On l'a attendu si longtemps au point de croire qu'il n'arriverait jamais mais le voilà enfin entre nos mains. Reste à voir si les quelques années de développement ont payé.
Au commencement, il n'y avait rien. Et puis la lumière fut : lors de l'E3 2004,
Sony Computer Entertainment fait sa grosse présentation de la PSP en mettant rapidement en avant ce qui semble être le remake/portage de
Gran Turismo 4. La sortie était prévue pour le printemps 2005, soit quelques mois après le lancement de la machine, mais les choses ne se sont pas vraiment passé comme tel. Changement de nom, retard sur retard, disparition de l'actualité, retour… Un développement chaotique qui a permis au jeu d'obtenir le titre d'arlésienne mais les choses ont fini par s'arranger au dernier E3 2009 où on savait enfin à quoi on devait avoir à faire :
Gran Turismo (tout simplement), un titre qui devait se placer comme la référence du genre sur PSP. Il l'est de toute manière par défaut vu l'absence de concurrence, mais qu'en est-il de l'intérêt général ?
S'il y a bien un point sur lequel
Gran Turismo a surpris le plus grand monde lors de son annonce, c'est au niveau technique. Difficile de ne pas lâcher à ce moment un truc du genre
« Mais c'est pas possible, c'est une PS2 portable ce truc ? ». Si quatre ans plus tard, on n'est plus surpris par grand-chose au point de jouer les gros blasés, difficile de ne pas voir en le dernier
Polyphony Digital un bijou technique a classer dans les sommets de la console de Sony. Oh certes, on retrouve facilement les défauts habituels qui ont marqué la saga comme l'absence de météo, l'aliasing assez présent et surtout l'absence de dégâts. Mais hormis cela, on reste ébahi devant la modélisation générale qui nous fera reconnaître n'importe quel bolide au premier coup d'œil, pour peu qu'on soit fan de la discipline bien entendu. Et des bolides, il y en a un paquet puisque cette version portable contient pas moins de 800 véhicules, un nombre plus que conséquent même si 90% d'entre eux proviennent de
Gran Turismo 4.
Le mode défi (on va y revenir) nous permet de prendre rapidement en main le jeu. Pas de grande surprise de ce coté, on retrouve l'essence de la série avec une maniabilité aux petits oignons qui fera enfin plaisir aux fans de simulation, décidément bien délaissés sur les consoles portables. Ici, pas de triple nitro à base de burnout ni de takedown, tout se joue dans la fine balance entre accélération et freinage. En revanche, les non-habitués feront clairement face à un titre qui se veut avant tout exigeant de par sa précision et sa non tolérance sur les fautes. Un peu d'aide reste disponible évidemment, comme le marquage au sol pour suivre la meilleure trajectoire possible à adopter afin de dompter certaines courbes assassines. Autre détail qui rassurera « le grand public » : le tuning visuel est enfin présent, à petites doses certes, et se permet même de prendre le pas sur la mécanique. Une bonne nouvelle pour certains, une mauvaise pour d'autres.
Bref, maintenant qu'on s'est pris une baffe technique et qu'on maîtrise les bases de la conduite, on s'attelle à terminer ces quelques défis qui ressemble de loin aux permis des anciens épisodes. L'impatience n'a rien d'innocent : l'envie de connaître la teneur du mode carrière (le mode Gran Turismo en somme) est bien présente, et pour cause, les développeurs étant réputés pour travailler ce mode afin d'assurer une durée de vie juste énorme. Imaginez notre stupeur quand, le dernier défi terminé, nous assistons impuissants aux crédits de fin. What ? Hop, on reprend, on retourne vers le menu de départ pour voir si notre chère carrière ne s'y serait pas cachée… Et non ! Ah bah tiens,
Polyphony Digital aurait-il voulu bouleverser nos habitudes avec un mode inédit qui remplacera celui qu'on attendait ? Même pas. Si vous êtes du genre solo, vous n'aurez pour vous que vos courses simples et la possibilité de faire péter le score au Contre-la-Montre. Ah oui, il y a aussi un mode drift qui ne semble rien avoir à faire dans un
Gran Turismo mais qui pourra se laisser apprécier à condition de dompter le gameplay de ces phases.
Beaucoup de jeux rattrapent leur maigre solo pour un mode multi bien plus étoffé. Un constat que l'on retrouve oui et non dans cet adaptation PSP de
Gran Turismo. Oui, car la possibilité de jouer à quatre est toujours une bonne chose et le jeu saura nous tenir quelques soirées grâce à une poignée de modes qui mettent sans cesse le champion en position de faiblesse au fur et à mesure des courses, évitant ainsi de voir toujours la même personne au sommet du podium tout en donnant un minimum de challenge lorsqu'un habitué rencontre quelques amateurs. Un bon point. Le mauvais en revanche, c'est qu'il est scandaleux de voir qu'un titre first-party aussi important ne propose même pas de possibilité online, le multi-joueurs étant limité au local. Un défaut d'autant plus aberrant lorsqu‘on voit que même
MotorStorm : Arctic Edge proposait cette option.
Autant bourré de qualités que de défauts, Gran Turismo incarne inéluctablement l'une des plus grosses déceptions de cette année 2009, que ce soit pour l'attente de quatre longues années que par les espoirs placés dans cette licence. Ses allures de best-of (la plupart des circuits et voitures ont déjà été vus dans les précédents épisodes) ne choquent pas vraiment et ce n'est clairement pas un mauvais jeu, loin de là même. Mais oser omettre l'essentiel de la durée de vie de ce genre de titre, à savoir un mode online et un mode carrière, est tout simplement choquant et incompréhensible de la part de Sony. Et si on rajoute à cela une IA au comportement « train sur rail » et le nombre maximum de quatre bolides par course…