Trop ambitieux ? Fin de développement bâclée ? Jouabilité mal ajustée ? Une chose est sûre, le tant attendu Ninety-Nine Nights n'est pas le hit escompté. Explications.
Après une première présentation ébouriffante, nous dévoilant un personnage aux prises avec des centaines d'ennemis avec un réalisme, une fluidité et un sentiment de puissance sans précédent, il était évident que le soft de
Q Entertainment et
Phantagram allait devenir la coqueluche des joueurs Xbox 360, impatients de découvrir enfin ce soft qui semblait réellement en mesure de révolutionner le genre sur consoles. Produit par Tetsuya Mizuguchi et pris en charge par l'équipe à l'origine de la série
Kingdom Under Fire, le projet N3 prenait forme au cours des mois, mais les différents screens présentés jusqu'alors laissaient présager d'un simple clone de la série
Dynasty Warriors, boosté cependant par la puissance de la machine et jouissant d'un
character design un peu plus inspiré. A l'aube d'une rentrée qui s'annonce tout simplement explosive d'un point de vue vidéoludique,
Ninety-Nine Nights s'est frayé un chemin jusqu'à la rédaction de JeuxFrance, et après des heures et des heures de combats, des milliers d'ennemis renvoyés vers l'au-delà et des milliers de combos exécutés, on ne peut que constater avec une certaine amertume que ce
Ninety-Nine Nights ne peut que décevoir son acquéreur.
Le roi des quatre-vingt-dix-neuf lunes
Dans un premier temps, le jeu place le joueur dans la peau de la jeune Inphyy, aveuglée par sa soif de vengeance, qui voue un culte sans limites à la Vierge de Lumière. Au fil de l'aventure, vous pourrez également suivre l'histoire d'Aspharr, le demi-frère d'Inphyy, plus réfléchi et n'hésitant pas à porter secours à son prochain, quitte à laisser de côté son objectif premier. D'autres personnages seront également sélectionnables comme le mercenaire à la lame de feu Myifee ou encore la sorcière Tyurru, sans oublier le prêtre au passé criminel Klarran, en passant par le guerrier gobelin Dwingwatt, en quête de vengeance. Sept personnages assez différents dans l'ensemble qui permettront de découvrir les faces cachées de l'histoire, avec vous vous en doutez de nombreux croisement scénaristiques. Chacun dispose de sa propre arme, de ses propres combos à effectuer en manipulant adroitement les coups forts et les coups faibles, ainsi que de deux attaques spéciales particulièrement dévastatrices.
Après avoir sélectionné votre héros, viendra alors le moment de définir l'endroit où vous souhaitez vous rendre sur la map. Relativement linéaire dans l'ensemble, il arrivera parfois de devoir prendre des décisions comme avec Aspharr, lorsque vous déciderez ou non de porter secours à un chevalier mourant. Avant chaque début de mission, le soft vous demandera d'opter pour les deux armées de renfort qui prendront la route avec vous, avec bien souvent le choix parmi quatre escouades à savoir : l'infanterie, l'infanterie lourde, les archers ou enfin les lanciers. Ceux-ci vous accompagneront tout au long de votre mission, et il ne tiendra qu'à vous de les diriger avec maestria. Seulement voilà, là où l'on aurait espéré une once de stratégie,
Ninety-Nine Nights nous limite à seulement deux ordres (attaquer ou parer), sans compter le fait que nos soldats sont tout simplement inutiles sur le champ de bataille, la faute à une IA absolument désastreuse. Ainsi, il sera fréquent d'observer avec stupéfaction un groupe de lanciers incapables de venir à bout d'un vulgaire gobelin, nous forçant généralement à faire demi-tour pour venir occire en personne ce malheureux ennemi qui empêche la mission de suivre son cours. De même, il est dommage de constater à quel point nos hommes, comme les ennemis, peuvent être passifs, si bien que les adversaires patienteront la plupart du temps dans un recoin de la map, jusqu'à ce que vous preniez le soin d'aller à leur rencontre pour entamer le combat. Restez sur place quelques instants et vous remarquerez avec effroi que ni vos hommes, ni vos opposants ne semblent décidés à se battre. Etrange.
Point de vue progression, le soft s'apparente à un
Dynasty Warriors, et le but sera continuellement le même : trucider toute forme de vie non humaine qui prendrait le risque de pénétrer dans votre champ de vision. Disposant d'un panel de coups plutôt restreint en début d'aventure, les héros engrangeront des points d'expérience jusqu'à évoluer vers le niveau suivant qui débloquera de nouvelles possibilités de combos, sans oublier d'offrir la capacité de manier une arme plus puissante et s'équiper d'items spéciaux trouvés sur le champ de bataille, et bien sûr une augmentation des points de vie. Autre caractéristique de nos chers héros, la présence de deux jauges situées en dessous de la barre de vie : la jauge d'attaque de l'orbe et la jauge d'éclat de l'orbe. La première (rouge) se remplira au fur et à mesure des ennemis tombés au champ d'honneur. Une fois pleine, et après une pression préalable sur la touche B, celle-ci vous permettra de décupler votre puissance l'espace de quelques secondes, et il faudra alors utiliser à bon escient les attaques du personnage pour occire un maximum d'ennemis et récolter alors quelques précieuses orbes bleues. Ces dernières permettent en effet de remplir la jauge d'éclat de l'orbe qui permet à terme de déclencher une attaque extrêmement puissante, qui tue généralement tous les ennemis présents dans l'aire de jeu et qui s'accompagne la plupart du temps d'un superbe effet graphique.
Quand la technique s'emmêle…
Car ne l'oublions pas, si
Ninety-Nine Nights fut l'objet d'une telle euphorie auprès de la communauté Xbox 360 lors de sa présentation, c'est essentiellement par ses qualités techniques et la possibilité d'afficher des centaines d'ennemis sans sourciller. De ce point de vue là, force est d'admettre que le dernier-né de
Phantagram est assez impressionnant, et participer à des joutes mettant en scène des centaines d'orcs et d'humains a ce petit quelque chose d'épique, qui nous renvoie aux plus belles batailles du Seigneur des Anneaux, sans oublier la présence de certaines musiques superbes, qui enfoncent encore un peu le clou. Mais l'émerveillement des premières minutes laisse rapidement place à un scepticisme non dissimulé lorsque que l'on aperçoit avec horreur l'énorme effet de flou qui entoure les personnages à une distance pourtant raisonnable. De même, si l'ensemble est joliment animé, avec des ennemis qui chutent avec passion et des casques qui volent au rythme de vos coups de massue, on évolue dans des décors relativement vides dans l'ensemble et on s'étonne de la réaction de certaines attaques. En effet, si les développeurs ont eu la bonne idée de rajouter ça et là quelques éléments destructibles, il est navrant de constater à quel point ces derniers semblent avoir omis de gérer les collisions, et les coups portés traversent allègrement le décor jusqu'à ce que celui-ci daigne enfin céder sous nos assauts répétés. Cela vaut également pour certains ennemis, notamment les boss, sur lesquels certaines attaques ne semblent pas avoir le moindre effet, alors que notre lame a traversé l'ennemi de part en part. Bizarre.
Ce qui nous amène à parler d'un autre souci qui vient ternir l'intérêt général du soft : sa difficulté très mal dosée. En effet, si certaines missions se bouclent en une quinzaine de minutes, d'autres atteignent quasiment l'heure de jeu, et lorsque l'on connaît la rareté des potions de vie et la capacité des boss à pourfendre notre héros d'un simple coup d'épée, il n'est pas rare de voir son personnage chuter lors de l'affrontement final. Quel est le problème ? Reprenons au
checkpoint et allons occire ce malotru me direz-vous ? Certes, à cela près que
Ninety-Nine Nights ne dispose d'aucune forme de point de passage, et que chaque mort sera alors synonyme de
game over, avec comme seule et unique possibilité de reprendre le niveau depuis le début. Rageant. En cours de route, on dénotera également quelques soucis mineurs, mais qui viennent renforcer cette idée de jeu sorti à la hâte avec par exemple l'impossibilité de gravir de petites buttes pour rejoindre un groupe d'ennemis, ce qui nous force irrémédiablement à effectuer un détour. De même, on pestera face à la redondance du
gameplay et son côté bourrin, l'illisibilité de l'action, un clipping outrageux dans certains niveaux, des ralentissements monstrueux par endroits… Bref, tous ces petits riens finissent par ternir considérablement l'ensemble du jeu et malgré une ambiance plutôt prenante et des affrontements épiques, on ne peut que ressentir une certaine frustration en suivant l'aventure de ces sept héros, tant la qualité de l'ensemble aurait pu (et dû) être plus aboutie. Tant pis.