En reprenant la franchise F1, Codemasters ne s'est pas contenté d'une simple simulation de course auto. Il va beaucoup, beaucoup plus loin !
Janvier 1998, Codemasters débarque dans le monde virtuel du rallye avec Colin McRae Rally sur PlayStation. Pour les spécialistes de sport auto, c'est la claque absolue. En effet, jamais un éditeur de jeux n'avait osé laisser le joueur seul en piste face au chrono. Colin McRae Rally trouve immédiatement son public et Codemasters devient un acteur majeur de l'industrie "jeu automobile". Cette philosophie ne résistera pas à la demande toujours plus croissante des jeux de course "faciles". Avec des titres comme Colin McRae DiRT ou Race Driver GRID, Codemasters délaisse lentement les passionnés de simulation pour contenter le grand public. C'est pourquoi lorsque nous avions appris que l'éditeur anglais serait le développeur de F1 2010, la question s'est posée : que vont-ils faire avec la F1 ?
Alors que la saison 2010 de Formule 1 a débuté depuis le 14 mars dernier, nulle trace d'un jeu HD. Et pourtant, quel fan ne se souvient pas de ses premiers émois sur F1, série historique et exclusive de la PlayStation ? La précision de son gameplay, la retranscription parfaite des circuits et véhicules, le souci du détail constant... Un véritable amour du genre qui s'était peu à peu émoussé au fil des épisodes, simples mises à jour des effectifs des écuries. Au final, la franchise Formula One, on l'avait un peu perdue de vue depuis 2007, la sortie de la PlayStation 3 et un moyen Championship Edition, portage HD de la version 2006 régnant sur PlayStation 2. Même Polyphony Digital (Gran Turimso) n'a pas su retranscrire les sensations que procure une Formule 1 sur la piste. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer le comportement de la Ferrari F1 2007 dans GT Prologue sur PlayStation 3. Exit Sony, Codemasters, grand pourvoyeur de séries de jeux de course, a donc repris la licence depuis mai 2008.
Une F1, c'est un ensemble mécanique et aérodynamique poussé à l'extrême. Mais le problème avec ce type de machine, c'est que ses réactions varient énormément suivant la vitesse, le tracé, la température de la piste, la pression des pneus... Il est donc très difficile de retranscrire tout cela dans un jeu, ne serait-ce que sur un tour ! En récupérant la licence pour 2010, Codemasters était en équilibre précaire entre deux tendances, qui doit satisfaire les exigences de deux publics aux attentes opposées. La solution ? Simple, autoriser les deux. D'un côté les fans de simulation peuvent à loisir se pencher sur la mécanique virtuelle de leur Formule 1, multiplier les tours de pistes pour régler leur caisse. De l'autre, les amateurs se sensations immédiates, de décharges d'adrénaline peuvent choisir dans une liste de monoplaces préparées à l'avance. Mieux, pour chaque tracé, l'ingénieur de course de votre écurie vous propose le véhicule le plus équilibré. Car quand vous êtes pilote dans la réalité, vous déléguez une partie des choix à votre équipe : elle est payé pour ça ! Et puis, la monoplace n'est pas un modèle qu'ils arrangent pour vous, elle est construite autour de vous ! Le choix se révèle donc d'autant plus logique que pour bien le comprendre vaut mieux commencer par la carte "Vis ma vie de pilote" pour le mode Carrière. Rien que ça. En effet, après chaque course, on participe par exemple à des interviews et conférences de presse, avec, côté joueur, plusieurs réponses possibles à chaque question posée. Un moyen par exemple de renvoyer la faute de son échec à son équipe de mécanos ou, au contraire, de saluer son travail ou celui de son écurie. La carrière du joueur est non seulement jaugée à l'aune des résultats (Est-il meilleur que son coéquipier ? Mérite-t-il de passer numéro 1 de l'équipe ?), mais aussi à ses réponses, son agent s'occupant de centraliser toutes ces informations, ainsi que les offres des autres écuries. Au joueur alors de prendre les bonnes décisions sur le bitume, de répondre intelligemment aux journalistes et de gérer au mieux les rivalités avec les autres coureurs, voire avec son coéquipier. Mieux, en présentant bien lors de ces exercices et sur circuit, il est possible d'attirer des investisseurs qui permettent à l'équipe d'ingénieurs de travailler à l'amélioration de la monoplace lors de la partie "recherche & développement" durant l'hiver, à moins que vous préfériez garder cet argent pour l'année suivante et partir avec le même véhicule.
Dans les faits, le jeu se traduit par un système astucieux. Dès le départ, lors de votre première carrière, vous décidez de faire trois, cinq ou sept saisons. Première étape : la conférence de presse. Ici, vous devez vous présenter et expliquer quelles sont vos motivations pour la saison à venir, ainsi qu'évaluer votre niveau. Plus vous déclarez être fort, plus l'équipe qui vous propose un volant sera faible, à l'inverse, que si vous pensez ne pas être au niveau, vous roulerez dans une équipe de milieu de grille. Sachez qu'il est impossible de changer d'équipe en cours de saison. De plus, à la fin de chaque séance (libre,qualif et course), vous devez encore répondre aux questions des journalistes, plus ou moins nombreux suivant vos performances, évidemment, si vous êtes dans le Top 3 lors d'une séance, c'est la conférence de presse FIA obligatoire ! Selon vos réponses, votre comportement sera analysé par le jeu pour savoir quel type de pilote vous êtes. Idem lors des différentes séances d'essais avec votre ingénieur. Avec lui, vous allez tenter de trouver le meilleur set-up et ainsi faire progresser l'équipe. Et étant donné que vous avez signé pour au moins trois saisons, vous êtes évalué en milieu de championnat pour savoir quel sera votre avenir. Votre attitude et vos performances lors de la première moitié de saison sont alors prises en compte. Si vous avez fait une bonne première demi-saison et que vous êtes régulièrement devant votre coéquipier, vous serez alors le leader de l'équipe. L'intérêt est que vous aurez votre mot à dire quant au développement de la voiture de l'année suivante, ou encore sur les évolutions à apporter à la voiture de la saison en cours grâce à un budget de R&D. Si vous souhaitez quitter l'écurie en fin de saison, et surtout si vous pensez que l'on va vous proposer une voiture plus compétitive l'année suivante, votre intérêt sera donc de faire évoluer la voiture actuelle. Mais si vous souhaitez rester dans l'équipe, vous pouvez décider de lancer le programme de l'année suivante et ainsi donner vos directives pour que la monoplace corresponde au mieux à votre style de pilotage. Là encore, tout n'est possible que si vos résultats sont bons. Pour vous aider à gérer tout ça, votre manager est à vos côtés pour vous proposer les différentes options. Dans le cas où vous vous imposez comme numéro 1 dans l'équipe, vous avez la priorité dans les stands et vous pouvez aussi imposer que votre coéquipier tente des "coups" avant vous. Bref, le mode carrière de ce F1 2010 est novateur car, en effet, la vie de pilote de F1 ne se résume pas à tourner un volant. Pour encore plus de réalisme, il est impossible de gagner une course la première année ou encore faire une pole position, sauf cas exceptionnel lors de courses sous la pluie par exemple, à condition de tenter une tactique agressive et risquée. Toujours en milieu de saison, vous devez tenter de battre l'un des trois pilotes qui vous précèdent au championnat, à vous de faire le bon choix, car votre carrière pourra connaître différentes issues selon votre deuxième moitié de saison. Véritable révolution, ce système vous impose donc de tenir compte de nombreux paramètres pour espérer faire une belle carrière en F1.
DiRT 2 avait tout pour impressionner par ses effets visuels marquants, sa gestion impeccable des particules... Il en n'est de même pour F1 2010 qui reprend le moteur propriétaire de l'éditeur, l'EGO Engine, y ajoutant une nouveauté de taille, spécialement intégrée pour l'occasion : la météo dynamique en temps réel. Avec la licence F1, il est possible de couper les tracés en plusieurs parties, ou plus simplement de proposer des circuits inversés. Aussi, un temps variable, changeant permet une rejouabilité plus prononcée. Ainsi, avant chaque course, il est possible de vérifier les prévisions et de préparer ses pneus et ses réglages en tenant compte du temps. Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est impressionnant : ciel qui s'obscurcit à chaque tour, flaques d'eau propices à l'aquaplaning, gouttelettes projetées par les roues, etc. On s'y croirait. D'autant plus que la conduite est alors plus dangereuse, avec une forte tendance à la déportation, et que le jeu gère l'évolution de la piste en temps réel, trente centimètres par trente centimètres. Au pire, le pilote qui n'a pas prévu ce changement de météo peut toujours s'arrêter au stand pour changer de pneus. Là, plus de Quick Time Event, comme précédemment dans les versions Sony, l'équipe motion capturée s'affaire naturellement devant nos yeux. Attention cependant à ne pas appuyer trop rapidement sur les gaz sous peine de blesser un de ses techniciens. Ce qui les rends alors logiquement moins efficaces... On peut aussi constater que le moteur physique est très bien intégré, avec des parties des carrosserie partant en miettes au moindre contact. Vous avez donc tout intérêt à éviter les poussettes, sous peine de sortie de route immédiate.
Le titre de Codemasters a aussi de quoi faire saliver tout public. Techniquement, l'héritage de GRID et DiRT 2 est plus qu'assumé, il est quasi-sublimé. Avec plus de vingt fusées en piste et une vitesse d'animation hypnotique à assurer, le fameux Ego Engine maison assure bien le travail. Impossible donc de rogner sur la qualité, plus que satisfaisante. Visuellement, les effets sont fantastiques, avec lorsque il pleut de véritables murs d'eau, et de très beaux rendus de déformation dus à la chaleur. Non scriptés, les caprices du climat changent à chaque course, à chaque saison : de quoi envisager une carrière remplie de hauts faits manette en main. Et que ceux qui craindraient une orientation arcade se rassurent ! Même si ce jeu propose une large panoplie d'aides et de didacticiels visant à ouvrir le jeu au maximum, les pilotes plus pointilleux ont la possibilité de corser l'affaire, et de jouer avec les règles les plus strictes. Pénalités, dégâts, arrêts aux stands et autres réglages pointus doivent pris en compte pour l'emporter, pour progresser et pour durer.
Pour reproduire les tracés de chaque circuit, les développeurs se sont d'abord servis de Google Earth (!) pour la forme générale, avant d'aller sur place photographier la piste, mètre par mètre, et réaliser des relevées. Au programme, ce sont donc les dix-neuf circuits officiels de la saison 2010 qui ont été modélisés dans les moindres détails. Si les classiques Silverstone, Monza et Monaco sont évidemment de la partie, on peut aussi brûler du caoutchouc, de nuit, sur ceux d'Abu Dabi et de Singapour, voire s'essayer au tout nouveau circuit coréen. De même, toutes les écuries licenciées pour 2010 sont incorporées, avec des coureurs comme Lewis Hamilton chez McLaren, Fernando Alonso chez Ferrari, Michael Schumacher chez Mercedes Grand Prix ou Jenson Button chez McLaren... Bref, le rêve de tout amateur de F1 devient réalité. Imaginer piloter la Ferrari F10, la MP4-25 de McLaren, la C29 de Sauber, la Renault R30, la Williams FW32, la Toro Rosso STR5, la Mercedes MGP W01, la VR-01 de Virgin Racing, la VJM-03 de Force India, la RB6 de Red Bull Racing ou la nouvelle T127 de Lotus ! De fait, toutes sont jouables, recréées à l'identique. Pour ce faire, l'équipe de développement a pu approcher les monoplaces, utiliser la télémétrie des tests des pilotes, voire être conseillée par les ingénieurs de course.
Grande nouveauté de F1 2010, la possibilité, dans le mode Carrière, de vivre toutes les sensations et émotions d'un pilote. Des conférences de presse aux rivalités entre membres d'une même écurie, les occasions sont nombreuses :
"Vis ma vie" : C'est ce que propose F1 2010, en vous plaçant dans des situations inhabituelles dans le genre course de F1 (conférence,etc.). Mieux, votre caravane, décorée aux couleurs de votre équipe du moment, abrite votre agent qui centralise les offres des autres écuries, ainsi que votre évolution dans le championnat du monde en termes de popularité.
"Rivalité(s)" : Que ce soit avec les pilotes des autres écuries ou votre coéquipier, il faut tout faire pour attirer les médias, à vous de répondre aux questions des journalistes ou, plus naturellement, de briller sur le bitume et d'atteindre le podium. Attention cependant à ne pas être trop rentre-dedans sous peine de voir votre équipe vous lâcher...
"Assistance" : Loin de vous laisser débrouiller tout seul, F1 2010 intègre un ingénieur de circuit qui vous conseille et prépare les monoplaces en tenant compte des conditions météo, des circuits et de votre conduite. Si bien que vous pouvez vous concentrer sur les courses elles-mêmes ou sur les nombreux autres aspects du jeu. Pour les pros, tous les réglages sont paramétrables à l'envi.
"Les écuries" : Pour renforcer l'aspect simulation, toutes les écuries de la saison 2010 sont de la partie dans F1 2010. Mais, il faut commencer par les moins prestigieuses et se faire remarquer avant de pouvoir espérer piloter aux côtés de Michael Schumacher chez Mercedes ou de Fernando Alonso chez Ferrari. De quoi donner envie d'en découdre sur l'asphalte !
Il faut savoir que tous les paramètres des pilotes sont dans la base de données du jeu. Vous devez donc être très vigilant sur le choix de départ, car rouler aux côtés de Michael Schumacher ou de Fernando Alonso n'est pas de tout repos. En effet, le jeu intègre l'ensemble des carrières des pilotes en activité. Il vaut donc mieux par exemple de prendre la place d'un Kubica plutôt que d'essayer de vous frotter au Polonais, plus rapide et expérimenté que son coéquipier Petrov (Rookie en 2010). Nous voilà donc au départ de la première course. Petit brief avec votre ingénieur pour adopter un setting de base, et c'est parti. Il faut d'abord faire monter les pneus et les freins en température, puis tenter de faire un chrono de base avant de renter aux stands pour regarder la télémétrie et la comparer avec celle de votre coéquipier. Evidemment, vous pouvez aller directement à la qualification ou même prendre le départ de la course, mais là encore, le jeu intègre vos "faits et gestes" et les analyse. En piste, la voiture répond bien même si chaque monoplace souffre de sous-virage. En effet, si les monoplaces se comportent correctement dans les virages moyens et rapides, elles sont très difficiles à contrôler dans les virages lents, comme à Monaco. Une F1 est un package aéro/dynamique, lorsque le voiture va moins vite, la charge aéro devient plus faible. En perdant ses appuis, la voiture perd de l'adhérence. C'est ce qui se passe dans les virages à faible vitesse.
Faire un jeu de course offline est une chose, le rendre intéressant online en est une autre, c'est pourquoi le studio a misé gros sur la partie multijoueur. Il y a des parties rapides dans lesquelles vous pouvez rejoindre directement d'autres joueurs (13 max), mais aussi des parties privées que vous pouvez paramétrer vous-même : météo, niveau de jeu... De ce fait, chaque joueur peut y trouver son compte. Reste le problème des pénalités, à savoir la question, mais comment éviter les mauvais comportements pas bien sur la piste. Vous êtes soumis à un régime des drapeaux, allant jusqu'au noir en cas de grosse faute. Ce système est en temps réel et pénalisera le joueur. Il y a aussi des drapeaux bleus qu'il faut respecter sous peine de vous voir exclu de la course. En revanche, le jeu ne pénalise pas un mauvais joueur en faisant ralentir la voiture. Ce jeu emploi un système où chaque participant a au-dessus de sa voiture toutes les pénalités infligées. Ainsi, tous les participants peuvent voir comment se comporte tel joueur online en temps réel. Vous avez aussi accès à toutes les statistiques du joueur : nombre d'accrochages, drapeaux noirs... Ce système limite le n'importe quoi sur la piste. Si vous êtes un bad boy, tout le monde le saura. Bien évidemment, si vous commettez une petite erreur de pilotage, celle-ci est signifiée au-dessus de votre voiture, mais sur un temps réduit.
Pour résumer tout ceci : ce titre n'est pas un jeu d'arcade. Le souhait du studio anglais était de ne pas faire un "DiRT" version monoplace. Même si toutes les options d'aides sont disponibles, vous pouvez, avec votre ingénieur, adapter les différentes settings suivant les pistes. Une météo évolutive est plus que présente, ainsi que les stratégies de course avant le départ. Une fois en piste, vous pouvez effectuer des changements en temps réel, et ce grâce aux informations de votre stand. Votre ingénieur vous informe de vos différents partiels, ainsi que des écarts avec vos principaux adversaires. Les différents temps au tour correspondent à la réalité. Les passages en courbes sont eux aussi conformes à ce que l'on trouve en F1. En ce qui concerne les positions de pilotage on notera que la caméra cockpit est parfaitement jouable. Enfin, les tracés se révèlent superbes, tout comme les effets de lumière. F1 2010 est donc plus qu'excellent, surtout compte tenu de son cahier des charges. Que les fans de F1 se rassurent, Codemasters nous à fait un jeu digne de la discipline reine du sport automobile.
Le bilan est donc plus que positif. Ce jeu innove vraiment et nous permet de vibrer comme jamais devant un jeu de F1. F1 2010 devrait ravir les passionnés de ce sport. Ce jeu est une réussite sur tous les plans. Bravo Codemasters pour le travail !