Les puzzle-games, comme ils sont appelés, font, au même titre que les Pokemon, les beaux jours de la Nintendo DS au pays du soleil levant. Fort de ce succès, Genius Sonority allie donc la licence bulldozer à un genre qui n’a plus rien à prouver depuis Tetris, et donne naissance à Pokémon Link sur la console au stylet. Cette nouvelle mouture estampillée « Pokemon » saura-t-elle trouver son public malgré la lassitude qu’impose, à force, l’évocation massive de ces monstres de poche ? Réponse dans les lignes qui suivent avec ce test de Pokémon Trozei sur Nintendo DS.
Ce n’est pourtant pas le premier soft du genre à voir le jour. En effet, un certain
Pokemon Puzzle League sur
Nintendo 64, ainsi qu’un autre
Pokemon Puzzle Challenge sur GameBoy Color, avaient ouvert la voie en 2001 sur une marche définitivement funèbre, tant ces adaptations furent boudées par le grand public. De là à dire que
Genius Sonority prend des risques dans son entreprise… il ne faut rien exagérer. Car depuis, d’autres titres ont vu le jour, dont un certain nombre sur la portable aux deux écrans de
Nintendo, usant de sa capacité tactile à la perfection. C’est donc après un
Zoo Keeper honnête, et un excellent
Meteos que
Pokémon Link tente à son tour sa chance sur ce même support.
Trozei combo
Si ce nouveau Pokemon donne bien suite aux softs précités, il n’en reste pas moins complètement différent. Plus inspiré de
Yoshi’s Cookie (1993), l’intérêt ici réside donc dans l’exécution de Trozei : assemblage de quatre figures de Pokemons identiques placées en ligne ou en colonne. Jusqu’ici rien de bien folichon je vous l’accorde, jusqu’à l’arrivée des combos. En effet, suite à un premier assemblage, vous vous verrez, sous réserve temporelle, dans la possibilité d’éliminer des rangées de moins en moins fournies, de trois, puis deux blocs emblématiques, jusqu’à certaines possibilités en « L » ou en « T ». Cet enchaînement en cascade est diaboliquement efficace et si vous devez nettoyer l’écran de toute présence animale ce sera en une fois, soyez prévenus. En outre, la difficulté tient au fait que les blocs ne tombent pas l’un après l’autre, mais bel et bien en trombe, de manière complètement aléatoire quant à leur placement final. L’autre différence, c’est que l’on ne bouge pas les figures pendant leur chute, mais après… Explications : Les possibilités qui vous sont données consistent à pouvoir interagir avec le stylet sur les lignes dans un pan horizontal ou vertical, sachant qu’un Pokemon disparaissant d’un côté, réapparaîtra de l’autre. Les bases de la gravité restent cependant intactes, empêchant toutes translations farfelues vers le haut, à l’exception de quelques soubresauts temporaires. Enfin, au fur et à mesure de votre progression, le nombre d’icônes différentes augmentera, la vitesse deviendra hallucinante, et arrivé à un certain niveau, vous aurez tôt fait de vous arracher les cheveux, mais ceci est une autre histoire.
Après un rapide tour d’horizon dans le menu général, plusieurs modes de jeux s’offrent à vous. Celui qui possède le plus d’intérêt en solo, d’autant plus pour le genre, est sans nul doute le mode Aventure, dans lequel vous suivrez Lucy Fleetfoot menant en déroute les troupes de Phobos. Et c’est sous les ordres du Professeur P, le meilleur agent de la SOL (Secret Operation League), que vous devrez déjouer les plans des généraux ennemis. Le
gameplay, quant à lui, ne change pas des autres modes, et vous enchaînerez des missions Trozei afin de rendre leur liberté aux bestioles emprisonnées. Bien évidemment, la difficulté évolue de manière croissante, et ce, jusqu’à devenir excessive lors de certains affrontements contre les boss. Car non contents de faire chuter les blocs à une vitesse ahurissante (5 secondes pour remplir totalement l’écran), d’autres attaques vicelardes comme « l’extinction des feux » viendront ponctuer ces joutes définitivement nerveuses. Dans le même temps, une quête annexe consiste à répertorier tous les Pokemons que vous verrez en mission (via un Trozei justement), et vu que l’on n’en dénombre pas moins de 380, comptez sur une bonne cinquantaine d’heures de jeu si vous avez dans l’idée de terminer le soft à 100%. De plus, avant chaque stage, une consigne vous est assignée, et consiste la plupart du temps à délivrer un certain nombre de Pokemons pour valider votre passage. Un score à outrepasser est aussi précisé et en cas de succès vous vous verrez récompensé par une piécette, utilisable chez Mr. Foo, un féru collectionneur de PokeBalls rares. En effet, ce dernier possède à peu près un quart des Pokemons rares à lui tout seul, son établissement se révélera donc comme LE passage obligé vers les 100%.
Une différence culturelle
Techniquement très sobre, le soft n’exploite évidemment pas les capacités de la console de
Nintendo. Bien que coloré et supérieur graphiquement à un
Zoo Keeper, on reste tout de même assez loin des effets variés et novateurs d’un
Meteos. Pire encore, on ne reconnaît que très succinctement les Pokemons représentés, ces derniers ayant été « iconisés » avec un goût plus qu’incertain. Ceci mis à part, l’interface est claire et le mode Histoire est même pourvu de petites animations au ton visuel très kitch, rappelant certaines animations flash qui parcourent le net ces dernières années. Côté son, ce n’est pas la joie non plus, et lorsque l’on connaît les entraînantes tonalités Russes d’un
Tetris, il est difficile de ne pas se sentir biaisé par les deux, trois ensembles sonores que compte le soft. Difficilement audibles, ces derniers ne cassent vraiment pas des briques (c’est le cas de le dire), mais possèdent cependant ce pouvoir incroyable qui vous donnerait envie de défenestrer votre console… c’est un genre en soi et côté stress le joueur est maintenu.
Niveau
gameplay rien à redire, la
Nintendo DS est parfaitement conçue pour rendre le plus addictif possible un système de jeu simple et efficace qui répond au stylet et à l’œil. Néanmoins, la trop grande difficulté du soft, notamment lors de l’Aventure proposée, finira par en repousser plus d’un, destinant finalement ce nouveau Pokemon à un public plus averti qu’il n’y paraît. Enfin, il ne faudra pas compter sur plus d’une dizaine d’heures au joueur lambda pour faire le tour du nouveau titre de
Genius Sonority. En effet, possédant un charme certain dans son concept, ce dernier s’essouffle rapidement, suite à une débandade de modes inintéressants (Jeu Libre), courts et ardus (Aventure) en solo, ainsi que de par une option multijoueur bien agencée (avec une cartouche), mais nécessitant deux gamers en mal de Trozei… Vous n’êtes pas près de jouer en multi je vous le dis !