Pour ceux qui ne le sauraient pas encore,
Platinum Games est un nouveau studio de création et de développement de jeu vidéo apparu en 2008. Afin de se faire connaitre ils ont directement annoncé la couleur en dévoilant trois de leurs projets sur toutes les plates formes : Infinity Space sur
Nintendo DS, l'ultra violent
Mad World disponible sur Wii et maintenant l'exubérant
Bayonetta sur consoles de haute définition. Nouveau studio peut être, mais pas novice dans le jeu vidéo avec ses fondateurs et membres d'équipage puisque on y retrouve de nombreuses têtes pensantes de la grande époque de
Capcom d'il y a quelques années et une bonne partie de l'équipe de
Clover Studios. Dans ce très bon casting on y retrouve Shinji Mikami le père de
Resident Evil, Atsushi Inaba talentueux programmeur qui à travaillé notamment sur R-Type ou Samuraï Showdown ou, en tant que producteur, sur la série
Viewtiful Joe. Le dernier gros du trio est Hideki Kamiya, le réalisateur du tout premier
Devil May Cry qu'on retrouve ici à la tête de ce nouveau projet ici présenté.
Très clairement d'après les images, vidéos et démo du jeu,
Bayonetta se défini comme étant un beat'em all directement inspiré de
Devil May Cry et peut être tout particulièrement du quatrième épisode de cette dernière série. C'est la première impression qui est ressortie lorsque j'ai pu jouer au jeu la première fois. Mais aujourd'hui, en l'ayant parcouru de long en large, on y trouve bien quelques similitudes sur le bestiaire mais ça s'arrête à ce point. Le jeu est totalement barré, déjanté et offre un surplus d'action incessante qui en devient limite indécent ! Attendez-vous à voir votre rétine exploser devant la réalisation typiquement japonaise de ce genre de jeu qui ne cesse de faire briller les pixels. Alors bien sûr, il faut accrocher au style graphique très particulier qui puise son inspiration dans une architecture européenne médiévale couplée à la folie de l'imagination parfois assez tordue des développeurs. Si ce style vous a rebuté en images ou lors de la démo, sachez que ça continue de plus belle dans cette même direction tout au long de l'aventure. Un monde déchiré entre l'obscurité des ténèbres et la lumière, et qui propose une palette de couleurs très variées et loin des souvenirs sombres de la première trilogie de
Devil May Cry.
Vous allez incarner tout au long de l'aventure
Bayonetta, une sorcière amnésique qui à été réveillé au milieu d'un lac après une petite sieste de 500 ans. Magnifiquement sculptés, son corps est revêtit non pas d'une combinaison en cuir, mais de ses propres cheveux, qui vous permettront de lancer de terribles invocations sous forme de machines de torture ou fatalités démoniaques. Autour de vous pour vous aider, vous allez rencontrer toute une bande de personnages au charisme particulier, allant du bouffon de service avec Enzo au vendeur d'armes et d'objets (Rodin) en passant par l'acolyte de service mais que l'on aime bien (Luka). Chaque personnage rencontré a son propre style bien à lui, de son accoutrement, son caractère ou sa façon de faire. Qu'ils soient amis ou ennemis, humains, anges ou démons, un travail tout particulier leurs a été apporté afin qu'ils soient tous charismatique à leur manière, même s'ils ont un rôle minime dans l'aventure.
Lors des premières minutes de jeu, le titre de
Platinum Games nous envoie dans un florilège de grand n'importe quoi et en quelques instants renvoie
Ninja Blade au rang de débutant dans le domaine des scènes d'action surréalistes et parfois très kitchs. Ce n'est pas un reproche, bien au contraire puisque c'est justement ça que l'on recherche dans ce type de jeu. Mais cela va à un tel point qu'on serait en droit de penser qu'il s'agirait finalement juste d'un beat'em all sans profondeur au gameplay facile pour être fun mais sans fond. Il faudra attendre la fin de la première moitié du jeu pour se rendre compte que le titre de
Platinum Games a un univers solide et travaillé. Les faits n'ont pas été laissés au hasard et on trouve sur l'ensemble de l'aventure, qui se résume à une quinzaine d'heure en mode normal, un condensé d'histoire suffisamment bien développé pour ne pas être ni trop court ni trop long. Ce que certaines séries nous ont fait vivre dans une trilogie, et parfois même plus,
Bayonetta nous le fait vivre de manière paradoxalement subtile en quelques heures.
La bande son n'est pas en reste et fait parti intégrante de l'action omniprésente. Eclectique, elle alterne entres compositions épiques, mystérieuses, discos et jazzy. Le tout parfois mélangé pour donner un cocktail au goût surprenant mais tout à fait plaisant, ce qui nous donne un univers si spécial que même s'il fait parfois référence à d'autres œuvres, il paraît unique.
Bayonetta est une sorcière qui à le rythme dans la peau et n'hésitera pas danser dès que l'occasion se présente, nous gratifiant de sublime chorégraphie. C'est saisissant de réalisme et la reproduction des gestes et des pas de danse sont juste ahurissants, au point que l'on ne cesse d'être admiratif du travail apporté du début à la fin de l'aventure. Le gameplay et la prise en mains facile et rapide se joue bien évidemment du rythme musical tout aussi effréné que l'action présente durant le jeu. Les combos s'enchainent donc et les armes de poings comme les armes à feu (utilisable avec les mains ou les talons) ne connaîtront que très peu de répits Une multitude d'enchainements est possible, le tout en utilisant uniquement deux boutons, et parfois les sticks pour quelques variantes. Le titre regorge d'une multitude de technique à en faire pâlir bon nombre de jeu de baston, à la manipulation parfois complexe. Dire que
Bayonetta est à la portée de tous est une vérité vérifiée avec quatre modes de difficulté pour commencer (débutant, facile, normal et difficile) pour que même les novices y prennent du plaisir et, grâce à la possibilité de changer la difficulté au début de chaque nouveau chapitre, de les initier pourquoi pas à devenir un véritable tueur du genre. Le titre offre une bonne rejouabilité grâce à la présence de nombreux bonus à débloquer mais aussi pour améliorer son score dans chaque niveau jusqu'à terminer le jeu en ayant un tableau de chasse entièrement recouvert de statuette platine. Un challenge qui plaira aux amateurs du genre.
Le nouveau titre de
Platinum Games est une réussite sur tous les points de vue mais nous nous tournerons finalement vers la version Xbox 360. En effet le jeu disponible sur Playstation 3 a été porté par une équipe de développement interne à
Sega et le résultat technique en est tout autre. Les trop nombreux ralentissements présents gâchent le plaisir de jeu et rompt la frénésie nerveuse que le titre veut vous proposer. Entre les deux versions, pour vivre l'expérience dans les meilleures conditions, le choix devra se porter sur la Xbox 360. Ce qui est bien dommage pour les possesseurs de Playstation 3 qui ne pourront profiter pleinement du titre. Sur cette dernière le jeu n'en reste pas moins bon, mais ce défaut bien visible agacera les plus exigeants d'entre vous.
Fun, explosif, nerveux et éclectique : voilà les adjectifs qui qualifie au mieux la dernière œuvre de Platinum Games, qui ne manquera pas d'être un des meilleurs dans un genre malgré une forte concurrence de début d'année avec Darksiders, Dante's Inferno et God of War III. Mais gageons que le style japonais permettra à ce titre d'être vu à terme comme une création excentrique en marge des titres occidentaux. Malgré l'envie pour beaucoup de laisser Bayonetta comme un one-shot afin d'augmenter son statut de jeu culte, on reste curieux de voir ce que pourrait nous offrir les développeurs dans une suite.