La série Hitman a plus ou moins adopté un rythme de croisière en ce qui concerne la sortie de ses différents opus. Un de plus, un de moins… La révolution n'est pas encore pour maintenant.
Tous les véritables amateurs d'infiltration/action vous le diront, Hitman constitue une très bonne série, et ce, depuis la sortie du premier épisode en 2000 qui présentait pourtant un nombre important de lacunes. Tir corrigé quelques années plus tard avec sa suite un peu plus ambitieuse contrairement à l'opus Contracts qui n'était pour beaucoup qu'une espèce d'add-on de luxe sans véritable innovation. Quatrième épisode en date,
Hitman : Blood Money débarque enfin sans véritable prétention, hormis celle de satisfaire ses fans. Pourquoi pas.
L'ombre du chauve
Parce qu'il vaut parfois mieux ne rien dire que balancer un tas de phrases ambiguës ne servant strictement à rien, l'agent 47 a fait vœu de silence vu que de toute manière, le crime se passe d'explications. Nous avons donc face à nous un homme de classe : taciturne, chauve, costard-cravate, imposant… Une représentation parfaite de la mort qui ferait frémir chacun si la bête ne devait pas à tout instant mettre son charisme de côté pour aborder des costumes assez ridicules afin de se fondre dans la foule. Nous y reviendrons. Le scénario tourne une fois de plus autour de notre anti-héros avec sans trop de surprises la fameuse technique éprouvée du flash-back représentant les différentes actions de 47 dont fera part un mystérieux homme à un journaliste. Tout cela bien entendu dans un but encore inconnu. Bref, on suit les différents pèlerinages du tueur à gages sans trop se demander pourquoi, si ce n'est à travers quelques menus infos distillées dans des cinématiques de qualité, mais manquant cruellement de pêche, puisque toujours basées sur la conversation des deux hommes et jamais sur les actions propres du sujet.
Donc Hitman, qu'est-ce que c'est ? Tout simplement l'un des jeux arrivant à mixer de la meilleure manière qui soit l'action et l'infiltration. Un briefing relatant une ou plusieurs cibles à éliminer, quelques armes en poche, un décor ouvert et c'est à vous d'opérer de la façon que vous souhaitez. Pas de contrainte, ni de véritables objectifs à suivre à la lettre, tout est fait selon vos désirs et votre ordre d'idée. D'humeur calme, tel le moine face au soleil levant ? Amusez-vous à vous promener dans le niveau, à ne pas attirer trop l'attention sur vous, à repérer les pièges, la foule et surtout vos proies, pour ainsi œuvrer de la meilleure manière qui soit, comme aborder un déguisement de gardes et vous munir de la bonne clé afin de pénétrer dans ses bureaux en douce pour lui injecter une dose fatale de poison. Tony Montana est votre père spirituel ? Armez-vous de la dernière mitrailleuse lourde et débarquez dans le manoir en fusillant à tout va pour enfin repeindre en rouge la chambre de votre cible. Bien entendu, les missions avançant, des instants de réflexion se mettront en place afin d'opérer les meilleurs choix possible selon la situation. En effet, se la jouer vendetta à chaque instant pourra créer la panique dans certains endroits et faire fuir votre objectif. A contrario, prendre un peu trop son temps à chercher une voie d'accès secrète pourrait s'avérer nuisible dans la manière où une personne importante ne pourrait être ici présente que provisoirement. A noter que pour suivre tout ce beau monde, les développeurs ont inclus la technique du
split screen bien connu des fans de la série TV 24 qui consiste à morceler l'écran en quelques parties afin de nous permettre de suivre plusieurs actions simultanément.
Tuer est un art
Vous aurez loisir à la fin de chaque mission de consulter le « journal du lendemain » relatant vos faits et surtout votre manière d'agir influant alors plus ou moins sur votre état d'esprit. Rien de mieux pour gonfler l'ego qu'avoir une première page mettant en valeur les actes d'un véritable tueur professionnel à la précision d'orfèvre plutôt qu'un article vous décrivant comme un malade sanguinaire ayant usé autant de cartouches à vous seul qu'un bataillon complet durant la seconde guerre mondiale. Sans parler des victimes innocentes, des civils ou des policiers. Tout est dans le tact et surtout le choix des armes : opter pour une combinaison seringue empoisonnée/corde de piano/fusil sniper sera souvent plus efficace qu'un doublon fusil à pompe/mitrailleuse. Dans tous les cas, le pistolet (silencieux ou pas) restera votre meilleur ami le long de l'aventure par sa rapidité, sa précision et surtout sa discrétion. Il est d'ailleurs amusant de voir 47 dissimuler automatiquement son arme derrière le dos chaque fois qu'une personne passe devant lui, le genre de détail (avec le sniper dissimulé dans la valise) qui tend à la crédibilité de l'ensemble. En plus du journal, facultatif il est vrai, vous serez jugé à chaque mission une fois encore en fonction de vos prouesses, que ce soit la discrétion, l'ingéniosité, le nombre de morts, le temps et autres petits détails chers à la vie des perfectionnistes. Plus vous serez bon, plus votre bonus d'argent sera important, le plus gros étant de toute manière reçu à chaque fin de contrat. De quoi acheter quelques nouvelles armes ou les améliorer (visée, chargeur, silencieux…).
Vous l'aurez donc remarqué, on ne croule pas sous les nouveautés, mais l'efficacité reste bien présente, il reste tout de même dommage que les plus gros défauts liés à la série soient toujours aussi présents, à savoir tout d'abord l'IA à la performance plutôt mauvaise, que ce soit dans les phases d'action où les ennemis ne prendront que trop rarement le temps de se cacher en restant tout simplement à découvert, mais aussi et surtout dans ce qu'on pourrait appeler l'indice de méfiance représenté par une petite jauge en bas de l'écran. En quelques mots, plus votre comportement est suspect, plus les personnes autour de vous se méfieront jusqu'à prendre peur en alertant les forces de l'ordre, voire en vous tirant tout simplement dessus. Si dans l'instance l'idée est bonne (et déjà exploitée), le système reste bien trop aléatoire pour satisfaire pleinement. Courez en rond comme un dératé en plein milieu d'une salle et on vous ignorera comme si vous faisiez preuve de la meilleure compétence d'invisibilité qui soit. En revanche, même muni du meilleur costume existant, il arrivera que quelqu'un vous repère sans raison et annule ainsi tous vos espoirs d'infiltration parfaite. Toujours dans le domaine de la bizarrerie, vous aurez beau organiser le plus grand génocide existant dans les coulisses d'un opéra au point de rendre tout le monde fou, il vous suffira d'attendre quelques minutes pour que chaque personne (du moins, ceux encore en vie) reprenne sa place comme si rien ne s'était passé. A croire qu'une douzaine de corps éparpillés de-ci de-là, ça n'a plus rien de vraiment choquant.