portable, suivi de
Ridge Racers.
- Environ 25 % des acheteurs en day one avaient déjà la DS.
- Les possesseurs de PSP voient dans le jeu leur premier motif d'achat de la console, avant les possibilités multimédias.
- Les vendeurs nous ont déclaré que les retours pour cause de consoles défectueuses étaient quasiment nuls (les consoles ne sont pas échangés pour un pixel mort).
La PlayStation Portable est sortie au Japon le 12 décembre 2004, et nous sommes désormais sûrs d'une chose : elle est sur le marché pour longtemps. D'une qualité de conception exceptionnelle, d'une prise en mains remarquable, et d'un potentiel énorme, la PSP est assurément née sous une bonne étoile. Son défaut majeur vient du fait que l'on se voit mal se balader en jouant avec la PSP, qui de par son format, son côté précieux, et sa relative fragilité ne se laisse pas facilement apprivoiser et mettre en poche. Non, Sony vient d'inventer la console de poche de salon. Le genre de console à laquelle on joue au bureau durant les pauses, dans le lit avant de se coucher, ou dans le train confortablement assis. Mais certainement pas en attendant le bus comme cela pouvait être le cas avec la GBA SP ou la Game Boy Pocket. Autre inconnue à ce problème : qui de la PSP ou de la DS parviendra à se tailler la part du lion ? Nintendo fait face pour la première fois à un challenger capable de le renverser.