Ca y est, le premier né du studio « Acid Wizard » composé de 4 jeunes polonais est disponible depuis 1 semaine en accès anticipé sur steam, soit environ 1 an après une campagne Kickstarter réussie. « Encore un @*%# de jeu en accès anticipé » me direz-vous et à ça je vous répondrai qu’il faut bien avouer que cette formule s’avère particulièrement intéressante pour ce genre de petit studio afin de garantir le jeu le moins buggé et le mieux équilibré possible lors de sa « vraie » sortie. Le jeu ne sortira qu’en anglais et en polonais, dans un premier temps en tout cas, donc les purs francophones sont bons pour passer leur chemin.
Histoire de plonger dans le vif du sujet, Darkwood se classe sans problème dans la catégorie «survival horreur » en proposant d’incarner un personnage dont on ne sait rien, perdu dans des bois dont on en connait pas beaucoup plus, et qui essaye d’en sortir sans trop savoir comment. On peut dire qu’au moins l’histoire préserve des maux de tête mais les choses ne sont malheureusement (ou heureusement en fait) pas aussi simples. D’une manière générale, le jeu n’a aucunement l’intention de vous prendre par la main et de vous dire clairement ce qu’il faut faire, aussi bien pour progresser dans la trame scénaristique que pour survivre. L’apprentissage se fera donc dans la douleur, le sang et les cris, un peu comme si pour vous apprendre à skier, on vous enfilerait l’équipement avant de vous pousser du haut d’une piste noire sans rien dire, avec un grand sourire. On même temps on est dans un survival horror donc on est là pour ça…
Le jeu se déroule en 2 phases bien distinctes : le jour et la nuit. Le jour s’avère être le moment idéal pour quitter la construction à moitié en ruine qui nous sert de lieu de villégiature et partir à l’exploration des environs. Ca sera donc l’occasion de rassembler des matières premières indispensables pour le craft d’armes, de pièges, systèmes d’éclairage et autres choses qui vont permettront de faire connaissance avec les autochtones sans vous retrouver les entrailles à l’air. En effet la forêt semble avoir été touchée par un genre de peste qui n’a pas laissée les rares survivants indemnes psychologiquement et ceux qui ne tenteront pas de vous charcuter auront des conversations plutôt… étranges mais indispensables à la compréhension de l’histoire et de ce qu’on attend du joueur. Notons que le jeu donne sans problème dans le fantastique en proposant certains npc qui n’ont pas grand-chose d’humain et certaines créatures qui semblent venir tout droit d’un livre de Lovecraft. L’exploration s’avère donc plutôt risquée et mieux vaut avoir de quoi se défendre le plus rapidement possible.
Les phases nocturnes constituent les moments où Darkwood saura le mieux vous donner des sueurs froides. Le jeu vous forcera à revenir à votre « habitation » avant la tombée de la nuit afin de boire à l’eau d’un puit se situant à proximité, le puit ne se remplissant étrangement que la nuit et il s’avère que boire est une idée plutôt bonne quand on cherche à survivre. De plus se trouver à l’intérieur d’un bâtiment est également une excellente idée pour les non-suicidaires : la forêt devient un véritable enfer une fois la nuit tombée. Le jeu prend donc des airs de house defender (je sais, encore un terme anglais mais de l’anglais vous allez en bouffer dans ce jeu) et on comprend vite que barricader les entrée, poser des pièges à loup et se constituer un arsenal de guerre est vital durant les phases diurnes pour espérer passer la nuit sans trop de dommages. Petit conseil : même si vous avez trouvé de l’essence pour alimenter votre générateur, essayez de rester le plus possible dans le noir, sans faire de bruit… Mais bon selon les créatures qui vous attaquent ça ne marche pas toujours

En plus les bruitages du jeu sont particulièrement réussis et rester dans l’obscurité en entendant des râles, aboiements et meubles qui trainent au sol peut s’avérer fastidieux pour vos nerfs.
Avec tout ça vous avez compris que vous allez mourir souvent et on comprend aussi pourquoi les développeurs ont rapidement abandonné l’idée d’une mort permanente, faisant tout recommencer à zéro… surtout que l’environnement de chaque partie et généré de manière procédurale. Les lieux à visiter ne seront jamais situés aux mêmes endroits, l’agencement des pièces des bâtiments (dont votre habitation) ne sera jamais identique et vous ne croiserez pas forcement les mêmes créatures d’une partie à l’autre. La mort ne sera donc pas définitive et vous vous réveillerez le jour suivant avec l’ensemble de votre équipement ayant pris un sérieux coup dans la jauge de durabilité et démuni de la dernière compétence que vous avez acquérie.
On en arrive donc au système de compétences (notez la transition particulièrement réussie). Le jeu ne propose pas un système de level up mais plutôt un système de toxicomanie (rappelez vous du nom du studio...) : comprenez que vous allez devoir vous faire des injections à base des champignons mutagènes que vous allez récolter au cours de vos balades. Votre personnage va donc perdre progressivement de son humanité en mutant, afin de gagner des caractéristiques particulières qu’il faudra choisir : meilleure endurance, diminution de l’agressivité des bêtes, troisième œil pour améliorer le champ de vision… Sachant qu’on finira par également choisir des malus comme une vitesse de déplacement diminuée ou une plus grande sensibilité au poison, muter n’ayant pas que du bon (surtout que des caractéristiques notables comme un troisième œil rendront bizarrement les npc un peu plus méfiants à votre égard).
Côté technique le jeu propose un point de vue situé au dessus, plutôt inhabituel pour le genre. Les éléments important du décor, les npc et ennemis n’apparaissent à l’écran que lorsqu’ils sont situés dans le champ de vision du personnage et à condition que l’éclairage soit suffisant. La position de la caméra ne vous empêchera donc pas d’être surpris par derrière… Globalement c’est très agréable à l’œil : les décors sont détaillés, les éclairages réussies tout comme les effets météorologiques et les animations sont soignées. Je regrette juste que la résolution du jeu ne soit pas plus importante. Côté musique et bruitage, c’est du tout bon : jouez avec un casque si vous le pouvez.
Pour conclure je dirais que Darkwood a toutes les cartes en mains pour devenir un incontournable du survival horror : l’ambiance est particulièrement réussie, le gameplay est efficace et propose une myriade de possibilités. Reste à voir si l’histoire nous donnera envie d’en savoir plus. Un jeu à surveiller pour les amateurs du genre. Personnellement il m’a déjà fait avoir quelques gros sursauts et de bons moments d’angoisse ^^