Si vous avez bonne mémoire, vous devez vous souvenir que le premier épisode de
Crackdown avait misé une bonne partie de son succès en offrant à l'époque un accès à la bêta très attendue d'
Halo 3. Oh, il est vrai que
Zone of the Enders avait fait de même avec sa démo jouable de
Metal Gear Solid 2, ce qui n'a pas empêché sa suite d'être clairement supérieur sur tous les points, en devenant même l'un des meilleurs jeux d'action de la PlayStation 2. Alors,
Crackdown 2, nouvelle référence de l'action en coopération sur Xbox 360 ? Clairement pas.
L'histoire de cette suite prend place dans la même ville que le premier opus, c'est-à-dire Pacific City. Mais quand on dit la même, c'est vraiment la même : mêmes rues, même architecture globales, etc. De quoi offrir en quelques secondes à ceux qui ont retourné la précédente aventure une fâcheuse impression de « grosse extension ». Les seuls changements viennent donc surtout de décors un peu plus délabrés que par le passé et des rencontres hostiles qui vont varier selon que vous évoluiez de jour ou de nuit. En effet, en plus des multiples factions ennemis dont on ignore les objectifs d'un bout à l'autre du jeu, des zombies à la
Left 4 Dead s'amusent à envahir les rues la nuit, qu'il faudra également tuer avec si possible des armes spéciales pour plus de dégâts ou en usant de vos poings, voir des pneus d'un véhicule pour aller encore plus vite. Des véhicules car oui, au cas où vous ne seriez pas encore au courant,
Crackdown 2 est un sandbox, un jeu ouvert donc où on pourra évoluer d'un bout à l'autre de la ville sans le moindre temps de chargement. Mais croyez-le, ça ne vous aidera pas pour autant à prendre un pied d'enfer.
Car on s'ennuie dans ce jeu, mais alors bien. Imaginez un peu. Après une séance d'entraînement où vous devrez commencer à subir la voix de votre supérieur qui vous donnera en solo comme en multi envie de vous tirer une balle à la longue (elle est heureusement désactivable), vous débuterez enfin votre massacre dans Pacific City, qui pour le coup porte bien mal son nom. Les premières missions d'initiation terminées, vous êtes enfin libre d'aller à l'objectif que vous souhaitez, qui peut aller de l'activation d'un engin à l'intégration de points stratégiques en passant par quelques courses ou encore la fermeture de nid à zombies. Dans tous les cas, sauf dans les courses évidemment, aucune stratégie ne sera à adopter puisqu'il suffira de tuer tout les ennemis qui se dresseront devant vous, en évitant si possible de toucher les quelques civils pour ne pas avoir les forces de police sur le dos, de toute manière insignifiantes. L'ennui, c'est que le jeu ne se renouvelle à aucun moment et peut se terminer ainsi en une demi-douzaine d'heures sans la moindre évolution du scénario autre que « buter tout le monde ».
Heureusement, on trouve quelques bons points dans le gameplay, particulièrement avec cette petite notion RPG dans les capacités du personnage. Pour faire simple, ce dernier possède cinq caractéristiques qu'il devra améliorer pour faire de lui un bon combattant : l'agilité, les armes à feu, le corps-à-corps, les explosifs et la conduite. Selon votre façon de jouer, vous gagnerez des bonus d'expérience qui iront directement se greffer dans un de ces cinq points, par exemple si vous tuez des ennemis en leur tirant dessus, en les cognant ou en utilisant des lance-roquettes, voir des grenades. Dans chacun de ces cas, on pourra gagner de nouvelles armes, augmenter notre force (pour porter une voiture par exemple) et améliorer notre précision. Il y a également la conduite donc qui demande tout simplement de rouler sur des ennemis pour vous donner à la longue une meilleure maitrise et, enfin, l'agilité qui vous obligera à fouiller les niveaux à la recherche d'orbes vertes pour vous permettre de sauter de plus en plus haut. Une excellente idée, mais qui n'a rien de révolutionnaire puisque déjà présente dans le premier.
Techniquement bon, on avait déjà pu remarquer sur les images et vidéos présentées par l'éditeur que ça n'allait pas être la joie et manette en main, le résultat est le même : le jeu n'est pas vraiment beau. D'un cell-shading basique, le jeu tourne autour de décors aussi vide que répétitif. Quant aux ennemis, on a affaire à l'incarnation du générique mais le jeu parvient pourtant à nous impressionner de temps à autre comme avec des effets d'explosions assez réussi ou lorsqu'on conduit de nuit sur des autoroutes envahis par des zombies, avec parfois une centaine de créatures à l'écran qu'on prendra plaisir à écraser. Quelques bugs à signaler de temps à autre comme des véhicules de PNJ qui passent aux travers de zombies ou une caméra qui se place souvent très mal lors de nos grimpettes aux sommets d'immeubles. Enfin, pour le son, c'est l'hécatombe avec un doublage juste
relou, des musiques quasi-inexistantes et des bruitages qui manquent d'impact, avec mention spéciale à certains véhicules dont le bruit du moteur rappelle étrangement une machine à laver en plein essorage.
Si le solo est à oublier, on mentionnera tout de même l'une des principales nouveautés de cette suite : la possibilité de faire toute l'aventure en coopération à quatre. Pas de splitté évidemment mais juste du online où on ne saura trop vous conseiller de trouver de bons potes qui suivront vos indications au micro pour éviter de trop s'éparpiller. Un mode évidemment moins répétitif mais qui ne parvient pas à exploser en intérêt… Reste enfin quelques modes multijoueurs classiques jouables jusqu'à seize où on trouvera du Deathmatch, du Team Deathmatch et l'équivalent du mode crane d'un
Halo. De quoi s'amuser un peu si on n'a rien d'autre à se mettre sous la main.
En laissant le titre de coté lors de sa dernière conférence, Microsoft avait déjà compris qu'on ne tenait pas un blockbuster qui allait déplacer les foules. Une fois dans la console, le constat s'impose : Crackdown 2 n'améliore en rien le concept du premier épisode, déjà assez limité. On s'amusera certes une poignée d'heures en coopération (le temps de le finir quoi) à sauter de toit en toit pour tuer chaque ennemi ou en écrasant des dizaines de zombies avec chacun son véhicule, mais l'aventure n'a rien d'inoubliable. En bref, si en 2007 le premier Crackdown avait su s'imposer comme un bon départ, sa suite en 2010 a toutes les chances de passer inaperçu.