Enfin ! Après des années d’attente, la série One Piece Grand Battle arrive en Europe sur PS2, au grand dam des joueurs GC qui attendent encore ne serait-ce qu’un épisode. Cadeau empoisonné, licence sous-exploitée ou petite surprise ? Verdict de suite.
Exploitant un filon complètement délaissé dans l’univers du manga, à savoir la piraterie, Eiichiro Oda signe avec One Piece l’une des plus grandes réussites de l’histoire du Shonen dont voici les grandes lignes du scénario : depuis que Gold Roger, le seigneur des pirates, a révélé quelques secondes avant son exécution publique l’existence du plus grand trésor existant, le One Piece, une vague de piraterie a émergé sur l’ensemble des océans. Monkey D. Luffy, souhaitant suivre la voie de son idole, le grand pirate Shanks Le Roux, décide de partir en mer à son tour pour recruter un équipage digne de ce nom. Véritable antihéros qui ne pense qu’à manger, Luffy ne connaît rien à la navigation, à l’artillerie, à la logique, etc.…Et par-dessus tout, ayant avalé l’un des fruits du démon qui lui a donné un corps élastique, il lui est impossible de nager, chose assez surprenante pour un pirate. Pour les fans, sachez que le jeu reprend le background général de la série jusqu’à la fin du chapitre d’Alabasta mettant en place le Baroque Works.
Un manque d’effort flagrant
Comme pour la plupart des jeux tirés d’une licence, les développeurs ont tenu à garder une certaine fidélité, que ce soit dans les décors ou les protagonistes et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi.
One Piece Grand Battle étant avant tout un jeu de baston, la précipitation vers l’écran de sélection des personnages ne se fait pas tarder, quitte à y découvrir une mauvaise surprise. Si la qualité y est, on ne peut pas en dire autant de la quantité, surtout au début du jeu où seul l’équipage de base de Luffy est disponible, soit 5 combattants : Luffy, Nami, Zorro, Pippo et Sandy. Bien entendu, cette liste s’étoffera après quelques heures en mode solo pour arriver à un total fort acceptable de 16 combattants contre 20 dans la version japonaise. L’édition Européenne et US du manga ayant, logiquement, quelques trains de retard par rapport au pays d’origine, notre version s’est fait sucrer quelques personnages importants, à savoir le dieu Ener, Foxy, Aokiji et Luffy en mode Afro. Tout en gardant une fidélité extrême envers la licence dans les différentes mimiques et l’intégration du cel shading, les développeurs ont opté pour une modélisation en SD qui ne plaira pas à tout le monde, car, passable pour Luffy et tout autre personnage humoristique (Baggy le clown), ce procédé nuit grandement au charisme de certains grands personnages comme Arlong ou Shanks.
Autre point marquant : le nombre de décors différents. Certes, ceux-ci sont relativement jolis et reprennent la plupart des passages marquant du bouquin, mais 7 (dont 2 cachés), c’est relativement peu, surtout que, qualitativement, c’est plutôt mitigé. Le village Fusha, le Baratie ou encore Rogue Town offrent des moments intenses et de multiples interactions là où le Drum Castle est d’une platitude sans égal. Pas de fight sur le Vogue Merry (le mythique bateau), pas de combats au sommet de la tour de Don Krieg, pas le moindre stage dans une forêt… Décevant, ou comment devoir se contenter d’un contenu au deçà du strict minimum. Parlons tout de même des interactions précédemment citées : il vous sera possible, à la manière d’un
Power Stone, d’utiliser divers objets du décor pour prendre l’avantage sur votre adversaire. Des éléments perturbateurs viendront également mettre leur grain de sel comme des bombes balancées par les brigands ou des vaches traversant l’arène à vive allure. Enfin, et comme la plupart des jeux du genre, ramasser les différents bonus apparaissant ça et là peut changer complètement la donne, surtout si vous jetez votre dévolu sur les fruits dont nous dévoilerons l’utilité un peu plus loin.
Chewing Punch !!
Ceux qui espéraient trouver en
One Piece Grand Battle l’équivalent d’un
Super Smash Bros en 3D tomberont de haut, et ce, tout d’abord, par l’impossibilité de jouer à plus de 2 joueurs. On se rabat sur ce qu’on peut, à commencer par le mode story qui permettra de débloquer la quasi-totalité des personnages et arènes. Le déroulement de ce dernier est on ne peut plus classique : vous prenez un combattant et partez pour cinq combats d’affilé, entrecoupés par un stage bonus Breaktime qui consiste à détruire quelques caisses dans un temps imparti. Les Ending, d’une durée d‘environ six secondes, sont incroyablement inutiles et disposent d’une animation inférieure à l’anime (et c’est peu dire…). Pas de quoi se relever la nuit donc, mais il faudra bien passer par là si vous souhaitez avoir un choix de personnage conséquent pour vos parties multijoueurs. Celles-ci, jouables uniquement à deux sans possibilité de bots, manquent parfois de fun, mais restent suffisamment accrocheuses pour peu que chaque combattant connaisse toutes les ficelles du
gameplay. A ce titre, le mode tournoi est bien plus aguicheur et permettra de réunir un peu plus de copains autour de la console, même si, forcément, tous n’auront pas une manette en main à chaque combat. Pour finir, les développeurs ont inclus quelques mini jeux assez amusants reposant pour la plupart sur les règles du Davey Backfight, chose qui fera quelque peu office de spoiler vu que le chapitre relatant ce défi n’est pas encore paru dans le manga en France.
Dans tous les cas, le
gameplay adopté est assez fun et rapide d’utilisation, pour peu que l’on connaisse les différentes combinaisons de coups. Ceux-ci sont pour la plupart identiques pour chaque personnage, seule leur exécution à l’écran change et donne un résultat totalement différent pour chacun. Un bon point donc. Comme cité auparavant, il vous sera possible de récolter les différents fruits que vous trouverez dans les coffres et autres caisses qui apparaîtront lors des différents combats afin d’augmenter une jauge spécifique allant jusqu’au niveau 2. En plus de s’en servir pour appeler des acolytes à la rescousse, vous pourrez l’utiliser pour lancer une attaque spéciale en appuyant sur certains boutons tout en maintenant la touche L1. Mais le must reste d’utiliser l’intégral des 2 niveaux pour lancer une furie incroyable dont la puissance variera en fonction de votre état par rapport à votre adversaire : s’il a plus d’énergie que vous, elle sera plus puissante (cette règle s’annule lorsque vous ramassez un diamant, auquel cas vous utiliserez automatiquement la version la plus puissante). De quoi inverser la tendance d’un match en quelques secondes. Un point très noir subsiste tout de même : le jeu est tellement fidèle qu’il semble retranscrire parfaitement la puissance réelle des personnages du manga. Autant dire qu’un déséquilibre se fait rapidement ressentir et vous aurez besoin de beaucoup d’entraînement avant de battre Zorro en difficile si vous utilisez le misérable (mais drôle) Pippo.
Le Japonais, c’est bien…
…mais vous n’aurez pas l’occasion d’en profiter ici. Pourquoi ? Parce que l’éditeur a jugé bon, en plus de proposer une version Pal intégralement en anglais, de laisser les doublages américains qui ne nous donnent qu’une seule envie : couper le son. Voix horribles, générique plombé d’une musique exécrable (pas de jaloux, toutes les musiques du soft sont oubliables), changement de nom des personnages… On a donc droit à toutes les boulettes de la version US dont la censure qui détruit l’un des meilleurs personnages de la série : le colonel Smoker. Ayant toujours deux cigares à la bouche symbolisant son pouvoir qui consiste à contrôler la fumée pour la rendre palpable, Smoker est soudainement devenu non-fumeur une fois sorti du Japon. Lorsque l’on voit ce que proposent des jeux comme
Grand Theft Auto : San Andreas, on ne peut que constater l’irrémédiable absurdité de la censure américaine. Bref, ça méritait son petit coup de gueule.