Test jeu
Shadow Tactics: Blades of the Shogun
Genres: stratégie temps réel - infiltration
Développeur: Mimimi Productions
Éditeur: Daedalic Entertainment
Support: Steam (prochainement sur PS4 et Xbox One)
Sortie: 6 décembre 2016
Config recommandée
Système d'exploitation : Windows 7 64-bit or higher, Windows 8, Windows 10
Processeur : Intel i3 4th-Generation 3.5GHz, AMD Quad-Core 3.9GHz
Mémoire vive : 6 GB de mémoire
Graphiques : Nvidia GTX 570, AMD Radeon HD 6950, 2GB Vram
DirectX : Version 11
Espace disque : 13 GB d'espace disque disponible
Carte son : DirectX 9.0c Compatible Sound Card with Latest Drivers
Les seules fois où Commandos a sut être force de proposition auprès des joueurs console fut avec Commandos 2 porté sur PS2/Xbox en 2002 – avec une adaptation du gameplay au pad tout sauf intuitif - et Commandos : Strike Force en 2006. Un FPS décevant et hérétique à la saga de stratégie et d'infiltration de Pyro Studios. Autant dire que la série a clairement fait son affaire sur PC et jamais ailleurs. Aussi, ce que je m'apprête à dire ne trouvera pas écho chez tous les joueurs mais il n'empêche que c'est la vérité vrai ainsi. Commandos nous a manqué. Le postulat de départ de Shadow Tactics : Blades of the Shogun en est d'autant plus osé que le genre de jeu initié par Commandos (et Desperado, principalement) est aussi mort avec cette même série. Et ceci depuis plus de dix ans. Pensez donc, la surprise n'a d'égal que le plaisir de voir le studio allemand de Mimimi prendre des risque et accomplir un récital burné en l'honneur de ce type de jeu ultra exigeant mais diablement gratifiant.
À l'instar de Commandos et de Desperados, Shadow Tactics nous propose un voyage dans un pan populaire de l'Histoire de l'Humanité (non pas que la Seconde Guerre Mondiale soit populaire, mais il faut reconnaître que soixante dix ans plus tard, elle continue de nourrir abondement l'imaginaire de tous les auteurs de fiction), à savoir le Japon féodal du XVIIème siècle. Des siècles de guerres de clans viennent de s’achever avec la bataille de Sekigahara, qui a rendu vainqueur Ieyasu Tokugawa. Celui-ci s’impose comme le shogun et règne sur le pays du soleil levant. Mais déjà des conspirateurs entendent déstabiliser le jeune pouvoir en place par moult manœuvres obscures et trahisons rondement pensées. C'est dans ce cadre propice aux intrigues et à la stratégie que se pose l'action du soft. Au programme, cinq personnages aux spécificités martiales bien précises. Pour commencer, Hayato est un ninja rapide et agile qui peut se servir de son grappin et de shuriken. Yuki, son apprentie est plus rusée encore car capable de poser des pièges pour attirer les gardes selon leurs tours de ronde. Mugen, le samouraï est un véritable guerrier. Fort au combat mais pas invincible, il peut déjouer l'attention des ennemis en les leurrant avec du saké. Aiko, la seule femme du groupe est une courtisane raffinée qui peut charmer les unités adverses pour éviter les combats. Et enfin, Takuma préfère observer à distance avec son fusil de précision ou envoyer son petit tanuki apprivoisé pour faire diversion.

Sur pas moins de treize missions (qui ne consistent pas toutes à assassiner nos ennemis. Il nous faudra collecter des informations, subtiliser un précieux document, escorter une cible...), de vastes cartes s'offrent à nous. La vue isométrique avec zoom et rotation libre nous donne un aperçu d'ensemble de la disposition des éléments du décors. Une phase d'observation intensive sera absolument nécessaire pour bien débuter le jeu. Ici, strictement impossible de foncer tête baissée. Les mots prévision et stratégie n'ont jamais été aussi lourds de sens qu'avec Shadow Tactics. Même avec certains de nos héros les plus costauds, les combats ne sont pas aisés et à éviter à tout prix en faveur de l'infiltration et de la ruse. En couplant les nombreuses possibilités d'exploration de la carte et cachettes offertes par ces dernières (toits, buissons, renfoncements, trous...) et les capacités de nos unités, il faudra remplir de nombreux objectifs. Chaque ennemi dispose d'une capacité d'attention plus ou moins élevée, symbolisée comme le veut le genre par un cône de vision de couleur diverse. Limité par différents éléments tels que la distance, les obstacles physiques ou l'état d'alerte des unités, l'essentiel est de ne jamais croiser le regard de prêt ou de loin d'un soldat ennemi. Se faire repérer est si punitif que le système pousse très vite le joueur à user et abuser de la touche F5 à tel point que cela tournerait presque à de l'attouchement... Le quicksave et le quickload vont devenir vos plus fidèles alliés pendant les longues séquences de remue-méninges de Shadow Tactics !
La quantité de voies possibles et de possibilités de dissimulation offertes par les décors, foisonnants, va de pair avec les actions du quintet de combattants à notre disposition. Rarement vous n'aurez un type d'approche identique d'une partie à l'autre. Reste à vous d'établir la façon qui vous facilite le plus la tâche et le chemin qui vous semble plus sécurisé. D'un bout à l'autre du jeu, on sent la minutie du studio qui a disposé les sentinelles avec exactitude, qui a calculé les timings et qui a prévu les ouvertures sans jamais qu'elles aient l'air de brèche béante. Rien n'est trop grossier, tout est subtil, et il faut tenter au moins une fois sa chance pour savoir si telle ou telle manœuvre est possible ou pas. Il faut vraiment se rendre compte de l'intelligence de la disposition du décors qui offre un panel d'action possible étourdissant.
Jeter un caillou suffira à faire regarder un garde à côté l'espace de deux ou trois secondes. Un timing millimétré est requis. Yuki peut jouer de l'appeau pour imiter un bruitage animal dans le même but. Faire peur à un troupeau de bœuf causera une diversion conséquente dans les rangs ennemis. Faire chuter un objet lourd d'une hauteur tuera brutalement un garde tout en ayant l'air d'un accident, ce qui mobilisera pendant un temps quelques unités auparavant placées de façon problématique sur la route de votre prochain objectif. Mais certaines unités à la conscience professionnelle à l'extrême inverse de nos chers politiciens français ne se laisseront pas corrompre aussi facilement et il sera indispensable de les égorger et de cacher leur cadavre pour pouvoir libérer la voie. Dans le même ordre d'idée, certains ne se laisseront pas avoir par les plantureux charmes de Aiko ni par la généreuse bouteille de saké de Mugen. L'IA est revêche et n'hésitera pas à grimper aux échelles ou à fouiller les buissons pour vous chasser. Vos pas dans la neige seront naturellement suivis et les flaques d'eau feront du bruit auquel les gardes seront attentifs.
À la réussite de ces options riches et parfaitement huilées, il faut ensuite combiner un level design qui mettra tout le monde d'accord. Le soft joue beaucoup avec la verticalité, on constate vite que le réalisme disparaît pour laisser place à la mécanique pure guidée par un timing précis. Il faut toujours penser à considérer les hauteurs tout comme les profondeurs des environnements pour découvrir des passages détournés. Fort de l'héritage des map offrant plusieurs approches possibles, les développeurs ont sut apporter une bonne dose de modernité à la recette avec des idées de leur cru. Par exemple, l'interface permet de planifier des actions simultanées entre deux personnages, ce qui augmente le nombre de stratégies face à la difficulté réelle du jeu. Que c'est furieusement satisfaisant d'observer le patern d'une troupe de garde pendant de longue minute, échafauder un plan, déplacer soigneusement nos unités et mettre en œuvre leurs actions finales en parfaite coordination pour voir plusieurs ennemis chuter en même temps ! Le jeu est exigeant et aime particulièrement aiguillonner au flanc le joueur avide de challenge et de réflexion. En démontre cette collection de défi au sein de chaque mission qui s'occupera de rendre fou tous les passionnés des 100%.

Visuellement, le titre a un charme fou. Japon féodal oblige, Mimimi nous invite dans des régions aussi exotiques que propice à toutes sortes de manœuvre d'infiltration comme des palais et des monastères à plusieurs étages, avec balcons et tunnels labyrinthiques en prime. Rizières, zones rurales ou boisées et jardins fleuris superbement colorés obtiennent la vie par l'usage d'un simili cel shading maîtrisé à la perfection. L'évolution scénaristique du soft est prétexte pour proposer des variations au fil des missions. Ainsi, certains niveaux seront de nuit ou sous la pluie, offrant autant de possibilité de gameplay (faire attention aux torches qui trahissent notre présence de très loin, ou certaines corniches qui sous l'effet de l'eau ruisselante sont glissantes et mortelles) que d'effet graphiques inédits. Rappelant les estampes typiquement nippones dans une 2D fine et détaillée, Shadow Tactics se pare d'une touche artistique distinguée.
Mais là où Shadow Tactics se démarque réellement des autres jeux du genre, c'est au niveau de sa facette narrative. En effet, là où la série des Commandos était très forte pour empiler les clichés en nous présentant des personnages binaires mais souvent aphones tels que le bourru béret vert ou le pragmatique expert en explosifs, le titre de Mimimi développe bien plus sa galerie de protagoniste. Il est évident que cela n'a rien à voir avec les cutscene interminables d'un J-RPG très volubile à la Sen no Kiseki. Tout se fera en réalité de façon plus digeste, au détour d'un briefing où chaque personnage s'échangera quelques mots. Ou à l'occasion de répliques envoyées en temps réel lors de l’exécution d'actions clés. On arrive à mettre en évidence des traits de caractère bien déterminés pour chacun des personnages du jeu et on se prend inévitablement d'affection pour au moins l'un d'eux. Ceux qui, probablement indirectement conditionnera notre façon de jouer et d'aborder les dangers d'une map. Les dialogues sont surprenants tant ils font mouche et en sus, le doublage japonais assure une ambiance optimale. Point de twist final à vous retourner le cerveau comme dans Matrix, ou de grande morale sur la lutte fondamentale du Bien contre le Mal à la Star Wars. Mais c'était de bon aloi de préciser et vu que les autres jeux du genre ne proposent rien d'équivalent, Shadow Tactics en fait manifestement un de ses atouts.
Avec tout ce qui a été dit ci-dessus, difficile de reprocher quoique ce soit à ce jeu qui sent bon l'authentique. Si on gratte, on peut éventuellement se dire qu'il est dommage que le titre édité par Daedalic ne soit pas un peu plus permissif. Il propose déjà une variété d'action possible absolument faramineuse, mais il s'avère cruel dès lors qu'on se fait repérer. Obligeant ainsi le joueur à multiplier les reset et retour en arrière pour affiner ses manœuvres jusqu'à la perfection. Le combat direct n'est que trop peu toléré et finalement, seule la discrétion et la ruse seront de mise. Mais est-ce réellement une tare ? Paradoxalement, c'est dans cette restriction que le jeu gagne toute sa saveur. Le défi est intelligent, très exigeant, mais à aucun moment il ne paraît injuste. Au contraire, à chaque objectif rempli au terme de quarante cinq minutes - parfois le double ! - de mouvements savamment étudiés, la satisfaction se fait lumineuse. Le côté obscur d'un tel enrobage graphique, d'exception, c'est les temps de chargement initiaux (ceux intervenant en début de chaque mission pour charger la carte), vraiment très conséquents. Mais là encore, quand on constate le travail d'orfèvre d'une générosité impressionnante opéré par les gens de Mimimi, ce défaut devient tout relatif.
Plus qu'un hommage aux regrettés Commandos, Desperados et autre Robin Hood de Spellbound Entertainment, Shadow Tactics : Blades of the Shogun est une véritable déclaration d'amour au « plan qui se déroule sans accro » comme le cantonnerait le sémillant Hannibal de l'Agence tout-risque. Après avoir rendu une copie sympathique mais sans grande ambition avec The Last Tinker, le studio Mimimi change complètement de registre et aborde un sujet qu'il maitrise visiblement très, très bien. Impressionnant tour de force que de ressusciter à lui seul le genre Commandos, Shadow Tactics ne sacrifie en rien l’exigence de son aîné et se permet même de dépoussiérer activement son modèle avec une scénarisation plus en avant ou des mécaniques de gameplay supplémentaires. Impitoyable mais fichtrement intelligent, le jeu propose un challenge et une expérience hautement intéressant quand bien même sa difficulté pourra en rebuter plus d'un. Généreux en terme de possibilité, ultra cohérent et disposant d'une durée de vie conséquente (20 heures), il convainc tant par son fond que par sa forme. Il fait figure de presqu'ovni dans le paysage vidéoludique actuel. Sorti en toute fin d'année 2016, il s'installe comme un incontestable de l'année suivante sans soucis. Vierge de défaut majeur, Shadow Tactics est en définitif un titre d'une rare qualité.
9/10
Musiques écoutées pendant l'écriture de cet article:
- Tengami OST : The Awakening
- Soul Calibur II OST : Brave Sword Braver Soul
- Final Fantasy XII OST : The Dalmasca Estersand

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posted the 02/05/2017 at 04:23 PM by
anakaris
J'ai même choppé le collector pour le coup.
Un de mes GOTY 2017 très clairement, un coup de cœur fantastique !
Ce jeu a l'air monstrueuuuu par contre !
Vivement la version ps4 !
Chui à la mission 6, celle de nuit !!
momotaros viens voir ici le test du jeu dont on avait parlé. Il sort cette année sur ps4one
torotoro59 c'est vrai ? Après j'imagine les commandes ne sont pas trop bien adaptée avec les manettes
http://www.xboxygen.com/Medias/Videos/23497-Shadow-Tactics-Blades-of-the-Shogun-repousse-en-2017-sur-consoles
Bon je vais attendre sagement le portage du coup ^^
- Tengami OST : The Awakening
- Soul Calibur II OST : Brave Sword Braver Soul
- Final Fantasy XII OST : The Dalmasca Estersand
Donc si je comprends bien l'article a été complété en moins de 14 min?
Un RTS avec collecte de ressource pour contruire ses unités ?
eldrick bien sûr que non. Mais j'allais pas mettre toutes les musiques que j'ai écouté lors de l'écriture du test sinon ça aurait pris 20 lignes. On test un jeu, on parle pas du dernier album de Metallica. Donc à chaque test je me fixe une limite de 3 musiques à afficher même si je prend 2h à écrire
donc si je comprend bien, nous n'avons pas un seul RTS avec collecte de ressource sur ps4 ??
Dans le même genre(sans le côté infiltration, et en moins réussi que Shogun), et qui a déjà quelques années, il y a Hard West également, c'est sorti sur PC à une 20aine d'€, par contre je ne sais pas si une version console est sortie.
Comme tu t'en doutes, ça se passe au far west, le défaut dont je me souviens, c'était que je trouvais que l'IA était cheatée à l'époque, ie, l'IA ratait beaucoup moins ses tir par rapport à tes unités et bon au bout d'un moment ça devenait vraiment frustrant. Après, depuis il y a peut être eut des patchs hein.
vbollore ce n'est pas du tout ce qu'on attend sur PS4
Ce genre de jeu, les STR, 4X etc n'ont jamais été populaire ne serait-ce qu'un tout petit peu sur console. Pour 50 jeux du genre qui sort sur PC en une année on en aura 2 ou 3 porté sur console.