Un nouveau Tales of en France, ça se fête toujours même si on sera cette fois loin du millésime des meilleures années.
Si chaque épisode de la licence
Tales of est désormais plus ou moins assuré d'arriver en Europe, cette promesse de Bandai Namco tenait pour l'heure uniquement sur les épisodes canoniques, et surtout ceux qui paraissaient sur consoles de salon. L'éditeur se montre en effet beaucoup plus sage dans le domaine des portables et depuis quelques années, le principal représentant restait la version 3DS de
Tales of the Abyss d'ailleurs pas terrible (le portage, le jeu lui-même étant très bon). Bref, l'éditeur s'est souvenu que la PS Vita avait également eu droit à deux épisodes au Japon, tous deux remakes de la bonne vieille DS. La grande facilité qui ne pouvait aucunement déranger nous autres européens puisque aucun des deux n'avaient bougé de l'archipel à l'époque, donc on accueille à bras ouverts
Tales of Hearts R, surtout qu'une fois n'est pas coutume sur PS Vita (mais alors très loin de là) : le jeu sort en boîte, avec les voix japonaises, et dispose de sous-titres en français. Stupeur.
Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins et entrer ainsi dans la principale problématique de ce remake. Qu'on se le dise haut et fort : c'est moche. Absolument rien ne sauve la mise d'un bout à l'autre du jeu hormis on va dire un frame-rate correct (encore heureux vu ce qu'il y a à afficher) : la modélisation est simpliste, les textures sont incroyablement ternes, les villages sont minuscules et le rendu est tout sauf chatoyants... La PS Vita n'a certes pas totalement les capacités d'une PS3 mais même un rendu digne des 128 bits aurait suffit.
Final Fantasy X tourne dessus quand même. Et, pire encore que les graphismes, c'est surtout la patte esthétique qui tient du scandale. Alors que la version DS avait fait le choix de la 2D/3D simpliste mais mignonne à l'oeil et nous rappelant quelques productions PSone, on se retrouve ici devant une production clairement bas de gamme qui ne fait pas rêver. Et allez, histoire d'en rajouter une couche, le plus grand drame n'est pas dans les graphismes ou l'esthétisme : c'est la mise en scène.
La série n'a jamais été très réputé à ce niveau mais là, on touche le néant, sans même parler des rares passages en anime même pas adaptés pour le format PS Vita. Tout ce qui touche au temps réel est, disons le franchement, gerbant. Chaque cinématique est une douleur tant les personnages manquent cruellement d'animation et tiennent ici plus de la parodie, comme si les développeurs avaient directement voulu transposer la mise en scène d'un jeu 2D en 3D sans y apporter le moindre travail supplémentaire. C'est d'ailleurs probablement ce qu'il s'est passé. Même FFVII avec ses personnages en LEGO proposait plus de travail que ce qui semble ici être un projet Kickstarter en début de développement. Là encore, tout dépend des moyens alloués mais on parle quand même d'un jeu Bandai Namco, et d'un
Tales of de surcroît. Pas d'une petite production de Compile Hearts qui ne va chercher à se rentabiliser qu'avec quelques milliers d'exemplaires vendus.
Et c'est dommage car le jeu ne perce jamais vraiment sur les autres aspects. Le casting par exemple est loin d'être mémorable mais propose au moins des personnages qui gagnent en maturité au fur et à mesure de l'aventure, ce qui n'est pas du luxe vu qu'on partait du néant avec un trio de tête composé de Kor qui n'est jamais sorti de son village où il n'y a pourtant rien à faire ainsi que Kohaku et Hisui, duo frère & sœur qui après avoir fait la rencontre de notre héros vont rapidement se faire rattraper par leur nemesis Incarose, sorcière ayant accessoirement pour but de tuer tous porteurs d'un Soma (équivalent d'armes mystiques). Kohaku a ainsi à peine le temps de récupérer le sien que la vilaine méchante lui balance un sort qui va corrompre son âme. Et comme vous êtes le gentil, également porteur d'un Soma qui plus est, vous allez tenter de la sauver en pénétrant dans son subconscient. Et comme vous êtes un incapable de première, la manœuvre va lamentablement échouer et la totalité des émotions de la jeune fille va s'éparpiller aux quatre coins du monde façon boules de cristal, ne lui laissant que la gentillesse (c'est meugnon).
Bon on se moque mais devant ce scénario qui va rester bon enfant d'un bout à l'autre du jeu, les développeurs ont au moins réussi à insuffler une bonne dose d'humour plutôt facile à placer avec des protagonistes tous plus caricaturaux les uns que les autres, avec le grand frère ultra protecteur prêt à broyer la tête du premier qui touche à sa sœur à Gall, personnage inédit créé pour ce remake qui n'apporte pas grand-chose au background mais dont certains des dialogues l'impliquant prêteront également à sourire. Une sorte de
Tales of pour les plus jeunes joueurs en somme, s'éloignant clairement des meilleurs personnages de la série pour offrir quelque chose d'à peu-près digne d'un anime lambda qui ne se prend pas la tête. Ca choquera peut-être certains fans mais on va dire qu'il en faut pour tout le monde et au moins, ça a le mérite de ne jamais être totalement barbant...
Quand au reste, hé bien... c'est un peu le
Tales of de base. On parlait de
Tales of pour les plus jeunes mais on pourrait également évoquer le terme « Tales of pour les nuls » ou « Mon premier Tales of ». Car à aucun moment, les développeurs n'ont souhaiter apporter une étincelle qui permettrait à cet épisode de se démarquer des autres. La progression est classique, toujours balisé et avec même la possibilité d'enclencher une scénettes de rappel pour savoir où aller (au cas où). La progression n'est marquée que par la mise en place d'un système de points à placer sur une sorte de fleurs, ce qui ne bouleversera rien vu que de toute manière, la totalité des capacités sera acquises par chacun et hormis le fait de pouvoir y débloquer de nouveaux Soma, rien de réellement marquant. Même chose pour le système de combat qui fait dans le melting-pot en étant suffisamment efficace : on utilise la croix pour rester sur un plan fixe (avec l'ennemi au bout) et en cas de grosses attaques en face ou l'envie de changer de cible, il suffit d'utiliser le stick pour se mouvoir en 3D. Combos, Arts, liens à développer entre les persos... On est en terrain connu avec comme petite pincée de sel des super-coups une fois qu'on a martelé la tronche de l'ennemi et même des attaques doubles. Notons d'ailleurs que ces dernières demandent expressément d'appuyer sur le visage d'un allié pour l'enclencher, donc autant dire que vous allez particulièrement en chier sur PlayStation TV.
Les plus | Les moins |
+ Système de combat efficace
+ Certaines musiques
+ Certains personnages
+ Humour bon enfant
+ Traduit et en boîte
+ Le Tales of idéal pour débuter | - Vraiment laid
- Moins de charme que sur DS
- Mise en scène de la honte
- Aucun réel travail en somme
- Et vraiment très classique |
Conclusion : Une note à prendre comme une moyenne entre le 7 dédié aux plus jeunes joueurs qui veulent découvrir la série sans avoir de complications (plus accessoirement ceux qui sont en gros manque de J-RPG) et le 5 pour les habitués. Car Tales of Hearts R n'est pas foncièrement mauvais, juste qu'il est beaucoup trop classique aujourd'hui sachant que l'excuse de « l'épisode portable » ne peut décemment pas fonctionner au regard des capacités de la machine. Surtout graphiquement. Dommage car pour une fois qu'on avait un RPG traduit en France...