La série
Driver fait partie de ces sagas nées sur PlayStation première du nom et rapidement devenues cultes, ne serait-ce que grâce au sentiment de liberté 3D offert avec le premier épisode, bien avant
GTA III donc. Seulement, chaque suite n'a fait que décevoir les fans, entre le manque de renouvellement, les bugs à foison et l'incapacité de procurer des phases à pied réellement satisfaisantes. Il était donc temps de faire une pause et, cinq ans après
Parallel Lines (on va oublier les épisodes PSP et iPhone), voici donc le véritable retour de la série. Allez, on y croit !
Lors de sa première présentation à l'E3 2010 (oui, on a eu droit à beaucoup de retard),
Driver : San Francisco a surpris bien du monde, et dans le mauvais sens du terme. Alors qu'on s'attendait à une suite tout ce qui y a de plus classique, mais en bien tout de même c'est préférable, on se retrouve face à un jeu où la conducteur se « téléporte » d'un véhicule à l'autre, quand bon lui semble. Surprenant, aberrant même, mais
Ubisoft a promis que ce détail serait parfaitement justifié dans le scénario. C'est le cas. Il suffit de passer le prologue du jeu pour assister au drame qui va toucher Tanner : un aller (simple) dans le coma. Pas de nouveau héros pour autant puisque l'aventure se poursuivra alors dans l'esprit de notre pauvre flic qui va bien avoir du mal à comprendre ce qui lui arrive. De là, on comprend donc les pouvoirs qui lui permettent de se téléporter d'un conducteur à l'autre façon Code Quantum (seul l'âme se téléporte) et surtout la possibilité de croiser en ville des voitures de toutes époques, 120 en tout. Un bon délire de développeur qui fonctionne, et qui permet quelques dialogues assez amusants.
La possibilité de passer d'un véhicule à l'autre sans avoir à poser le pied par terre va évidemment devenir la mécanique principale de l'aventure. Baptisé « Shift », cette fonction s'enclenche à peu-près n'importe quand en appuyant simplement sur une touche, plongeant l'action au ralenti et plaçant la caméra quelques dizaines de mètres au dessus du sol. A nous ensuite de simplement bouger le curseur pour sélectionner le nouveau véhicule souhaité. La prise en main est donc très facile et le tout apporte une certaine fraîcheur aux séquences de courses-poursuites avec de multiples possibilités : changement de voitures contre un autre bolide de course ou tout simplement parce que la notre est en mauvais état, téléportation vers un véhicule proche de votre cible si ce dernier s'éloigne un peu trop, voir même la possibilité d'aller au devant de l'action et de prendre une voiture se situant devant lui pour freiner soudainement et mettre fin à la traque. Pour autant, n'allez pas croire que le jeu devient soudainement trop facile. L'action se montre suffisamment nerveuse pour vos opposants puissent vous offrir un minimum de fil à retordre.
Le
Shift étant au cœur du gameplay, les développeurs ont donc pu s'autoriser à placer de nombreuses choses surprenantes, comme pouvoir (passé quelques heures) afficher l'intégralité de la carte du jeu pour ensuite vous téléporter vers n'importe quelle voiture désirée, même si elle se situe à des dizaines de kilomètres. La fin des longs trajets pouvant être bien barbants ! De plus, si Tanner dispose d'un paquet de missions principales servant à faire évoluer le scénario, qui s'avère tout de même assez tordu au final, le jeu dispose d'un large paquet de missions annexes très variées où l'âme de notre héros sera dans le corps de personnages aux objectifs propres, et ce des deux cotés de la loi. On pourra même s'adonner à quelques courses classiques servant à mettre en avant une des variantes du
Shift : jouer avec deux véhicules, le second étant contrôlé par l'IA, sachant que vous pouvez passer de l'un à l'autre avec un seul bouton. Pour le reste, la conduite s'avère sans surprise très nerveuse et arcade, et on notera que le titre récompense la prise de risque (comme frôler les autres voitures) en débloquant véhicules, missions et autres bonus.
Pour peu qu'on maîtrise bien le volant, on torchera l'aventure en un peu plus d'une dizaine d'heures, sans chercher donc à faire le 100% coté missions annexes. La durée de vie est donc dans la moyenne du genre, et le multijoueurs sera une fois de plus là pour prolonger l'expérience avec tout d'abord de l'écran splitté (toujours bon de le signaler aujourd'hui) et bien sûr du jeu en ligne avec une dizaine de modes bien poilants, ou frustrants selon le niveau des adversaires, le tout jouable jusqu'à huit. Comme la mode le veut, on disposera d'un système d'expérience permettant, en grimpant les niveaux (40 max), de chopper bonus et nouveaux véhicules. La communauté semble répondre à l'appel : pourvu que ça dur. On terminera rapidement sur l'aspect technique. Là encore, si la première présentation laissait entendre un titre clairement moche, le résultat final est bien plus satisfaisant avec une belle modélisation des véhicules, un frame-rate au poil mais tout de même quelques petites déceptions, à commencer par des textures moyennes, l'absence de cycle jour/nuit et de météo en temps réel et surtout l'impossibilité d'écraser ces dizaines de piétons qui n'attendent que ça. L'habitude.
Conclusion : Vu les premiers ressentis lors de la présentation initiale, le résultat final permet de placer Driver : San Francisco comme la première bonne surprise de cette rentrée. Il ne manquait pas grand-chose pour en faire un indispensable (scénario moins tordu, détails techniques...) mais on peut aujourd'hui le dire : Tanner est de retour. On se demande juste, vu le concept assez original, de quelle façon
Ubisoft fera maintenant évoluer la licence à l'avenir.