Les AAA français ne sont pas encore légions, mais savent se démarquer en temps voulu. Alors que 2012 a vu naître ZombiU et Dishonored, 2013 sera marqué par Beyond, Rayman Legends et Remember Me. C'est ce dernier cas qui nous intéresse ici. Première production du studio DONTNOD qui a par le passé fait face à un abandon de Sony (il s'agissait à la base d'une exclue PS3), le projet fut par la suite récupéré par Capcom, toujours désireux d'étoffer son catalogue. Voyons voir si on se « souviendra » longtemps de cet essai.
Comme souvent dans les productions qui évoquent l'un des futurs possibles de notre monde, Remember Me présente l'avenir comme pas très reluisant. La capitale française en 2084 n'est plus que l'ombre d'elle-même. Pas forcément moche vu de loin, ses profondeurs font preuve d'un passé trouble qui a vu la destruction, obligeant le gouvernement à construire une nouvelle ville sur les ruines, probablement par pur soucis d'économie. Après tout, on ignore encore quand la crise prendra fin. Tout Paris est donc ici le Vieux-Paris, avec ses relents d'une Seine devenue majoritairement radioactif et ses quartiers désaffectés où se mêlent la plèbe locale, tandis que les riches se la coulent douce dans des bâtisses surélevées. Un pitch presque classique auquel vient d'ajouter la notion de « mémoire ». Si Total Recall nous proposait de créer de nouveaux souvenirs, Remember Me fait l'apologie d'un business centré sur notre cerveau, où un couple peut s'échanger ses ressentis passés pour que chacun puisse se rendre compte des sentiments de l'autre. Mais les mauvais cotés sont là, incarnés par la société mère qui semble prendre un malin plaisir à contrôler le peuple grâce à ce marché, quitte à effacer la mémoire des plus récalcitrants. C'est dans ce contexte que vous incarnez Nilin, amnésique enfermée dans la grande prison de la Bastille qui ne devra son sauvetage de l'abattoir qu'à l'intervention de Edge, hackeur issu d'un groupuscule rebelle.
Ce qui démarrait très bien s'essouffle malheureusement très rapidement. Niveau intérêt scénaristique, on reste plus proche de Total Recall (le reboot pas terrible) que d'un Nolan survolté et c'est fort dommage vu l'originalité du contexte et la manière dont les développeurs ont travaillé le background. Comme souvent dans ce genre de jeu, il sera possible de fouiner le décors à la recherche de documents nous renseignant sur un univers plutôt travaillé, et surtout très bien mis en scène dans des décors très détaillés, malgré certains niveaux un poil plus quelconque que d'autres et qui ne prête pas toujours à la variété. Il faut en bref être fan des recoins urbains/industriels à la pelle quoi. Même chose pour les personnages dont la plupart manque totalement d'intérêt et qui bénéficie de base d'un doublage français pas toujours parfait, et parfois tué par une synchronisation labiale défaillante (jusqu'à parfois voir l'héroïne ouvrir la bouche sans qu'un son n'en sorte). Un comble pour un jeu local. Pour les intéressés, sachez tout de même qu'on peut changer le doublage dans les options.
Linéaire jusqu'à l'os, le titre se joue à la manière d'un Uncharted : beaucoup de phases de grimpettes, de l'action entre deux, quelques très rares énigmes expédiées en cinq secondes et enfin des passages façon grand spectacle, ici très rares. On ne cachera pas que l'essentiel de l'intérêt se porte de toute manière dans les combats, disposant ici d'un système assez original malgré des bases clairement reprises de la saga Batman Arkham, avec des combos qui s'enchaînent sans mal, le tout étant également basé sur un système d'esquive, faute de parade. Le changement vient du fait que le tout est entièrement paramétrable, via un menu « laboratoire » où, au fur et à mesure de l'aventure, on disposera de combo de plus en plus long en y incorporant ses propres effets : force, régénération de vie, régénération de focus, boost. Ainsi, on peut mettre en place des combos mixtes ou répartir chaque effet dans des listes différentes pour s'adapter aux situations, sachant que les choix s'avèrent très limités au début.
L'ennui, c'est que même ave toute ces bonnes intentions, la mollesse s'installe. Batman Arkham avait été suffisamment malin pour proposer quelque chose de simple mais également de très profond tout en étant surtout accrocheur, et ce en incorporant un principe de « combo frappes » qui grimpait tant qu'on enchaînait les coups sans se faire toucher, offrant un boost d'expérience en fin de combat. Ici, impossible de passer d'en ennemi à l'autre durant le même combo autrement que par une furie. De plus, en étant suffisamment judicieux, il suffit de bien répartir ses « capsules » pour torcher le jeu en difficile en utilisant uniquement deux combos, ce qui reste susceptible de poser un poil de lassitude malgré un bestiaire qui se renouvelle un peu et surtout des pouvoirs psychiques, allant de la furie précédemment évoqué à la bombe humaine en passant par une explosion de hacking brisant les barrières des adversaires alentours. Seuls les quelques combats de boss rehausseront le niveau, de même que les joutes des dernières heures qui mêleront plusieurs types d'ennemis à la fois.
On s'attardera également sur la notion de souvenirs qui, mine de rien, est la base du jeu. Malheureusement, cette base s'avère assez mal exploitée alors que les possibilités ne manquaient pas pour partir dans des trips. Ainsi, cet élément principal du scénario ne se retrouve que dans deux types de passage : le système qui permet de visualiser ce que quelqu'un d'autre a précédemment effectué pour trouver la voie à suivre (principe qui se répète jusqu'à la fin) et enfin les modifications de souvenirs, l'une des indéniables originalités du titre, pourtant là aussi sujet à débats coté intérêt. Assez rares, ces moments nous proposent de remonter à un certain moment du passé de x protagoniste pour assister à une scène importante de sa vie. Une fois la chose visualisée, on peut faire des avances et retours rapides pour déclencher des petits « effets papillons » (bouteille qui tombe, objet qui se met en marche...) pour changer le dénouement et ainsi brouiller la mémoire de l'individu, avec même possibilité de tomber dans des paradoxes qui mèneront à l'échec. Une jolie trouvaille qui n'a rien de très fun manette en main.
Car on se rend vite compte que tout n'est ici que fruit du hasard. Alors que les développeurs auraient pu poser des solutions très logiques à ces « puzzles », qui demanderaient évidemment un minimum de jugeote pour trouver la faille du premier coup avec aussi pourquoi pas de multiples possibilités pour arriver à ses fins, tout s'avère ici comme le reste du jeu -totalement linéaire- et on ne peut rien faire d'autre que tâter tout ce qui est possible en espérant juste que ça finisse par fonctionner. Une sorte de Die & Retry, sans le Die quoi. Notons tout de même que les effets de mise en scène de ces séquences sont des plus réussies, tout comme le fait que tout s'adapte aux événements déclenchés sans le moindre temps de chargement. Toujours ça de pris. Au final, on vit l'aventure sans soupir mais sans grand engouement non plus. Plutôt généreux dans les faits avec une dizaine d'heures minimum au compteur, plus en fouinant un peu, le titre ne propose par contre aucune forme de replay-value, la linéarité totale et le manque de sensations de l'ensemble n'étant pas vraiment susceptible de pousser le joueur à se lancer dans un second rush.
Les plus
Les moins
+ L'originalité de l'univers
+ Bon travail technique et esthétique
+ Quelques bonnes idées
- Ultra linéaire
- Synchro labiale loupée
- Séquences souvenirs mal exploitées
- Système de combat mou et pas vraiment fun
Conclusion : Remember Me est l'incarnation typique du jeu qu'on a moyennement apprécié et dont on souhaiterait pourtant une suite tant les bases sont là pour apporter du lourd avec davantage d'ambitions et de talents. Non, ce n'est pas un mauvais jeu mais level-design comme gameplay n'auraient pu faire mouche qu'en début de génération. Cette dernière arrivant à son terme après avoir vu passer des monstres, même vieux de quelques années, difficile de faire une courbette devant ce petit jeu d'action qui aura bien du mal à devenir une référence. A essayer à petit prix.
Remember Me est un titre intéressant. J'ai bien aimé l'ambiance qui s'est retire, un futur Parisien Utopique, un character principal attachant et de "bonne composition" , des décors certes fixes mais très travaillés. Seul bémol, le système de combat pas assez abouti mais pas désagréable. Un bon début pour ce qui peut être un licence à poursuivre. Un jeu de ce gabarit dans un univers futuriste fait du bien ! J'y ai passé un bon moment.
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