Après la déferlante « Fast and Furious », les jeux ayant pour thème le tuning s’enchaînèrent au point de nous faire frôler l’indigestion. Parmi eux Juiced, qui fait partie de ceux ayant subi un développement dit douloureux. Après environ 8 mois de retard dus aux révisions techniques en tout genre, le titre déboule enfin dans les étalages. Prêt à faire chauffer du bitume ?
Passée la cinématique d’introduction aussi classique qu’efficace (on pourrait l’introduire à l’identique dans 80% des jeux du genre), il vous sera demandé de choisir votre nom, celui de votre futur bande (ainsi que le logo correspondant) et enfin le type de votre téléphone portable dont les différentes marques - Sony, Vodaphone, Motorola et Sharp – serviront probablement à renflouer les caisses de l’éditeur.
Choose your road man
Les premiers tours de circuits se feront à bord d’une caisse prêtée par votre ami TK mais il vous faudra ensuite choisir votre premier modèle (neuf ou d’occasion) afin de commencer votre carrière qui n’a pour seul objectif de voir le nom de votre bande au sommet. Les routes pour y parvenir sont d’ailleurs nombreuses… si nombreuses qu’il vous faudra un bon temps d’adaptation afin de ne plus vous perdre dans le mode carrière et ses innombrables sous menus. Non seulement l’ergonomie en prend un coup, mais, les développeurs offrant donc une aventure la moins linéaire possible, on se retrouve rapidement perdu dans ce « monde impitoyable ». Et oui, contrairement à
Need For Speed : Underground, la montée en puissance dans un pseudo classement n’est pas d’actualité. Le respect prime sur tout et quelques boulettes peuvent facilement vous faire passer du statut de « connu » à celui de « looser ». Rien n’est donc jamais gagné et impossible d’influer sur le destin en jouant avec l’arrêt de la console après une course mal gérée : la sauvegarde automatique est omniprésente, au grand dam des mauvais perdants, désormais chargés de faire des choix cruciaux (particulièrement lorsque quelqu'un souhaite mettre les voitures en jeu lors d’une course).
Vicious Circle
Heureusement, les plus novices d’entre nous serons heureux d’avoir la possibilité d’être parfois pris par la main à travers les nombreux conseils que vous prodigueront les différents protagonistes. Le respect a donc une forte influence sur le comportement de vos adversaires : être aussi connu qu’un paysan sortant de sa cambrousse ne vous permettra pas de disputer des courses de haut niveau ou parier plusieurs dizaines de milliers de dollars d’un seul coup. Pour cela, il faudra cerner et suivre les exigences des 10 grands chefs de bande de la région (ex : parier sa caisse, frimer, faire des tours parfaits…) à travers vos nombreux runs. Ceux-ci sont en grande partie accessible via le mode course, ramenant à une sorte de calendrier détaillé où vous choisirez à votre guise votre type parcours. Le mode circuits, également le plus courant, vous proposera de mettre le pied au plancher dans des niveaux, malheureusement bien trop proches d’un jeu de caisses classique, et qui dévoilent alors le plus gros point faible du jeu : le coté répétitif de l’ensemble.
En effet, les développeurs semblent avoir voulu partir dans différentes directions, ce qui perturbe le joueur, déçu d’avoir boosté son dernier bébé pour finalement courir dans des parcours froids, sans aucun raccourci et dont la circulation brille aux abonnés absents. Pour un titre basé su une conduite 100% arcade, user du frein tous les quelques mètres pour entamer des virages à 90° se révèle frustrant à plus d’un niveau. Les autres épreuves restent classiques : le Trajet est identique au mode précédent sauf qu’il se déroule en un seul tour ; le Sprint est un ersatz du Drag de
Need For Speed : Underground, l’originalité en moins (contrairement à ce dernier qui nous plaçait automatiquement sur une ligne droite), la difficulté en plus (le passage de vitesse est bien moins optimal) et enfin, la Frime qui consiste à effectuer quelques 180° et autres donut en toute tranquillité. Excepté ce dernier, chaque autre mode pourra proposer quelques variantes au niveau des règles, comme mettre en place plusieurs manches ou imposer les épreuves en bande. Oui, car pour peu que vous commenciez à grimper les marches, de jeunes talents (jusqu’à 3) demanderont à rejoindre votre groupe. A condition de quelque peu les entraîner en leur laissant votre place au volant, ils pourront s’avérer de précieux alliés lors des épreuves spécifiques, dont la victoire est donnée à une bande lorsque tous les pilotes de celle-ci franchissent la ligne d’arrivée. Inutile de dire qu’un pilote de seconde zone arrivant toujours dernier ne vous sera d’aucune utilité malgré vos propres talents.
Story of Tuning (dollar inside)
Probablement l’endroit où vous passerez le plus de temps, votre garage accueillera chacune de vos futures caisses (Chevrolet, Peugeot, Subaru, Ford…) afin d’y subir quelques modifications (voire transformations). A commencer par les pièces d’intérieur destiné à la puissance (frein, moteur, nitro…) upgradables jusqu’à trois niveaux auquel s’ajouteront les « prototypes » que vous aurez l’occasion de gagner lors de certaines épreuves. Petit regret, l’aspect extérieur n’influe en rien sur le respect gagné : vous ne gagnerez donc pas la moindre once supplémentaire en transformant votre bébé en arbre de Noël. Dommage donc, surtout que le matériel était là (trois niveaux de peintures (normal, nacré et métallisé) ainsi qu’un grand choix de vinyles. Mais tout cela ne tombe pas du ciel et il vous faudra rentabiliser votre compte. Les récompenses lors des premières épreuves offrant à peine de quoi réparer son bolide, il faudra vous tourner vers l’une des bonnes trouvailles du titre : les paris. Plus vos adversaires auront de respect envers vous, plus vous pourrez miser gros mais n’oubliez pas que, sauvegarde automatique oblige, tout perdre est monnaie courante et il n’y a rien de plus honteux que de devoir remonter la pente en pariant quelques misérables sous sur des petites courses que vous ne pourriez que regarder (oui, ça arrive lorsque qu’on n’a plus de voiture sous la main…). L’IA, bien que faiblarde par rapport aux ténors du genre, devient plus agressive à chaque tour, voire complètement dangereuse (lorsqu’un point d’exclamation apparaît au-dessus de la voiture), au point de commettre de grosses imprudences…
Même si l’on peut rester mitigé sur plusieurs choses, la durée de vie reste un des points forts du jeu. Le mode carrière, par sa difficulté et ses retournements abrupts de situation, est incroyablement long et, pour peu que vous vous lanciez dans une collection de bolides de rêve, vous en aurez pour plusieurs semaines. Rajoutez à cela un mode arcade permettant de débloquer voitures et circuits dans des courses persos ainsi que la possibilité de se tirer la bourre à plusieurs. Si le multijoueur sur une même console reste trop convenu (uniquement à eux en écran partagé), c’est en multiconsole ou sur
Xbox Live que le jeu tirera toute sa quintessence (jusqu’à six joueurs). Au final,
Juiced mérite aisément le coup d’œil. Plutôt joli sans pour autant atteindre un
Gran Turismo 4, et disposant d’un
frame rate à toute épreuve, il comblera tous fans de tuning qui trouveront là la meilleure alternative à
Need For Speed : Underground.