Le directeur-fondateur du studio français Quantic Dream explique sa vision du jeu vidéo au site Develop. Le studio n'est pas là pour faire des suites, mais pour innover en apportant de nouvelles idées :

"Je ne suis pas dans l'industrie pour faire de l'argent". a déclaré Cage



Avec des suites à outrances, la plupart des éditeurs de jeu recherchent des valeurs sûres alors que les temps sont assez difficiles pour l'économie mondiale. Il est donc assez risqué de lancer une nouvelle IP avec tout le budget que cela peut entraîner afin de l'installer sur la durée : coût humain, coût logistique, budget marketing, etc.

David Cage fait partie des partisans du renouveau, de la découverte de nouvelles expériences, de nouvelles sensations, et pour y arriver, il n'hésite pas à prendre des risques. Il revient sur l'expérience Heavy Rain :

"J'ai écrit Heavy Rain parce que j'étais excité par le jeu, parce qu'il y avait quelque chose à dire. Oui, je pourrais faire un Heavy Rain 2, mais j'ai déjà dit ce que j'avais à dire à ce sujet. Cela représente la force de Quantic Dream, de créer de nouvelles idées, de faire quelque chose qui innove [...]

Je me vois comme un auteur, vraiment. Je suis juste mon instinct. Je pense que les fans veulent que je sois comme ça aussi. Je suis un vieux créateur. J'ai 42 ans cette année. Il y a tellement d'anciens designers qui avaient une passion quand ils étaient jeunes, mais une fois le temps passé, la passion s'amenuisait. Ils ont eu une famille, et tout à coup ils se mettent à penser "Ok, il faut que je gagne autant d'argent que je peux pour ma famille, voilà ce qui est important". Je n'ai pas encore atteint ce genre de palier.

Je continue de penser que je fais quelque chose qui compte, cela peut paraître naïf dans cette industrie, mais je continue de penser aussi que je suis là pour être créatif. Je possède juste une entreprise car j'en ai besoin pour développer mes idées."

Si sa vision est plus que louable, elle n'a pas toujours fait l'unanimité parmi les éditeurs des jeux de Quantic Dream, et notamment Atari avec Fahrenheit. Selon Cage, la manière dont l'éditeur a marketé le jeu aux Etats-Unis était "f*cking stupid" (je vous laisse traduire !). Si le jeu est sorti sous le nom de Fahrenheit chez nous, Atari l'a changé en "Indigo Prophecy" de l'autre côté de l'atlantique. La pomme de la discorde concernerait le fait que le jeu ne montrait pas assez d'armes, et ça, le marketing US le voit d'un mauvais oeil quant aux ventes futures d'un titre :

"Voilà l'image qu'ils ont de leur marché de ploucs vénérant les armes à feux. Ils ont tout faux."

Souvenez-vous qu'il y a quelques temps nous vous parlions de Quantic Dream qui pestait contre le manque à gagner sur Heavy Rain à cause du marché de l'occasion... Deux sons de cloches qui émanent du même studio. Et vous, qu'en pensez-vous ?