Les talentueux développeurs de KOTOR premier du nom sont de retour sur Xbox avec le très attendu Jade Empire. Oubliez la Force et les sabres lasers, l’aventure proposée ici vous emmènera du côté de la Chine mythique.
Dès le début de l’aventure, vous serez amené à choisir l’un des six personnages proposés. Trois femmes et trois hommes, chacun ayant leurs propres prédispositions. Élève particulièrement doué dans une école d’arts martiaux, vous apprendrez très vite que votre destin vous transportera vers de grandes choses. Maître Li vous dévoilera en effet que vous êtes le dernier représentant du Royaume des Esprits Hurlants, un peuple que l’on croyait complètement exterminé depuis des décennies. Alors que Maître Li vous fait subir les épreuves finales de votre formation, l’une de vos camarades se fait enlevé par le Petit Gao, lui aussi élève de l’école, mais aux intentions bien obscures. Lorsque vous revenez au village avec votre amie saine et sauve, les choses s’accélèrent et Maître Li disparaît de la circulation. Dès lors, vous décidez de partir à la recherche de votre maître. Seulement voilà, votre route sera bien plus sinueuse qu’il n’y paraît…
360° de féerie visuelle
On pensait que
Fable nous avait déjà montré tout le potentiel de la Xbox en terme de graphismes, mais
Jade Empire va jusqu’à se payer le luxe de surclasser le titre de Molyneux à ce niveau-là.
Rarement un jeu n’avait atteint un tel niveau de détails. Qu’il s’agisse de la modélisation des personnages et des décors, du rendu des divers effets spéciaux ou encore de la qualité des cinématiques,
Jade Empire titille les limites absolues de la Xbox et nous offre un enchantement visuel véritablement onirique. Les couleurs sont d’une brillance et d’un éclat magnifique et les différents environnements du jeu ont vu leurs courbes s’adoucir grâce à un flou du plus bel effet. Aucune trace d’
aliasing ou d’autre tare graphique, c’est sublime, un point c’est tout. Le design général est lui aussi une perle d’ingéniosité et démontre tout le savoir-faire de Bioware. On pourra tout de même cracher dans la soupe en ce qui concerne les temps de chargement, relativement longs pour de la Xbox, ainsi que le
frame-rate. Ce dernier subit en effet des chutes trop régulières, même si cela n’entache en rien le plaisir éprouvé lors des phases d’exploration ou des combats.
Et les combats justement, parlons-en. Complètement en temps réel, ils constituent sans aucun doute l’innovation principale de
Jade Empire. Lorsque vous entrez en mode de combat, un ennemi est automatiquement
locké et vous pourrez vous déplacer tout autour de lui à l’aide du joystick analogique gauche. Une touche pour les attaques simples, une autre pour les coups spéciaux, une pour l’esquive et enfin une pour ralentir le temps, voilà comment se présentent grossièrement les combats sur le papier. Evidemment, plusieurs styles de combat sont proposés et de nouveaux viendront s’ajouter à votre liste au fil de l’aventure. Manette en mains, force est de constater que cela n’a plus grand-chose à voir avec un jeu de rôle, mais que l’on s’approche fortement d’un
beat’em all (à l’instar de
Fable), sans que cela soit pour autant péjoratif. En effet, le système de combat se révèle assez intéressant et prenant à jouer, dans une certaine mesure tout du moins. On prend son pied à étudier le style de combat de son adversaire pour mieux lui porter des coups, on use de ses réflexes très fréquemment pour esquiver les attaques et l’on attend le bon moment pour lui porter le coup fatal. Malheureusement, l’IA des adversaires est loin d’atteindre des sommets, et excepté lors des duels face aux boss, on comprend bien vite comment venir à bout des divers fantômes et monstres rencontrés. Dans le même genre, il faut aussi souligner le fait que la caméra brouille parfois le champ de l’action en pénétrant comme par magie à l’intérieur des décors.
Un jedi en Chine
En ce qui concerne l’aventure en elle-même,
Jade Empire ne bouleverse pas les bases instaurées par
KOTOR. On retrouve le célèbre système de « causes et conséquences », représenté par une barre rouge et bleue, qui fera évoluer le scénario selon les actions du joueur. Aidez la population, soyez généreux et courtois et votre personnage se dirigera vers la voie de la Paume Ouverte. A l’inverse, soyez égoïste, ne pensez qu’à l’argent, et tuez des innocents si vous souhaitez vous engager sur la voie du Poing Fermé. Hélas, le fossé séparant ces deux orientations morales n’est au final pas vraiment large et ce concept de Bien ou Mal se révèle quasiment identique à ce qui s’est déjà fait par le passé dans ce genre de jeu. Comme tout RPG qui se respecte,
Jade Empire propose de faire évoluer votre personnage au fur et à mesure de votre progression. Trois caractéristiques principales seront à développer : la force, l’esprit et la raison. Les styles de combat peuvent eux aussi bénéficier des gains d’expérience et l’on peut améliorer son style privilégié. Mais là encore, on se trouve devant du déjà-vu et rien ne vient pimenter quelque peu la personnalisation du héros, contrairement à
Fable par exemple, où il était possible d’habiller de A à Z son avatar.
Toujours dans le registre des éléments qui auraient pu être améliorés, les environnements de
Jade Empire ont beau être sublimes, ils n’en demeurent pas moins restreints en terme de superficie. On se trouve bien souvent devant des décors certes variés, mais très fermés. Deux ou trois chemins étroits à emprunter et puis c’est tout, impossible d’aller vagabonder où l’on veut. Résultat, on n’est jamais vraiment bloqué et l’on avance sans trop de difficulté. La linéarité est donc assez présente dans
Jade Empire, mais l’on se consolera à l’aide des multiples minis-jeux très sympathiques dispersés tout au long du jeu. À ce propos, la durée de vie du soft est plutôt faiblarde par rapport à la concurrence. Une petite vingtaine d’heures suffira à voir le bout de l’aventure et le potentiel de rejouabilité du titre n’est pas énorme, étant donné qu’une bonne partie du charme de
Jade Empire se situe au niveau des rebondissements du scénario. Par ailleurs, les dialogues sont beaucoup trop longs pour un jeu qui propose un
gameplay autant porté sur l’action et viennent souvent casser le rythme de cette aventure certes bourrée de défauts, mais terriblement séduisante.