Je n’ai jamais pu jouer à
Just Cause 3. Ni à la sortie pour je ne sais plus quelle raison, ni après car n’en ayant pas le temps alors que le jeu squatte ma bibliothèque PS Plus depuis des plombes. Tant pis, ça arrive. Pour la culture, c’est toujours une mauvaise nouvelle mais pour la sortie d’un nouvel épisode, on peut néanmoins s’adresser à ceux qui se sont arrêtés au deuxième (ce qui était mon cas jusque là), voir qui débute carrément la franchise avec le concerné du jour. Parce qu’il faut aussi dire qu’il n’y a pas grand drame à prendre le train en cours devant un scénario tellement sans intérêt qu’il n’y a aucun adjectif pour le qualifier. Tout juste retiendra t-on une fois le jeu rangé que les personnages n’ont aucun charisme (même Rico, soyons sérieux), qu’il y a un mec dans l’introduction qui semble être un cousin des Bogdanov, et que y a un vieux qui a le même doubleur que Sully dans
Uncharted. Le reste ? Faut tout faire exploser.
Mais avant cela, on se doit de faire un bilan technique et quel sentiment autre que le dépit devant le résultat. C’est mieux que le troisième, encore heureux, mais ce n’est clairement pas à la hauteur des belles promesses, avec « nouveau moteur au top » qu’on nous disait. Les cinématiques accusent le coup, certains textures donnent envie de se foutre des lames de rasoir dans les yeux, le popping fait scintiller toutes les forêts et… bah on va dire que c’est majoritairement très banal. Et plein de bugs, partout ! Déjà des bugs de scripts à gogo, des commandent qui soudainement ne répondent plus (genre les fonctionnalités du grappin), des modèles de piaf qui restent figés en l’air… Le meilleur moment ? Dans le premier tiers lorsque je me rend à l’aéroport accompagné de la nana importante (me demandez pas le nom) pour sauver une autre femme, en vain, découvrant à l’arrivée son modèle 3D qui au lieu d’être bêtement allongé était planté au sol à 45° tel un bâton, mais en posture colonne vertébrale inversée. « Elle est morte ! » Ouais, j’veux bien l’croire là… Et sans trop comprendre pourquoi, en sortant, les avions sur le tarmac se sont tous mis à la verticale pour décoller simultanément comme des fusées. Soit.

Tout ça sur Xbox One X. Le « monstre ». Bon ça n’arrive pas non plus tout le temps mais ça arrive souvent et il est toujours très triste de constater que les premiers acheteurs sont toujours de belles victimes, non pas sur le prix (ce n’est pas un test de jeu
Bethesda), mais bien sur les correctifs car 5 jours après la sortie, voilà que Avalanche déboule pour annoncer une brouette de patchs pour corriger tout cela. Avant, ce n’était pas possible ? Un petit report non plus ? Bon. C’est juste navrant de constater encore et toujours ce genre de pratique mais au moins, on repartira avec un frame-rate un minimum à la hauteur, ce qui est toujours bon à valider quand on connaît les retours sur
Just Cause 3.
Concernant le jeu, c’est la même came que pour le 2, donc j’imagine aussi le 3. Une immense carte, cette fois découpée en territoires distincts pour apporter un poil de variété dans les décors à défaut d’intérêt dans la densité. Je ne ferais pas partie de ceux qui reprocheront le manque de vie (pas non plus la chose la plus réclamée pour ce genre de licences) mais disons qu’entre deux recoins d’importance, c’est à dire une ville ou un complexe industriel, il n’y a pour ainsi dire « Rien ». Pas de secret, pas d’intérêt à s’y attarder, pas vraiment d’ambiance… La map est un ensemble de points avec du vide au milieu, ce qui est finalement commun dans la série, mais pousse à abuser de la fonction téléportation voir d’utilisation d’hélicoptère pour aller plus vite. Ce n’est pas dramatique, mais disons que pour faire ça, pourquoi ne pas avoir fait une map plus petite mais plus dense au final ?

Mais on va s’attarder maintenant sur les points forts car il y en a, à commencer bien sûr par le fun qui se dégage de nombreuses séquences. Dans
Just Cause, on aime faire exploser des choses et le quatrième nous le rend bien. Cet épisode n’est jamais meilleur que lors des phases où l’on se retrouve avec un lance-roquette, un char ou un hélicoptère de combat pour laisser le joueur rendre tout hommage possible à Michael Bay, encore plus quand les conditions météos (grande nouveauté ici) offrent un véritable trip visuel, que ce soit par les tornades, l’orage intensif et même un délire tempête de sable façon
Mad Max. Et plus on avance, plus le jeu nous met à disposition les atouts pour s’éclater grâce à la fonctionnalité permettant de se faire livrer tout ce qu’on veut « gratos et quand on le souhaite », que ce soit armes ou véhicules, juste qu’il faut débloquer tout cela en allant. Dommage quand même qu’au niveau sound-design, si les armes à explosion et les mitrailleuses lourdes font de l’effet, il faudra se contenter de bruits de mouche pour le reste, même le pompe. Comme si toutes étaient équipées d’un silencieux.
L’autre point à retenir de
Just Cause 4, comme les précédents, c’est aussi le grappin qui reste l’atout le démarquant de la concurrence (au point de le regretter amèrement dans plusieurs autres jeux du genre), ne se contentant pas d’avoir utilité dans les déplacements puisque disposant maintenant de fonctionnalités neuves. Par un menu raccourci, l’objet dispose maintenant de trois fonctionnalités supplémentaires : l’une permet d’attirer deux objets entre eux, l’autre d’y dresser des ballons flottants et la dernière d’y actionner une sorte de boost-fusée. Mais le plus important, c’est que, sous réserve de se taper plein de trucs annexes, vous pourrez maintenant customiser tout cela : la hauteur et la résistance des ballons (et une fonction pour les guider au regard), les explosions quand deux objets attirés se touchent, la vitesse de traction…

Et bien entendu, le but de tout cela, c’est de laisser le joueur s’éclater comme il le souhaite en usant du moteur physique parfois très chelou mais néanmoins rigolo. Et pas seulement pour faire des micro-vidéos WTF à partager sur Twitter et autres mais bien pour mener vos missions de manière totalement libre. Vous devez détruire des trucs dans une base ennemie ? Attachez vos ennemis à un énorme cylindre puis envoyez le exploser dans les airs. Reliez deux hélicoptères ennemis entre eux et admirez le résultat. Lancez vos fusées-boost sur un camion plein de soldats qui arrive et regardez le partir ridiculement dans tous les sens. Vous pouvez même débarquer au milieu de la base sur un tank porté par de gros ballons… Plus que jamais,
Just Cause 4 est ce que l’on pourrait appeler un jeu dédié à faire de petites vidéos à partager tellement certaines situations sont absurdes (surtout au regard de l’ambiance qui se veut pseudo-sérieuse), et on en pardonnerait presque certains bugs qui en deviennent soudainement drôles.
Des arguments qui n’en font pas forcément le jeu du siècle mais c’est déjà pas mal. Car en matière de jeu d’action à monde ouvert,
Just Cause 4 n’a pas les prétentions ni le budget d’un
Rockstar, n’a même pas le sérieux d’un Mafia (quel que soit les avis sur le troisième) et encore moins les dispositions multi/social de plusieurs productions
Ubisoft. Ce qu’il a pour lui, c’est le fun, son grappin et ses explosions, mais
Avalanche ne l’a malheureusement pas entendu de cette oreille, comme si le studio avait honte de sortir un jeu en 2018 qui repose sur ces seuls arguments.
Le grand drame, c’est que les développeurs n’ont visiblement pas le talent pour faire autre chose et se sont pourtant forcés à diluer la formule que l’on aime avec des choses qui nous passent par au-dessus. Vous aimiez le coté sans prise de tête de
Just Cause 2 à tout exploser dans une base pour remplir une barre de 100 % ? C’est terminé. La plupart des annexes se résument à des missions bidons (certaines un peu moins que d’autres) et des défis ultra random qu’on met plus de temps à atteindre qu’à accomplir, qui n’exploite jamais ou trop rarement les points forts de la série puisque demandant juste de traverser 3-4 anneaux en wingsuit ou foncer dans un anneau à x km/h.
Donc comment se résume en fait
Just Cause 4 ? Une map trop grande où s’affiche quelques missions principales mais demandant à chaque fois de débloquer la zone associée, donc réclamant de débouter l’ennemi de sa base de manière redondante. « Oh, la porte ne peut pas s’ouvrir, va d’abord exploser ces quatre trucs. » « Oh, je dois pirater la porte, reste à coté 3 minutes en repoussant les assauts ennemis. » Pas de révolution, mais la nervosité y est parfois pour les raisons évoquées plus haut, moins quand le jeu s’entête à nous offrir des passages dans les sous-terrains qui sont très ennuyeux, et encore une fois loin de l’essence
Just Cause. Les missions principales sont heureusement plus dans la veine de ce que l’on doit attendre, mais il faut donc parfois cravacher un moment avant d’arriver dans des étapes d’importance qui font transparaître l’intérêt de la série, mais regretter que
Avalanche ne se soit pas uniquement consacré à cela.
Une fois que j'aurais fini le jeu je serais à jour niveau jeux et ce sera la petite pause jusqu'à fin janvier.