Peu attendu au point d'oublier son arrivée, Homefront : The Revolution est le coup classique de l'arlésienne qui aurait mieux fait de rester là où elle était.
Homefront : The Revolution, c'est l'histoire de trois erreurs. La première est celle de Koch Media qui ferait mieux depuis le temps de pousser les acquis offerts par ses achats judicieux avec des suites pour Metro et Saints Row plutôt que de s'attarder sur une licence se traînant le lourd fardeau du premier. La deuxième, c'est celle des joueurs qui pensent que derrière chaque grand développeur peut se cacher un futur grand jeu en oubliant que de l'eau a coulé sous les ponts et que le staff d'un temps n'est plus le même aujourd'hui. La team Rare qui nous pondait du culte comme Goldeneye a été divisée. Une partie des troupes qui ont fondé Free Radical a fourni du sympa avec TimeSplitters, mais a également été divisé avec les restructurations de 2008. Donc évitez de penser qu'il y a une légitimité à évoquer le passé lorsqu'on regarde ce qu'il reste chez Dambuster Studios. Enfin, la dernière erreur, c'est le studio lui-même qui a fait face à la même problématique qu'un paquet d'arlésiennes : continuer un jeu commencé il y a des années (et donc sur des bases datées) ou rebooter le chantier ? La seconde solution est généralement la bonne. La première mène à des cas comme celui qui nous concerne aujourd'hui.
Cette suite de Homefront part en tout cas sur un bon contexte, basé sur l'imaginaire où la Corée du Nord aurait grillé la priorité à Apple et autres plus grands de l'industrie pour afficher des prétentions alléchantes aux yeux du monde entier, boostant comme jamais l'économie de la dynastie communiste qui en profite pour se diversifier sur de nombreux secteurs à succès, dont la vente d'armes. Petit à petit, le pays prend son emprise sur le reste du monde jusqu'à imposer sa domination tyrannique sur les USA dont le peuple brûle à l'idée d'une révolution. Donc ce n'est pas mal, sauf que le synopsis est incroyablement mal exploité, laissant les joueurs en mode « osef » vu que devant les missions, le scénario et l'ambiance qui ressort de tout cela, on pourrait placer un background au pif que ça fonctionnerait aussi bien. Imaginez que le jeu se situe dans une France envahie par des polonais surpuissants et vous ne verrez aucune différence, à quelques drapeaux près.
La campagne, uniquement jouable en solo (et c'est dommage), se présente comme une bonne partie des productions Ubisoft, du moins de celle qui ont envahi la old-gen et le début de l'actuelle (le futur étant plus radieux). Un monde ouvert, une IA pourrie, des situations qui se répètent, un scénario laissé en retrait, des bases à capturer, des trucs à ramasser, et une petite augmentation en puissance à base de loot. Sauf que c'est bien plus mauvais qu'un titre Ubisoft, ne serait-ce que par l'univers encore une fois. Les productions de la cible actuelle de Bolloré gardent pour eux une certaine forme de renouvellement par rapport aux autres productions, entre Assassin's Creed qui nous fait voyager dans le temps ou Far Cry qui brille par ses panoramas. Homefront Revolution est dans son design l'un des jeux les plus génériques de ses dernières années, rappelant n'importe quel FPS lambda que la génération PS360 a craché par dizaines.
Car encore une fois, le jeu part sur de vieilles bases qui auraient pu être efficaces il y a quelques années, mais bien moins aujourd'hui après autant de retard. Et à chaque fois que le titre tente un petit quelque chose, c'est pour soit se foirer, soit décevoir parce que les développeurs n'ont pas été assez loin dans leurs intentions. Un seul véhicule par exemple, la moto, qui est une vaste blague à conduire et d'une inutilité quasi-totale. Le loot est présent, mais mal foutu car ne concernant que très peu d'éléments du décors. Les armes fournissent le minimum, mais manquent sérieusement de punch. Bonne idée tout de même de pouvoir faire évoluer son équipement, mais non seulement changer de cross ou de style (un sniper devenant un lance-grenades, c'est possible) prend trop de plombes, mais la majeure partie ne servira à rien, comme les mines ou les dispositifs d'activation à distance, vu que les grenades normales (quel que soit le type) sont amplement suffisantes, couplées à la rigueur aux versions voitures téléguidées qui sont obligatoires pour valider quelques objectifs secondaires.
Pour en revenir au coté « monde ouvert », sachez qu'il s'agit surtout de « zones ouvertes » car la ville est divisée en de multiples secteurs, tous séparés par un ou plusieurs temps de chargement dont la longueur nous rappelle les heures sombres de la PS1. Pire que le dernier Doom pour vous dire. Et là, nouvelle bonne idée avec un changement de ton selon le quartier, certains étant classés rouge pour le coté dangereux et majoritairement bourrins, quand les jaunes sont beaucoup plus urbains (et peuplés de civils) où l'on est poussé par l'infiltration et le besoin de checker constamment les annexes pour petit à petit lancer la révolte du peuple, transformant l'ambiance générale. Bonne chose. Sauf que là encore, ça coince vu que les objectifs restent principalement les mêmes et l'IA ne pousse pas à la jouer « OKLM » : un coup, elle ne voit rien même quand on est en face d'elle et la fois suivante, elle nous repère de coté alors qu'on est carrément derrière un mur. Et ne comptez pas vous la jouer 007 avec votre silencieux vu que votre gun est tellement moisi que les headshots fonctionnent une fois sur quatre et si c'est loupé, l'alarme se déclenche pour faire respawner des ennemis à l'infini jusqu'à ce que vous vous planquiez.
On est méchant mais c'est davantage cette impression de jouer à une vieillerie qui fait mal car la formule a fait ses preuves et cette suite aurait pu être un bon jeu sans un développement aussi calamiteux. A de rares exceptions près (lorsque c'est ultra scripté), aucune mission ne parvient à sortir du lot et à nous faire ressentir la tension que souhaite le contexte. On rentre dans des bases ennemies comme dans un moulin (le seule challenge venant que leurs tirs font très mal) et on se demande au final si votre personnage est vraiment un héros ou si c'est juste les autres qui sont trop glandus pour ne pas y parvenir tout seul. D'ailleurs, le mode « Resistance » est la preuve que l'expérience aurait pu être tout autre et satisfaire un plus grand nombre : certes basique et essentiellement consacré à des objectifs linéaires type survie, ce mode a le mérite d'apporter de la coopération à quatre, des classes et des compétences. En bref, tout ce qu'on aurait bien voulu retrouver dans la campagne.
Mais s'il y a un point qui détruit Homefront : The Revolution, c'est bien l'aspect purement technique. Notez bien que l'on a encore jamais vu une telle hécatombe sur cette génération de consoles au point que même Ubisoft se serait tordu de rire s'il était sorti en même temps que Assassin's Creed Unity, désormais ex-leader dans les couacs techniques. C'est bien simple, on a tout eu : personnages qui passent à travers le décors, objets étrangement invisibles qui font voler des éléments, bugs de quêtes qui nous ont empêché de capturer toutes les bases annexes, dialogues qui virent soudainement à l'anglais, reboot au dashboard, animation d'un autre âge, frame-rate en carton, héros coincé dans le décors ou dont la vue est bloqué en l'air sans savoir pourquoi, PNJ qui font n'importe quoi genre foncer dans les flammes pour brûler vif… Et sans oublier le pire : les micro-freezes ! Tout le monde connaît le coup du petit lag de 2 ou 3 secondes lors d'un checkpoint (au pif dans les anciens Halo) mais là, c'est TOUT LE TEMPS. Un micro-chargement en checkpoint, un autre quand vous terminez un objectif, un autre quand vous acceptez un job (sorte de défi annexe), un autre quand vous accomplissez ce dernier, un autre à chaque fois que vous sortez du menu d'achat… Usant, et qui peut même tomber en plein combat pour bien vous pourrir la vie. Et c'est franchement dommage car finalement… hé bien le jeu n'est pas moche (pas tout le temps en tout cas) ! Pas superbe non plus et à mille lieux des ténors mais le CryEngine offre quelques passages très sympas, autant dans certains effets que dans les détails coté décors (en intérieur notamment).
Les plus
Les moins
+ Le contexte sympa...
+ Une bonne ambiance...
+ Quelques bonnes idées
+ Le doublage FR
+ Durée de vie correcte
- … mais totalement inexploité
- … mais seulement dans certaines zones & missions
- Ultra répétitif
- Ultra générique
- Ultra classique
- Un seul véhicule, ultra moisi
- Le combo « optimisation en carton et avalanche de bugs »
- Le roi des micro-freezes
Conclusion : Pour ceux qui ont directement filé à la conclusion, et on sait qu'ils sont nombreux, Homefront : The Revolution est comme un (vieux) jeu Ubisoft, mais en plus générique, en moins fun, et avec encore plus de bugs. Il y a un minimum de travail, c'est indéniable, mais le jeu paye le prix fort de son développement bien trop longuet, n'en faisant aujourd'hui qu'un énième FPS dépassé sur l'intégralité des aspects. Tant pis.
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