Jamais le RPG occidental n'aura autant été à la fête sur consoles depuis cette génération. Entre
Elder Scrolls,
Divinity II, les
Fallout ou encore le bon travail de
BioWare (
Dragon Age,
Mass Effect…), les amateurs ont de quoi manger, surtout face à la chute du genre au Japon qui peine à se renouveler. Parmi tous ces bons titres, on trouve un certain
Risen qui a fait son chemin du PC à la Xbox 360. A défaut d'être beau, c'était même très moche, le titre bénéficiait d'une certaine aura et d'un intérêt grandissant au fur et à mesure de l'aventure, en faisant une petite perle malheureusement méconnue du grand public. Rien d'étonnant niveau qualité en tout cas puisqu'il s'agissait des développeurs de l'excellente série
Gothic, ceux-là même qui ne se sont du coup pas occupés de notre intéressé, à savoir
Gothic 4 : Arcania. Alors, bonne surprise ou sombre daube ? Le constat est accablant…
C'est donc
Spellbound qui s'est occupé de ce nouvel épisode qui n'en est pas un au final. D'ailleurs annoncé comme un simple spin-off au début de son développement puis affublé du fameux chiffre de « 4 » parce que
c'était potentiellement plus vendeur quand même,
Arcania n'est que l'ombre d'une série pourtant prestigieuse, la faute à un éditeur qui a voulu adoucir le gameplay en vue du portage sur Xbox 360 et PlayStation 3, à croire que les joueurs consoles manquent sérieusement de points d'intelligence. Bref, vous incarnez donc un héros inconnu au design façon PNJ, une habitude dans le genre, qui va devoir parcourir les terres d'Argaan pour se venger du roi maléfique Rhobar III, héros du précédent épisode qui a décidé d'envahir le royaume en tuant un maximum d'innocents en route, à commencer par votre misérable bourgade. Votre future femme, enceinte de surcroit, va donc périr sous les forces du tyran, de quoi vous donner envie de prendre votre destin en main et d'aller botter l'arrière-train du vilain.
Résumons les choses simplement : aussi étrange que cela puisse paraître,
Arcania est un mélange batard entre
Two Worlds et
Fable. Du genre à reprendre les mauvais cotés en omettant étrangement les bons. En gros, si la map est de taille raisonnable, on ne peut aucunement s'y balader librement, coincé dans des espèces de pseudos couloirs parfois limités par des murs invisibles et autres aberrations qui font mal au fondement quand on repense à
Risen et la possibilité de visiter toute la map dès le début de l'aventure. Résultat, on parcourt l'aventure sans y prendre trop goût en enchaînant des quêtes peu variées et rapidement expédiées sans vraiment sentir de montée en puissance, preuve en est de l'inutilité du loot qui nous offre que de pauvres objets basiques. Ce dernier point vient d'ailleurs d'un autre gros problème : la difficulté drastiquement revue à la baisse ! Pour reprendre (encore) le cas de
Risen, dites vous que le mode normal demandait une attention de tous les instants, du genre se servir d'un tonneau d'eau pour reprendre ses points de vie, ramassez quelques pièces d'or à terre comme un clochard et surtout prendre garde à tous les ennemis avec un simple hérisson (mutant certes) qui peut vous mettre KO en début de jeu.
Dans
Arcania, même le mode de jeu le plus difficile semble une promenade de santé à coté dû à des joutes beaucoup trop faciles (la faute à des compétences qui privilégient pour la plupart le combat) et une IA qui ne prend aucune initiative, genre contourner le héros pendant que vous attaquez un autre ennemi. On parlera aussi d'une jauge de vie qui se la joue FPS actuel en remontant toute seule de temps à autre (!!!) et d'autres aspects toujours plus casual comme la possibilité de se lancer dans l'alchimie même au beau milieu d'un donjon, sans avoir le matos exigé dans d'autres jeux du genre. Même la durée de vie semble avoir été tirée vers le bas puisque le jeu ne vous prendra qu'une vingtaine d'heures pour atteindre les crédits de fin, et le double à la rigueur si vous souhaitez vraiment fouiner partout. Cruelle déception en somme, pour un titre qui ne destine finalement qu'à ceux qui souhaiteraient se lancer doucement dans le genre.
Les fans de la saga Gothic peuvent aujourd'hui remercier JoWood d'avoir cru que les joueurs consoles étaient des manchots, en résulte un assassinat pur et simple de la licence, qui fera sûrement rire les gars de Piranha Bytes qui ont maintenant champ libre pour appuyer le futur Risen 2 qui on l'espère sera au moins aussi bon que le premier.