Le compte à rebours est arrivé à son terme et 24 : The Game est enfin arrivé à la rédaction. Ambitieux à plus d’un titre, le jeu arrivera-t-il à mettre fin à la malédiction qui frappe 90% des jeux à licence ?
Ce n’est pas nouveau, les séries TV ont toujours été l’objet d’une certaine attention de la part des éditeurs pour la simple et bonne raison qu’il suffit que leur nom soit affiché sur la boîte pour que le joueur, par l’odeur alléché, se jette dessus avec une avidité avouée. Source sûre de rentrée d’argent, au point d’en décourager certains développeurs dont les efforts ne sont pas toujours vraiment récompensés (cf.
Killer 7), il en résulte alors deux constats pas vraiment exaltants pour la qualité propre du jeu : d’une, pourquoi s’entêter à réaliser un soft parfait à tout point de vue quand on sait que de toute manière, le jeu cartonnera ? Et même si c’était le cas, comment atteindre du haut niveau lorsque la moitié du coût de développement est partie dans le rachat de la licence ? Les plus vieilles séries en ont déjà pris pour leurs grades :
K2000,
Shérif, fais-moi peur !,
Starsky & Hutch… Pour les récentes, l’avis est un peu plus mitigé, car si on a droit à des adaptations toujours aussi dénuées d’intérêt comme Largo Winch ou
Alias, certaines arrivent à nous surprendre, notamment les derniers
Buffy contre les Vampires qui, s’ils ne se classent pas comme des dignes représentants de l’ère vidéoludique, arrivent à contenter leurs fans. De quoi se rassurer ?
Quand Jack Bauer investit la PS2
Tout a commencé en l’an de grâce 2004 lors d’une interview avec la chaîne BBC où la jolie Elisha Cuthbert (Kim Bauer dans la série) sous-entend une adaptation en jeu vidéo de la série à succès 24. Boulette ou pas,
Sony fait un silence radio complet et il faudra attendre jusqu’au premier trimestre 2005 pour avoir enfin une confirmation officielle : le développement du jeu a été confié à Sony Computer Entertainement Europe, à qui l’on doit
Primal et
Ghosthunter, assurant dès lors l’exclusivité PS2, tandis que l’histoire prendra place entre les saisons 2 et 3 afin de répondre à quelques questions que le fan ne se posait pas forcément, en jouant principalement au niveau des relations entre les différents personnages. Pour ceux qui ne connaîtraient en rien la série, voici un bref rappel : Jack Bauer, forte tête de la cellule antiterroriste de Washington, doit (la plupart du temps) faire la part belle entre sauver d’une manière ou d’une autre les Etats-Unis, ainsi que ses proches qui ont la fâcheuse tendance à se mettre en position délicate, particulièrement sa fille, véritable Princesse Peach, se faisant enlever dès que l’occasion s’y prête. Chaque saison se déroule à quelques minutes près en temps réel pour un total de 24h, l’occasion de faire monter le suspense en fonction de l’heure. Car malgré le synopsis basique donné un peu plus haut, chaque saison de 24 propose une intrigue aussi haletante que travaillée au point de maudire les scénaristes à chaque fin d’épisode tant le dernier rebondissement en question vous a fait tomber de votre chaise, si bien que vous seriez alors volontiers prêt à tuer père et mère pour connaître la suite.
L’attente n’est désormais plus possible. Insertion du DVD (précisons d’ailleurs qu’il y en a deux), blabla, chargement, blabla, logo Playstation 2, blabla… Oh surprise ! Choix du 50 ou 60 Hz, une option pourtant banale qui tarde encore aujourd’hui à se démocratiser. Quelques écrans supplémentaires plus tard, le jeu débute et les premières impressions sont hautement satisfaisantes : la mise en scène est au top, les personnages parfaitement modélisés et donc reconnaissables au premier coup d’œil, et quant aux voix, bénéficiant des mêmes doubleurs que la série, il n’y a aucun souci à se faire. Bref, en tant que téléspectateur, nous sommes plutôt satisfaits à la vue de la fidélité de l’ensemble (jusqu’à la mythique sonnerie des téléphones) hormis un détail troublant : le scénario lui-même. Paradoxe face au paragraphe ci-dessus ? Peut-être bien, car si le jeu offre son lot de rebondissements, ainsi que l’intervention de moult personnages (Chase ne faisait initialement son entrée que dans la troisième saison), il faut bien avouer que les diverses situations sont on ne peut plus convenues. Un méchant issu du passé de Bauer qui enlève la fille de celui-ci (décidément…), la cellule antiterroriste prise d’assaut, Bauer qui est dans l’obligation de suivre les directives de ses ennemis, car sinon PAN dans sa fille… On finit par se désintéresser des cut scenes, sans pour autant les zapper (sait-on jamais), pour se concentrer sur le
gameplay.
Si tu touches à ma fille, je te tue !!
Forcé de croire qu’il y a de l’idée dans tout cela, plus vous avancerez dans le jeu, plus vous ferez face à différentes situations donnant un
gameplay « touche à tout » pas si désagréable malgré la pelleté de tutoriaux tous plus inutiles les uns que les autres vu qu’il vous faudra à peine 5 secondes de pratique pour saisir réellement ce qu’il faut faire. Très loin d’être un simple jeu d’action à la
Dead To Rights donc,
24 : The Game s’efforce d’offrir de la variété et il est rare d’enchaîner deux passages au
gameplay identique. Mais voilà, à force de creuser dans tous les coins, on finit par s’éparpiller et si la diversité est de mise, la qualité de chaque passage n’est pas vraiment au rendez-vous. Les classiques phases à pied, armes à la main, sont beaucoup trop faciles du fait du lock automatique (d’ailleurs, une petite pression vers le bas vous suffira à viser entre les deux yeux), de l’abondance de Medikit et de munitions, et surtout de l’IA des adversaires qui se contentent de jouer l’effet de pendule entre leur cachette et le découvert. Il vous suffira d’attendre que votre adversaire se cache, puis viser à l’endroit où il était il y a quelques secondes pour le voir réapparaître rapidement. Passons aux phases en ville qui, au préalable, surprennent : le jeu serait-il en fait un GTA-like caché ? Pas vraiment malheureusement, car si vous êtes libre d’aller où vous le souhaitez, d’écraser des piétons ou d’emprunter un véhicule, sachez que chacune de ses phases se fera en un temps très limité, nivelant alors le sentiment de liberté vers le bas. Autre point noir, la maniabilité catastrophique des véhicules les faisant passer pour de véritables enclumes sur roues. Un sentiment de torture vous traverse alors, s’accentuant lorsque vous êtes poursuivis par la police (leur a-t-on dit que vous étiez agent antiterroriste ?) et que vous devez les semer en temps imparti une fois encore.
Voilà en gros pour les phases d’action, passons aux passages à but stressant (ce qui est loin d’être le cas). Plusieurs fois, Jack se retrouvera sans arme et il vous faudra alors progresser lentement pour ne pas dévoiler votre couverture. Ennuyeux comme la mort, ces moments exaspérants se permettent d’être parfois difficiles et il n’y a rien de plus frustrant que de devoir tout recommencer parce qu’une caméra mal placée ne vous a pas permis de voir un vigile. Petite anecdote, il vous sera également possible dans ces conditions d’échanger quelques mots avec les civils, donnant alors des dialogues barbants et finalement inutiles vu que la moitié des choix dans vos réponses ne sert à rien (une seule réponse sert à avancer à chaque fois, le reste vous fait perdre votre temps). Toujours dans la peau de Bauer, vous prendrez part à des interrogatoires qui n’auront de stressant que le temps imparti (la peur de tout recommencer une fois de plus) ou à des désamorçages de bombes un peu plus intéressants. C’est d’ailleurs ce genre de missions que vous rencontrerez en jouant avec les autres membres de la cellule qui passent leur journée à pianoter sur leurs ordinateurs : repérer des ennemis via satellites (très facile si on a un peu de jugeote), décryptage ou piratage de cartes… Bref, tout ça pour dire que l’on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer, mais qu’on est loin d’approcher l’orgasme vidéoludique. On est juste pris dans le jeu et face à la durée de vie bien loin des 24 heures (un peu moins d’une dizaine d’heures), on se dit juste que maintenant qu’on est là, autant en finir rapidement.
Hélas, trois fois hélas
Techniquement, et comme souvent dans les adaptations de séries TV, on est plus que mitigé. D’un côté, la modélisation superbe des protagonistes et l’animation lors des différentes scènes nous donnent l’impression d’être devant un nouvel épisode, de l’autre, des décors manquant cruellement de détails et de textures, sans parler des séquences en voitures proprement horribles graphiquement et dénuées d’effet de vitesse nous donnent l’impression d’être devant une énième adaptation ratée. Autre point noir, les bugs et autres problèmes techniques : chargements interminables, bugs de collision avec le décor, voitures qui tombent dans le vide en roulant, radar qui met du temps à s’afficher… A noter qu’à l’instar de la série, l’écran se scinde parfois en plusieurs parties pour nous faire suivre l’action à plusieurs endroits en temps réél. Si la chose est judicieuse durant les scènes, elle l’est un peu moins lors des phases de
gameplay réduisant considérablement l’écran de jeu au point de ne parfois plus voir notre personnage. Un résultat final un peu navrant surtout qu’il aurait pu en être tout autre avec quelques mois de développement supplémentaires… Un mot enfin sur les bonus comme les bandes-annonces ou making-of que vous pourrez débloquer en fonction de vos scores sur chaque stage (précision, vitesse…). Pas, ou peu de surprises à ce niveau une fois encore.