Le studio Mercury achève aujourd'hui sa trilogie Lords of Shadow avec un final qui manque un peu de mordant.
Tous ceux qui ont joué au premier épisode se souviennent de la cinématique de fin, jugée culte et à raison. Après un intéressant interlude 3DS, finalement peu obligatoire vu que le scénario est très bien résumé en début de partie, on retrouve donc Gabriel Belmont, devenu le conte Dracula qui après des siècles de déprime manque un peu de charisme avec un corps recroquevillé, vieillissant par le manque de sang, le tout recroquevillé dans un rideau moche à arpenter les rues d'un monde actuel tel un mendiant. Le retour de Zobek et un petit regain d'hémoglobine va remettre notre prince des ténèbres à neuf avec un nouvel objectif clair : s'allier à son ancien ennemi pour contrer l'arrivée prochaine de Satan, et obtenir en retour la mort. Cadeau très cher pour un vampire lassé de l'immortalité. Un scénario attirant, surtout au début, mais qui manque un peu de punch sur la longueur, Zobek et d'autres protagonistes ayant aussi peu de prestance que Dracula a de classe, les rebondissements sont téléphonés à 100 kilomètres et on ira même jusqu'à dire que le finish est loin d'être extraordinaire pour une saga-reboot qui prend ici fin.
Seulement,
Castlevania : Lords of Shadow 2 sait se montrer convaincant à plus d'une reprise, à commencer par son excellent système de jeu qui reprend les classiques du genre (ni trop bourrin, ni trop technique), en y apportant comme dans le premier son principe à trois échelles avec les coups classiques, les coups du néant (plus faible mais qui nous permet de récupérer de l'énergie) et les coups des ténèbres, très utile dès que l'ennemi a une défense élevée. On prend plaisir à passer de l'un à l'autre en maîtrisant peu à peu l'esquive et surtout la garde & contre-attaque pour des joutes qui ne manquent pas de nervosité. Notons que les armes peuvent augmenter en puissance et qu'on disposera en allant de tout un tas d'objets pas forcément utiles (hors potion) mais parfois salvateurs en cas de gros problèmes. Et il suffit d'ajouter à cela des boss plus en plus impressionnants, en taille comme en design, à mesure qu'on avance pour se rendre compte que le titre est à même de nous offrir quelques bons moments.
Le problème, c'est que ces bons moments sont trop souvent entrecoupés de phases bien plus mauvaises. Fournie avec un level-design assez bordélique (et manquant d'une bonne map pour nous aider de temps à autre), l'aventure se parcourt de manière assez linéaire, beaucoup ayant des chances d'être tentés de suivre constamment l'indicateur pour éviter de se retrouver totalement perdu, surtout que les énigmes sont aux abonnés absents malgré de nouvelles compétences qui auraient pu se prêter à quelques originalités (traverser des grilles, geler un point d'eau...). Et puis il y a ce rythme en dents de scie, où les passages forts laissent place à des trucs totalement moisis, comme cette phase d'esquive façon mini-jeu sur le toit d'un train et surtout ces foutues phases d'infiltration qui pullulent d'un bout à l'autre, en incluant deux introductions de boss. Rarement vu un tel aveu d'impuissance (Dracula, quand même !) que de devoir se transformer en rat pour éviter trois gardes, certes lourdement armés. Une véritable plaie qui ne donne aucun plaisir de jeu, et qui en vient même à nous énerver tellement c'est mal fichu.
On pourrait même parler de la forme. Pas forcément les graphismes, correct dans l'ensemble (hormis un sale aliasing bien méchant par moment), mais tout simplement du coté du design. Ça peut relancer le débat ouvert depuis le premier épisode mais autant Mercury a su respecter certains codes de la saga, notamment au niveau du casting, autant quelques décors sont loin d'avoir une odeur de Castlevania, jusqu'à oser dire qu'il aurait mieux fallu limiter le monde moderne dans la première heure et garder ensuite les fondamentaux, certes présents à certains moments mais bien trop peu exploités, à commencer par les jardins lugubres qu'on travers en trois enjambées. Et puis on aura beau dire ce qu'on veut, mais démarrer un Castlevania avec comme premiers décors principaux un parking puis une usine pharmaceutique, quelque part, ça fait un peu mal.
Les plus | Les moins |
+ Une certaine classe
+ Le système de combat
+ Les combats de boss
+ Certains décors magnifiques
+ L'OST
+ Enfin la caméra libre
+ Bonne durée de vie | - Le peu de charisme chez les ennemis (excepté un)
- Scénario sans surprise
- L'aliasing qui pique
- Manque une bonne map
- Des passages totalement HS...
- … et totalement foirés
- Certains décors à oublier
- La forme ultime de Dracula inutile et totalement inexploitée
- Finalement assez classique |
Conclusion : On avoue qu'on tombe un peu de haut avec ce final de la trilogie Lords of Shadow. Loin d'être mauvais, et même très bon par moment, le bébé de Mercury possède bien trop de défauts, beaucoup étant impardonnables pour un titre qui intervient en toute fin de génération. Les fans resteront susceptibles d'accrocher le temps d'un rush, qui risque de n'avoir malheureusement rien d'inoubliable.