Après un Star Ocean : The Last Hope pas franchement inoubliable, le studio tri-Ace revient à la charge avec Resonance of Fate.
La place du RPG pur et dur ayant été laissée vacante par un controversé Final Fantasy
XIII,
Sega tente de la combler en misant sur un point assez rare sur cette génération : la difficulté façon hardcore. L'histoire se passe encore une fois dans le futur avec toujours des humains qui ont fait n'importe quoi avec l'écosystème. Aujourd'hui, la quasi-totalité des survivants se sont réfugiée dans ce que l'on appelle la tour de Basel, un gigantesque édifice où règne la pauvreté dans les bas étages et la richesse quelques dizaines de mètres plus hauts. La situation actuelle de la Terre n'aidant pas, de nombreux monstres ont fait leur apparition, ainsi que des milices pour les repousser. Vous incarnez tour à tour Zephyr, Leanne ou encore Vashyron, trois soldats qui vont voir leur destin basculer après qu'ils aient découvert des secrets religieux et politiques que les concernés n'aimeraient pas voir divulgué.
On ne peut pas reprocher grand-chose au scénario. Il se veut aux premiers abords un peu difficile d'accès, mais au fil de votre aventure, les révélations affluent tout comme les rebondissements. Si vous arrivez à maitriser le reste, autant vous dire que le jeu sera une véritable partie de plaisir tant le développement scénaristique est ici mené à son apogée. Mais ici, les personnages ne sont pas vraiment mis en avant, car le joueur est propulsé dans un monde « ouvert ». En l'occurrence, vous n'êtes en aucun cas pris par la main, et vous devez vous débrouiller seul. Vos personnages étant ce qu'ils sont (des miliciens), vos missions sont disponibles à « La Guilde ». Et en plus du scénario principal, il faudra faire évoluer vos personnages en allant par exemple tuer quelques monstres barrant la route de tel ou tel protagoniste ou bien en allant chercher quelque chose de bien précis.
Mais avant de vous lancer à corps perdu dans l'aventure, il faut savoir que
Resonance of Fate mise avant tout sur l'exploration. Car la tour est parsemée d'épreuve, il faudra prendre en compte la composante suivante : vous serez obligé de combattre quoiqu'il arrive. Chaque étage est composé de ce que l'on appelle des cellules énergétiques et lorsque vous débutez le jeu, vous n'en avez aucune. Vous ne pouvez donc pas terminer le puzzle et ainsi accéder à certaines zones cruciales pour passer à l'étage suivant. Pour en gagner, rien de plus simple : il vous faudra vous aventurer sur la carte à la recherche d'un combat aléatoire. Et il ne suffira pas de débloquer l'accès à un ascenseur pour passer à la suite, puisque certaines cellules spéciales sont demandées pour rendre disponible certains terminaux vous donnant droit à des effets du type expérience x2, ou bien une régénération des blessures plus lente chez vos ennemis. Tri-Ace a donc beaucoup misé sur ce point pour offrir une liberté jamais vue aux joueurs. Vous serez maitre de votre destin et si vous choisissez de n'activer qu'une partie des terminaux d'un étage, vous vous exposez à une mort parfois inévitable. Les cellules dites « simples » seront pour leur part très utiles pour accéder à des commerces pour équiper son personnage ou bien à une arène de combat pour tester vos aptitudes.
Resonance of Fate, c'est aussi un système de combat particulièrement hardcore. À commencer par les explications. Point de tutoriel, vous êtes livré à vous-même dès le début de l'aventure. Quand nous vous disions qu'aucune main ne vous était tendue ! Pour trouver une quelconque aide, il faudra alors farfouiller dans les menus du jeu pour enfin trouver son bonheur. Ici, les combats peuvent en effet apparaitre de deux façons différentes, de manière aléatoire sur la carte des étages par exemple, ou bien dans les donjons. Ces derniers sont composés de différentes salles et n'arrivent que lorsque vous terminez un des chapitres du scénario. Une fois cette épreuve terminée, vous avez donc logiquement accès à un boss. Un schéma on ne peut plus classique, mais qui permet de bien se repérer. Le joueur étant bien moins laissé à l'abandon dans ces dédales de couloirs que lors des phases d'explorations.
En semi-temps réel, les combats se veulent plus dynamiques qu'ils ne le laissent paraitre au début de l'aventure. En clair, lorsque vous êtes intercepté par un monstre, vous êtes libre de commencer. Dès que vous bougez l'un de vos personnages, un compteur commence et vous devez alors enchainer les actions sous peine de devoir passer votre tour. Mais là où ça se complique, c'est que votre stratégie sera mise à mal en cours de combat si vous ne commencez pas avec tel ou tel protagoniste. Chacun d'entre eux dispose de techniques pouvant alors infliger deux types de dégâts : les « directs » qui endommageront sévèrement votre ennemi avec des attaques puissantes, et les points de blessures, qui s'occuperont de le rendre plus faible. Idéal pour en sortir victorieux, la combinaison change selon le monstre puisque certains disposent de techniques leur permettant de reprendre de la vie, c'est alors qu'ils passeront à l'attaque. Vos personnages ne subiront dans un premier temps que des dégâts de type blessure. Dès lors, votre jauge de vie baissera jusqu'à atteindre un point de non-retour vous faisant alors perdre un cristal dans votre « jauge de héros ». Une fois que vous n'en avez plus, les dégâts directs apparaissent. Il est conseillé d'éviter d'en arriver à ce stade puisque si l'un de vos héros meurt, c'est la fin de la partie. Vous avez alors le choix de reprendre une ancienne sauvegarde, ou de payer pour recommencer le combat.
Votre petite milice dispose donc d'un équipement relativement facile à personnaliser, deux slots d'armes et la même chose du côté des accessoires : veillez à constamment les renouveler. Ces derniers vous apporteront des bonus non négligeables pour vous protéger contre des attaques d'un type bien définies. Notez que vous êtes lié à un système de poids, et qu'il faudra sacrifier un accessoire si vous souhaitez évoluer avec deux armes. Technique meurtrière, mais qui vous fera perdre un avantage. Une fois que vous vous sentez prêt à attaquer, vous disposez d'un laps de temps plus ou moins grand pour tirer sur votre ennemi. Un cercle apparait alors à l'écran, cercle qu'il faudra remplir une ou plusieurs fois pour ensuite se jeter sur l'ennemi. Vous pouvez donc choisir de rester à votre place, ou bien de dresser une ligne pour que votre personnage se déplace sur le champ de bataille tout en tirant sur sa cible. L'intérêt d'un tel système, c'est qu'il vous permettra sans doute de la propulser dans les airs, signe de faiblesse qui augmente alors les dégâts subis. Mais attention, si votre « action héroïque » se termine près d'un ennemi, vous prenez le risque de ne plus pouvoir viser et donc attaquer. Car si en cours de visée, votre personnage est attaqué, vous perdez votre tour. Il est alors conseillé de rester à l'écart.
Derrière un système de combat à la fois riche et surtout complexe se cache l'utilisation de la résonance. Sous forme de points, ils sont dévastateurs et notamment très utiles contre les boss assez retors, permettant à vos trois personnages de mettre en place des tactiques accouchant alors sur des combos puissants.
Enfin, la réalisation. Ici le jeu s'éloigne du schéma classique du genre RPG. Dans
Eternal Sonata ou bien Final Fantasy
XIII plus récemment, on avait découvert des couleurs chatoyantes et des environnements prenants. Dans
Resonance of Fate, c'est tout le contraire. Une ambiance très austère, pas vraiment sympathique, mais qui fait partie intégrante de cet univers atypique. Certains pourront bien évidemment renier cette prise de risque, mais au final, ce n'est que pour mieux nous surprendre. Constamment en temps réel, les phases de jeu permettent une personnalisation très aboutie de vos personnages. Chaque arme, veste ou pantalon que vous changerez se verra directement, et de ce côté-là, le studio a toujours su faire du bon travail. Les différents protagonistes du scénario sont moins caricaturaux que dans
Star Ocean : The Last Hope car plus réaliste. Dans sa version Xbox 360, on notera toutefois cet inlassable aliasing qui fait, dans certaines zones, froid dans le dos. En revanche, les environnements sont très aboutis et détaillés, on sent cette envie constante de se démarquer de la concurrence et c'est tant mieux. Un petit mot sur la bande-son : assez discrète pendant une bonne partie de l'aventure, elle commence à se faire entendre au bout d'une quinzaine d'heures de jeu. Disposant de sous-titres et menus intégralement traduit en français, vous aurez également le choix entre les voix anglaises et japonaises. Un choix appréciable et suffisamment rare pour que ce soit souligné.
Exigeant, Resonance of Fate ne s'adresse pas à tous les fans de RPG. En faisant le choix de rendre son jeu difficile, tri-Ace tente de convaincre un public sans doute trop restreint. On pourra aussi lui reprocher ses décors, certes magnifiques, mais peu diversifiés. Reste alors un système de combat à ranger parmi les qualités, difficile à appréhender et pourtant très novateur. Une initiative à saluer.