Cinquième épisode de la saga, ou pas, Silent Hill : Homecoming marque enfin l'arrivée de la série sur consoles de nouvelle génération (plus si nouvelle d'ailleurs). Un premier pas réussi ?
Silent Hill premier du nom, c'était le meilleur moyen de s'assurer qu'un jeu pouvait faire peur autrement qu'en faisant traverser des chiens à travers des vitres. Sa suite est à mettre encore aujourd'hui parmi les véritables pièces d'arts du monde vidéoludique. Puis vint
Silent Hill 3 et son manque d'ambition, le quatrième et ses nombreux défauts, puis enfin le fameux Origins sur PSP (plus tard porté sur PS2) qui, malgré ses qualités, avait un bon point commun avec, ironie du sort,
Resident Evil 0 : celui qu'il était grand temps d'opérer à une nouvelle recette. Voici donc
Silent Hill : Homecoming, cinquième épisode ou non (
Konami peut très bien avouer plus tard qu'il ne s'agissait là que d'un spin-off), dont le principal changement est d'avoir été conçu par des américains. Voyons ça…
Il faut sauver Elle !
Silent Hill : Homecoming change une nouvelle fois de protagoniste principal avec cette fois un homme nommé Alex, ancien soldat élevé par une famille inhabituel comprenant une mère légèrement désaxée, un père Shérif loin d'être rassurant et le petit Josh avec l'habituel air inquiétant que les développeurs donnent aux gamins de la série. Bref, après la fin de la guerre où Alex s'est retrouvé provisoirement enfermé dans un hôpital digne de la fin de Jaccob's Ladder, Alex revient à la ville de son enfance qui n'est d'ailleurs pas Silent Hill. Mais pas d'inquiétude, la ville maîtresse saura donner des nouvelles d'elle plus rapidement que vous ne le pensez. Un scénario qui démarre sous les meilleurs auspices mais qui ne décollera finalement que dans la dernière heure de jeu, le reste faisant surtout office de remplissage (sur un peu moins d'une dizaine d'heures, c'est ce qui s'appelle « meubler sévèrement »). On est donc très loin du génie de
Silent Hill 2 et il faudra probablement attendre longtemps avant de retrouver un scénario aussi torturé.
Attaquons maintenant ce qui se trouve être probablement LE point qui fâche : l'ambiance générale. Certes, le titre propose toujours un aspect crade, des effets qui font parfois sursautés et d'autres bien mis en scène comme la plongée dans l'univers version « enfer » directement reprise du film de Gans. Mais le tout ne surprend que trop peu. Le génie de l'époque ne se retrouve aucunement et la terreur psychologique laisse sa place à une horreur classique, comme la fameuse scène du docteur et de la poupée changée en monstre arracheur de tête. Peu de jeux de caméra, pas de grosse surprise, mais aussi et surtout des personnages complètement creux au regard du passé. Le pire restant le traitement graphique qui leur a été réservé avec une modélisation parfois digne d'un titre PlayStation 2, un scandale pur et simple lorsqu'on repense à la claque que nous ont offert les visages du troisième et quatrième épisode.
Le streum qui voulait servir à quelque chose
Si la jouabilité n'a pas beaucoup évolué dans la prise en main, elle se trouve maintenant bien plus branché action. Les énigmes sont bien entendu toujours présentes, mais rares seront celles qui demanderont autant de jugeotes que par le passé. Seuls les allers-retours et le fait de devoir se souvenir de « l'endroit où se trouve la porte pouvant maintenant être ouverte avec mon nouvel objet » pourra en bloquer certains. Non, à l'instar du troisième opus et surtout de Origins,
Silent Hill : Homecoming fera la part-belle à l'action mais non pas en privilégiant un surplus d'armes à feu mais en augmentant simplement le nombre de combats obligatoires. Oubliez donc les combats à distance. Notre personnage peut sans mal porter un couteau, une hache énorme, un tuyau de plomb, un gun de qualité, un fusil d'assaut et un fusil de chasse, mais il se plaindra dès le moment où on dépasse la dizaine de balles de rechanges dans sa poche. Aberrant, mais de quoi nous motiver à économiser nos munitions. En revanche, les armes de combats rapprochés ne se briseront pas, et il faudra les privilégier à condition de maîtriser l'élément de gameplay le plus important du jeu : l'esquive. Sans une bonne maîtrise du timing, impossible de progresser tant certains ennemis sont coriaces.
Jouer à
Silent Hill : Homecoming, c'est faire face à une certaine déception des premières heures. Trop classique, et avec un certain manque de personnalité, le titre se révèle au final plutôt bon, peut être même meilleur à l'heure actuelle que les trois derniers épisodes (3, 4 et Origins). Donnant une réelle impression de survie en mode difficile et offrant quelques nouveautés bienvenues comme des choix à effectuer scénaristiquement parlant (et ouvrant l'accès à une des quatre fins possibles), des passages en coopération (IA uniquement hein !), du gore à gogo et surtout une poignée de PNJ aussi humain que Cybil du premier Silent Hill, cette cinquième plongée en enfer s'est tout simplement américanisée, mais pas forcément dans le mauvais sens du terme. Maintenant, il est vrai qu'on en attend encore un peu plus pour voir enfin la série revenir sur le devant de la scène. Peut être pour le prochain opus qui, on l'espère, justifiera l'apparition ici de Pyramid Head, ennemi certes charismatique mais qui sert uniquement pour deux cinématiques. Un peu comme le film en fait…
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