Annoncé il y a déjà de nombreuses années et après un développement plus que chaotique, le MMO basé sur la licence Star Trek arrive enfin dans nos contrées.
Après un développement rocambolesque et bourré d'embuches, c'est finalement sous la houlette de
Cryptic Studios que
Star Trek Online a vu le jour. Présenté en grande pompe à la Star Trek Convention de Las Vegas, le titre fut plutôt bien acclamé des joueurs. Aujourd'hui, près de deux ans après, et après un lancement sans encombre, que peut-on dire de ce nouveau jeu en ligne massivement multijoueurs ?
Avant toute chose, commençons par le commencement : la création de personnage, chose chère à Cryptic de par son savoir-faire en la matière. Et le résultat est là, on ne peut qu'être fasciné devant tant de possibilités de personnalisation. Et même si la surprise se fait moindre au fil des années, surtout après City of Heroes/Vilains ou
Champions Online, on se dit que bon nombre de ses concurrents sont encore loin derrière. Car Cryptic, c'est aussi les gars derrière le MMO de super héros d'
Atari sorti en septembre. Un four plus tard, il vit encore, légèrement certes, mais on pensait que les erreurs commises à cette occasion auraient pu être corrigées. Belle erreur. Tout d'abord, le jeu n'offre que quelques races dès le départ et si vous souhaitez avoir plus de choix, il faudra forcément repasser à la caisse. Ce genre de cash-shop est louable dans le cas d'un familier ou d'un changement de pseudonyme, mais pour avoir accès à de nouvelles races pouvant modifier des éléments du gameplay, ce n'est clairement pas acceptable, surtout vu le prix du jeu et de son abonnement.
Mais ce n'est pas tout, puisqu'une fois en jeu, vous êtes accueilli par la voix (en anglais) de Zachary Quinto qui vous explique les aléas du gameplay via un gros tutoriel. Vous avez dû le voir dans notre Playcast mis en ligne il y a quelques semaines, ce n'est pas très folichon et même à la release, la version française est soit absente, soit d'un amateurisme à faire pleurer Blizzard. Cela donne des phrases incompréhensibles et des termes traduits avec l'énergie du désespoir, un comble lorsque l'on se remémore la VF de
Champions Online. Mais ce qui fait le plus de tort au titre, c'est finalement sa très longue phase de tutoriel ennuyante et qui ne fait franchement pas honneur au jeu. Si l'on ne s'attendait pas à une tuerie graphique, les phases au sol manquent de dynamisme et d'envie. Il n'y a jamais un moment où l'on se dit « oh, c'est beau ça » lorsque l'on se promène sur les planètes disponibles. Pire, ça se permet de ramer sur des machines puissantes, et d'afficher un aliasing très prononcé. La faute à un moteur qui n'est visiblement pas fait pour les jeux réalistes (il s'agit du même que
Champions Online qui est quant à lui en cell-shading) et surtout, pour l'univers Star Trek. Les décors sont en effet quelconques et ne poussent pas à l'exploration, et l'on a constamment cette impression de « déjà-vu ».
De plus,
Star Trek Online n'est pas un MMO à proprement parler. Si vous êtes plutôt fan des environnements ouverts à la manière d'un
World of Warcraft ou d'un Eve Online, inutile de vous dire que vous faites fausse route. Les développeurs ont en effet limité au maximum les envies libertines du joueur en instaurant de multiples instances. Cela donne -sur terre en tout cas- des temps de chargements constants et des tchats de régions morcelés. Ce problème, qui n'est heureusement pas présent dans l'espace, plombe le jeu et empêche réellement à la communauté de se retrouver à un endroit précis. On assiste non sans émoi à l'arrivée du premier MMO solo… Et ce n'est que la face immergée de l'iceberg ! Au-delà de ces missions au sol sans grand intérêt et aussi passionnantes qu'une moule en train de s'ouvrir
(NdRegis : beuh…),
Star Trek Online cache un cruel manque de finition. Quelques mois de développement en plus ne lui auraient fait que du bien, et l'on s'en rend compte lorsque l'on essaye d'utiliser le système de crafting. Pour tout dire, il n'y en a pas vraiment, pas de métier à faire évoluer, pas de grosses prises de risque si vous n'allez pas chercher tel ou tel ingrédient. La base même d'un MMO a été oubliée, c'est dire l'ampleur du chantier. Le manque de dynamisme lors des combats est aussi un reproche que l'on pourrait faire à
Star Trek Online. C'est pour le plus souvent extrêmement ennuyant de phaser son ennemi, et les attaques à mains nues sont d'une rigidité affligeante.
Mais tout n'est pas aussi noir que le laisse bien penser le tableau ainsi dressé, non.
Star Trek Online s'en sort agréablement bien dès lors qu'il faille utiliser son vaisseau. Car l'intérêt réel du jeu réside dans les phases spatiales. Autrement dit, vous pourrez contrôler votre propre engin dans un univers vaste et sans encombre… ou presque. Il n'y a pas l'ombre d'une instance, pas de limite en somme. C'est un vrai plaisir de voguer dans cet espace, mère de liberté, et de s'échauffer sur les quelques créatures venues vous importuner. La galaxie est également synonyme d'échauffourée avec les autres joueurs grâce à un mode PvP bien développé qui offre des batailles prenantes et pleines de surprises. La jouabilité du vaisseau, clairement différente de celle du personnage au sol est surtout plus complexe. Ici, outre les fonctions de base qui consistent à faire le faire avancer, reculer, et autres joyeusetés, il y a tout un système d'armement et de bouclier à prendre en compte.
L'interface est divisée en plusieurs parties bien distinctes. Et l'on se focalisera pour l'instant sur le système de bouclier qui permet de gérer les attaques de vos ennemis. Vous pouvez en effet choisir de concentrer la puissance de ces derniers à l'endroit exact où votre vaisseau prend un coup. Cela permet d'augmenter sa durée de vie, et surtout de combattre sur deux fronts à la fois. De plus, il est également possible d'augmenter la puissance de votre bâtiment sur son armement, ou sur sa vitesse. Votre choix est important puisqu'il jouera un rôle décisif dans votre victoire ou au contraire, dans votre perdition. Autre fait d'importance, votre équipage. Car si vous ne le gérez pas directement une fois à bord, vous devrez toutefois bien les choisir sous peine de voir votre ascension dans l'échelle sociale s'arrêter brusquement. Certains de vos coéquipiers seront ainsi très importants puisqu'ils apporteront avec eux des boosts pour votre vaisseau. Cette décision est pour le moindre cruciale et ne doit pas être prise à la légère. Notons par ailleurs que les phases d'explorations permettent de découvrir des décors vastes et pour la plupart magnifiques. Au contraire d'une campagne au sol décevante sur tous les points, les développeurs ont souhaité rendre votre visite dans l'univers la plus sympathique possible en oubliant de gérer les collisions cela dit. On est encore loin d'un Eve Online, mais l'effort est là.
Un rapide passage sur le système de leveling. Plus lent que chez la plupart de ses concurrents, le gain d'expérience se traduit par l'arrivée de grades disséminés sur 50 niveaux. Pour créer un personnage de la faction adverse (les Klingons), il vous faudra par exemple dépasser le level 5, tout en progressant dans l'aventure. Les joueurs préférant le PvE resteront ainsi au sein de Starfleet en évitant les longues balades dans l'espace, sous peine de se retrouver nez à nez contre des joueurs sans pitié qui n'hésiteront pas à faire voler vos rêves d'explorations en éclats. Reste toutefois une inconnue : le contenu de fin de jeu. On ne sait pas vraiment à quoi s'attendre et près d'un mois après le lancement, tout cela reste encore très flou. Il va falloir communiquer sous peine de se retrouver dans une situation peu enviable, fort heureusement, l'ambiance est là, les thèmes musicaux aussi, et les fans devraient être conquis malgré une trame scénaristique en décalage avec les bases de la série.
Un premier bilan très mitigé pour ce Star Trek Online sorti de nulle part. On ne peut que regretter les choix artistiques des développeurs et les instances à ne plus savoir qu'en faire, tandis qu'il ne faut pas oublier les efforts réalisés lors des phases spatiales. Il reste beaucoup de boulot à effectuer pour rendre cet énième MMO viable à long terme, et nul doute que les prochains mois lui seront décisif.