Test import réalisé sur la version japonaise du jeu
Naruto, c’est tout d’abord un manga réalisé par Masashi Kishimoto (publié de manière hebdomadaire dans le magazine japonais Shônen Jump), qui est vite devenu le numéro un dans sa discipline, et ce, dans le monde entier. S’imposant en véritable phénomène, les histoires du petit ninja blondinet à la colère vorace s’étendent sur un minimum de 27 volumes, et pas moins de 120 épisodes d’une série animée. Tel un bulldozer commercial, cette licence juteuse possède tonnes de goodies aussi différents que variés, et d’ores et déjà plus d’une demi-douzaine de jeux sur de multiples supports vidéoludiques (allant du GameCube à la Game Boy Advance en passant par la PlayStation 2). Nous nous intéresserons ici à Naruto Gekitô Ninja Taisen 3 développé par 8ing et édité par Tomy, troisième opus d’une série exclusive à la console de salon de Nintendo, possédant un précédent titre frisant l’excellence (tout est relatif) lors de sa sortie en 2003. Alors, l’excellence même a-t-elle été atteinte avec ce nouveau soft, ou n’est ce qu’un réchauffé des bons éléments du passé… Réponse dans ces lignes.
Depuis le premier opus arrivé dans les bacs japonais en avril 2003,
Tomy nous sort le même jeu de baston régulièrement, fixant les problèmes du précédent titre et estampillant le suivant d’un chiffre indiquant sa suite. Il serait alors plus juste de parler d’
add-on que de mentionner l’arrivée d’un successeur flambant neuf. En effet, premier constat, le rendu graphique n’a pas changé d’un pouce depuis ces deux dernières années, et l’on sent que les développeurs de chez
8ing campent méchamment sur leur position de ce côté-là. Certes, c’est beau, le
cel-shading est travaillé d’une manière plus qu’honnête, mais il n’empêche cependant pas une certaine redondance visuelle s’écoulant tranquillement au fil des versions et des années. Le
gameplay ne propose pas de grands changements non plus, et hormis une nouveauté technique (qui sera détaillé dans les lignes qui suivent), il ne reste tout au plus que l’ombre de ses prédécesseurs. Mais attention, bien que ce
Naruto Gekitô Ninja Taisen 3 se base solidement sur les acquis de ses grands frères, il n’en reste pas moins plaisant à jouer et possède un fun incontestable en mode multijoueurs. Néanmoins, en faisant ce choix, les développeurs prennent le risque de réveiller les défauts inhérents aux fantômes du passé. Ainsi donc, l’interactivité avec les décors reste absolument nulle (on est très loin des facéties de plates-formes que peuvent proposer
Naruto: Narutimate Hero 2, développé par
CyberConnect2 sur PlayStation 2), vous réduisant à combattre dans des arènes circulaires fermées aux graphismes, ici encore, inchangés. Alors quoi ?
Tomy se serait-il laissé fourvoyer dans la facilité sans saveur d’une copie masquée par un « 3 », révélant en fait un jeu qui fit déjà son heure il y a deux ans de ça ? Pas tout à fait…
Quoi de neuf docteur ?
Soyons clair, un jeu de combat restera toujours un soft de castagne, il ne faut donc pas s’attendre à une pléiade de nouveautés au portillon. Les différents menus proposés restent donc inchangés : avec un mode
Story tout d’abord, une possibilité d’
Arcade ensuite, un mode
Versus jusqu’à quatre joueurs en simultané, et diverses sortes de
Team Battle réparties dans les deux derniers modes précités. Si le mode
Story reste inchangé dans sa mise en scène, on ne peut pas en dire autant des combats le parsemant. En effet, afin d’être le plus fidèle à l’histoire originale, un protagoniste (que vous incarnerez) en affrontant un autre plus puissant se verra doté de handicaps ou de conditions de victoire à respecter, sous peine de perdre la rencontre. C’est frustrant, surtout lorsque l’on ne comprend pas le japonais, mais pas tout nouveau, ce système ayant déjà été utilisé dans
Naruto : Narutimate Hero sur PlayStation 2. Ceci étant, ne crachons pas dans la soupe, cette méthode reste ingénieuse et augmentera d’autant plus la durée de vie pour les non japonisants (si ces derniers n’ont pas envoyé valser leur pad à l’autre bout de la rue après une trentaine d’essais infructueux). Car autant le dire tout de suite, la durée de vie en solo n’est pas des plus imposantes, et il ne vous faudra qu’une petite dizaine d’heures avant de débloquer les 29 personnages jouables du jeu. Là-dessus,
Tomy ne semble pas s’être moqué des joueurs, mais ce n’est qu’une demi-victoire, puisque 20 des protagonistes présents l’étaient déjà dans le précédent opus. Cette critique pourrait paraître aberrante dans la mesure où neuf combattants de plus c’est déjà quelque chose, mais ce serait oublier le mauvais goût de
Tomy qui nous refourgue la liste des persos cachés… Dans la notice.
Kyuubi Naruto et autres Sharingan
Passé outre ce petit désagrément, on arrive enfin à la nouveauté située dans le
gameplay, obligeant le joueur à revoir complètement le maniement de tous les personnages. Effectivement, bien que les coups et enchaînements de ces derniers n’aient guère changé (quelques différences d’angle de caméra lors de certaines furies), une deuxième limite est désormais mise à la disposition du gamer. Cette dernière changeant en fonction du ninja que vous contrôlerez. Ainsi, si cette manipulation (bas+X) est effectuée avec Kakashi ou encore Sasuke, cela leur permettra d’user de leur
sharingan, tandis qu’utilisée avec Naruto, il vous faudra attendre la baisse de votre jauge de vie dans le rouge, afin de passer en Kyuubi Naruto. Cela dépend vraiment de chaque protagoniste, étant donné qu’à l’exception des exemples donnés, les autres auront droit à une deuxième furie plus dévastatrice… Maintenant, vous n’avez plus qu’à réapprendre à jouer avec cette innovation pas si bénigne qu’elle en a l’air !
En définitive, ce
Naruto Gekitô Ninja Taisen 3 déçoit plus qu’il ne surprend, de par un manque d’inspiration flagrant du côté des développeurs de chez
8ing. De nouveaux personnages et décors font bien leur apparition, mais certains semblent réellement bâclés et manquent crucialement de profondeur. Il n’est pas impossible que ce sentiment de « remplissage » soit dû à une sortie réellement trop avancée par
Tomy, ceci afin de concurrencer dans les temps
Naruto: Narutimate Hero 2, son adversaire exclusif à la console de
Sony sorti il y a plus de quatre mois. Bien que la déception soit malheureusement au rendez-vous pour ce titre, il n’en reste pas moins un excellent soft qui n’aura aucun mal à remplacer le second épisode de la série.