Pour ceux qui ne connaîtraient pas Worms, ce dernier est un jeu d’une extrême ingéniosité, ayant débarqué il y a plus d’une dizaine d’années sur nos vieux PC d’après-guerre. Le principe était simple : contrôlant une armada de quatre vers, vous deviez anéantir l’escouade adverse dans un décor 2D destructible à souhait, et un gameplay en tour par tour, permettant de vous éradiquer gaiement dans un mode multi acceptant plus d’une demi-douzaine de joueurs. Un soft au design épuré parodiant la guerre avec un humour des plus attractifs. Mais à notre époque, le glas semble avoir sonné pour nos petits sprites, et c’est ainsi que l’on retrouve plus récemment nos vers dans une version 3D multi supports, intelligemment doté du nom de Worms 3D. L’échec fut malheureusement au rendez-vous pour cause d’un gameplay irascible et de graphismes pompeux. Aujourd’hui, Team 17 retente le coup avec Worms Forts : Etat de Siège.
Fort… De café
Une fois le disque lancé, on est heureux de constater que l’humour décalé des développeurs (omniprésent dans les précédents opus) est toujours de mise de par quelques cinématiques ci et là, ou autres commentaires durant le jeu qui vous feront jouer des zygomatiques. Ainsi, dans le même registre apparaissent des noms d’armes tous plus farfelus les uns que les autres : le lance frigo, le poussin de 30 tonnes ou encore le pigeon voyageur kamikaze font partie du nouvel arsenal de destructions massives dont vous pourrez jouir au cours d’une bataille. Mais ce Worms Forts : Etat de Siège devait avant tout révolutionner le genre, grâce à une nouvelle option permettant de bâtir des fortifications comme des tours, donjons et châteaux, vous permettant une plus grande étendue d’attaque et de défense. Ce jeu de stratégie/réflexion se voit donc modifié pour fonctionner aussi comme un
RTS bas de gamme. Et c’est ici que les défauts inhérents au précédent opus, le feu
Worms 3D, réapparaissent et malheureusement sans aucune amélioration. Le fait que vous contrôliez des vers implique une rapidité d’action plutôt soporifique (mouvements et actions de ces derniers extrêmement lents), lorsqu’à ceci est ajouté un système de jeu stratégique dans un mode de vue à la troisième personne, cela donne un des
gameplays les plus catastrophiques du monde vidéoludique. Bien que le jeu soit une parodie de guerre, ici on s’ennuie fermement, et l’on souhaiterait que les vraies guerres soient aussi ennuyeuses.
Histoire de bugs
Le soft possède donc des problèmes de base au niveau du
gameplay (tous les défauts n’ayant pas été cités plus haut, histoire de vous éviter un gros pavé), mais essayons de passer outre et intéressons-nous alors à ce nouveau système de constructions fortifiées. Vous pourrez donc avec chacun de vos vers bâtir des bâtiments allant de la
Tour de garde à la
Merveille en passant par le
Colisée ou le
Château fort. Mais pour ce faire, il vous faudra gagner des points de victoire, accessibles dès le début d’une partie et pouvant être accumulés, en construisant le plus possible en des lieux spécifiques de la
map. Plus le bâtiment demande d’étoiles pour être bâti, plus grande sera votre force d’attaque une fois au sommet de ce dernier… Tout ceci s’avère assez compliqué à gérer au début, mais un didacticiel plutôt bien conçu aide à passer le pas. Une campagne est aussi disponible, et ne propose pas moins d’une vingtaine de missions aux quatre coins du monde pour la team de lombrics que vous incarnerez. C’est long, trop long pour chacune de vos batailles d’ailleurs. En effet, bien que vous affrontiez un ordinateur lors de ces parties, son tour sera visible et compté comme si c’était le vôtre. Inutile de vous dire que passé un certains nombres de tours, la saturation due à une redondance d’actions sans saveur en forcera plus d’un à abréger cette petite guerre d’opérette avant l’heure.
N’oublions pas qu’après, tout l’intérêt majeur des
Worms est situé son mode multijoueur réputé pour être attractif et jubilatoire. Malheureusement, ce ne sera pas le cas ici… Comprenez que le
gameplay insipide du jeu n’incitera pas grand monde à y jouer à la base et que si vous y ajoutez la complexité nouvelle de cet opus se voulant plus recherché, cela réduira d’autant plus la marge de vos amis joueurs voulant tenter l’expérience.
Comme si tout cet amas de problèmes que vous rencontrerez dans ce soft n’était pas suffisant, de nombreux bugs auront le luxe de briller dans vos télés. Ainsi, ne soyez pas surpris que des oiseaux traversent les murs (ou tout autres objets sur leur route), que la précision de vos tirs soit à la limite de l’aléatoire tellement elle est grossière, ou encore de surprendre assez fréquemment des chutes de
framerate alors que le soft affichent pourtant des graphismes beaucoup trop simplistes. Vous l’aurez compris, ce Worms Forts : Etat de Siège est loin d’être une réussite, et déçoit beaucoup plus qu’il ne surprend. Si l’idée d’intégrer un système de construction n’est en elle-même pas mauvaise, elle aurait néanmoins nécessité une révision complète du
gameplay, absolument absurde pour ce type de jeu