C'était il y a deux ans : Nintendo créait la surprise (et c'est peu de le dire) en annonçant le financement de Bayonetta 2 pour en faire une exclusivité Wii U. Un joli coup de poker, surtout au regard de la qualité du jeu.
Inutile de perdre du temps et allons directement à l'indéniable gros point faible du jeu : son scénario. L'introduction pose pourtant un synopsis intéressant avec l'affrontement régulier face à quelques bestioles des autres univers jusqu'à placer une de nos invocations... qui foire totalement pour se retourner contre vous, et plus particulièrement contre Jeanne qui passe aussitôt de vie à trépas. Mais dans un univers où Paradis et Enfer se côtoient, la mort n'a rien d'une fatalité et la belle Bayonetta décide alors de sauver son amie en allant elle-même dans les ténèbres, histoire en passant de comprendre comment l'une de ses créatures a osé désobéir à ses ordres. Simpliste, mais efficace, jusqu'à ce que le jeu s'embourbe dans des dialogues longuets qui ne font pas avancer grand-chose.
Bayonetta 2 est en fait de ces jeux qui peuvent prétendre à la palme du scénario « inutilement compliqué », manquant cruellement de verve et d'accroche, et ce n'est pas les quelques rebondissements dans la dernière tranche qui changeront quelque chose au constat. Dommage également que les équipes n'utilisent pas ce qu'ils ont déjà en main et choisissent de laisser constamment de coté des personnages un peu plus originaux comme Rodin, Luka et Enzo, le premier n'ayant pour lui qu'une poignée de scènes dédiées, pire pour le second, quand le troisième disparaît de la circulation passé les premières minutes.
Et comme nous l'avions dit dans notre preview, en matière de choix, celui effectué pour mettre en scène une partie des cinématiques prêtera à débat. Sorte de parti-pris en forme d'hommage aux comics, les scènes en images quasi-fixes dénotent énormément avec le reste du jeu, surtout quand les « vraies » cinématiques envoient elle du lourd avec un coté kitsh assumé et incroyablement plaisant donnant l'impression que tout est possible dans cet univers déjanté. Ça explose à tout va et non content d'être porté par une bande-son pêchu et un excellent doublage japonais (ou US selon l'envie de chacun), le titre est fourni avec des graphismes clairement à la hauteur de nos attentes. Si sans maîtrise, la puissance n'est rien,
Bayonetta 2 prouve surtout qu'avec une bonne maîtrise, on peut faire des merveilles avec une puissance moindre que chez la concurrence. Si les décors urbains (heureusement peu nombreux) sont très moyens, le reste fait dans le sans-faute. Une véritable leçon de maîtrise avec certains combats de boss totalement fous, n'ayant presque rien à envier à
God of War 3.
Contrairement à bien des autres jeux d'action, la série
Bayonetta n'a jamais souhaité être un modèle en terme de level-design, et cela se ressent encore plus avec cette suite. Attention néanmoins, ceci ne peut être vraiment considéré comme un défaut mais disons que face à ceux qui veulent agrémenter leurs combats avec un peu d'exploration, de la plates-formes voir parfois des énigmes, le bébé de
Platinum Games fait lui le pari du 100 % action. Ou disons 95 % car il faut parfois fouiller un poil pour trouver quelques coffres. Cela se traduit par un cheminement plus ou moins comme suit : cinématique, combat, cinématique, combat, etc. En rajoutant de temps à autre une zone un peu plus large et des passages de run qui en mettent expressément plein la vue. Ça pourra en choquer certains mais qu'importe vu que cela fonctionne incroyablement bien. Pas de recyclage masqué, pas de passages à vide : ici, le rythme est à son paroxysme d'un bout à l'autre du jeu au point qu'on aura bien du mal à lâcher la manette durant la dizaine d'heures demandées pour atteindre les crédits de fin, en mode normal du moins.
Et croyez-le bien, on a hautement envie de recommencer l'aventure de suite dans une difficulté plus élevée. Pour de multiples raisons qu'on va vite évoquer plus bas mais la principale reste indéniablement le gameplay, d'une efficacité absolue. Si un
Ninja Gaiden va par exemple jouer sur une courbe d'apprentissage à la dur,
Bayonetta comme sa suite offrent cette sensation étrange que, dès le départ, on peut parvenir à faire des merveilles. Cela tient par un prise en main très simple, en tout cas davantage que ce que ne laissent suggérer les vidéos pour un non-habitué : des combos avec deux boutons en fonction de l'arme choisie, la possibilité d'esquiver pour enclencher un petit bullet-time et, une fois votre jauge de magie remplie, deux choix d'attaques spéciales (l'exécution sommaire sur un ennemi, hors boss, ou la furie pour augmenter portée et puissance de nos attaques). A partir de là, tout repose donc sur la mémorisation des pattern ennemis pour à chaque fois esquiver au bon moment et avec du skill, il est possible de s'en sortir même dans les modes de difficulté les plus hauts (dont un à débloquer).
Accessible et motivant en somme, surtout que tout est fait pour nous pousser à revenir avec le fait de conserver tous ses acquis dont l'argent qui servira à acheter de nouvelles armes, combos, accessoires et costumes, certains d'ordre esthétique comme dans le premier, d'autres tirés de l'univers Nintendo qui mine de rien restent un bonus relativement sympa à défaut d'être en adéquation avec la patte esthétique, qui de base ne plaît pas forcément à tous, et ce depuis le premier épisode. Si on rajoute cela un mode multijoueurs à deux en arène (amusant et permettant de gratter davantage d'argent, même s'il y avait probablement matière à faire mieux), des tampons Miiverse à chercher, des secrets à trouver, la possibilité de débloquer croquis, illustrations et vidéos, et la simple envie d'obtenir, comme à chaque fois avec Platinum, les meilleurs médailles à chaque session, on se retrouve avec un contenu pleinement satisfaisant, et sans le moindre DLC payant. Respect.
Et le premier épisode :
A moins de ne pas avoir suivi l'actualité depuis des mois, vous n'êtes pas sans savoir qu'une version Wii U du premier
Bayonetta accompagnera la sortie de sa suite, pouvant notamment être choppé en bundle pour ceux qui veulent le doublet sur un seul support ou tout simplement pour ceux ne l'ayant pas encore fait. Ces derniers auront d'ailleurs l'honneur de faire face à la « superior version », ce qui n'a rien de difficile au regard du support mais le simple fait de bénéficier de quelques textures affinés et d'un 60FPS constant et sans accroc est indéniablement une bonne nouvelle vu le genre. Pour le reste, aucun changement hormis l'ajout des fameux costumes Nintendo qui reste là encore plus un délire qu'autre chose, et une aventure toujours aussi réussie même si du coup légèrement inférieure à sa suite en terme de rythme et de folie.
Les plus | Les moins |
+ Le travail graphique
+ Mise en scène béton
+ Un gameplay profond et accessible
+ Certains combats inoubliables
+ 100 % action (ou presque)
+ L'envie d'y revenir
+ Du bon contenu (et sans DLC)
+ Bayonetta | - Scénario très moyen
- Casting mal exploité
- Le choix des scènes « Comics » |
Conclusion : Même si Platinum Games semble avoir une certaine tendance à suivre un rythme en dents de scie concernant la qualité de ses productions (Anarchy Reigns notamment...), Bayonetta restait unanimement jusqu'à ce jour leur meilleur titre. Sa suite fait encore mieux, faisant de cette exclusivité Nintendo l'un des meilleurs jeux de la machine et l'un des meilleurs représentants du genre action de ces dernières années. De quoi donner aux possesseurs de Wii U la possibilité de faire des jaloux.