Arte consacre sa soirée à David Lynch avec la programmation de Mulholland Drive (140 mn) à 20h 50 suivi de Lost Highway (129 mn) à 23h 15. Bonne soirée !
Le labyrinthe des rêves
Rares sont les films ayant suscité une telle fascination. De ce qui était au départ l’épisode pilote d’une série télévisée (désavoué par ses commanditaires), David Lynch a su tirer la quintessence de son univers et de ses obsessions. L’étrangeté et l’angoisse tapies sous la surface lisse du décor se mêlent à la quête d’identité et au dédoublement des personnages, dans une ronde onirique qui égare le spectateur autant qu’il le séduit. Naomi Watts et Laura Elena Harring, splendides, incarnent chacune une icône de l’usine à rêves et son contraire. Cadrages sophistiqués et déroutants, maestria du montage, bande-son lancinante et vénéneuse : tout l’art de Lynch se déploie pour former un spectacle hypnotique et obsédant. Sans oublier un humour quasi absurde, qui éclate dans les situations les plus incongrues.
Schizophrénie
Depuis Eraserhead, son premier long métrage (1977), David Lynch manipule les images oniriques, rêves ou plutôt cauchemars éveillés, à la frontière de la démence. Dans Lost Highway, cette folie s’exprime par un scénario éclaté, des souvenirs confus et des personnages qui se dédoublent, dans des décors étrangement dépouillés. Patricia Arquette, qui incarne à la fois Renee et Alice, joue sur le contraste fantasmatique entre douceur et perversité, ce qui provoque une angoisse très spécifique au cinéma de David Lynch. L'intrigue de Lost Highway fascine et dérange. Elle donne les clefs de sa compréhension tout en annonçant déjà qu’elle ne se livrera jamais totalement. Du grand art.