Énorme succès critique de 2013, le reboot de Tomb Raider a dû batailler ferme pour parvenir à rentabiliser son accouchement difficile. Et histoire de ne léser personne, voici l'édition finale (?) sur PlayStation 4 et Xbox One.
Redémarrage donc avec une Lara jeune, une Lara belle, et surtout une Lara ne s'étant pas encore fait poser des implants mammaires ne lui permettant plus de voir ses propres pieds. Embarquée avec tout un groupe dans une expédition pour retrouver la trace de la civilisation Yamatai au large des côtes japonaises, l'équipage de l'Endurance va faire face aux aléas de la météo pour s'écraser sur une île d'apparence déserte qui recèle à la fois de nombreux secrets mais également un large groupe d'individus armés qui ne connaissaient pas un traître mot du principe d'hospitalité. Rassurez-vous (?), malgré ses allures de LOST, le scénario ne tombe pas dans les retournements pas possibles à la JJ Abrams et on ne sera jamais perdu dans l'histoire qu'on prend plaisir à suivre sans qu'elle ne cherche à bouleverser quoi que ce soit, la faute à des personnages secondaires semblant sortis de n'importe quelle production orientée action-aventure, en JV comme au cinéma.
Le prologue rapidement expédié (être direct capturé par les autochtones avant de réussir à s'enfuir), on plonge ensuite directement dans l'aventure qui ne laissera aucune place au temps mort. Et c'est là l'une des grandes qualités de ce titre qui va bien plus loin que la série de
Naughty Dog. La comparaison a pourtant de quoi se faire sur le papier. On retrouve la certaine linéarité, les phases d'action, la grimpette, les énigmes qui n'ont aucun mal à nous résister et surtout les passages « blockbuster » où l'on court avec des explosions dans tous les sens, certaines étant tout aussi impressionnantes que la scène du train dans
Uncharted 2. Un rythme clairement soutenu, où il est difficile de s'ennuyer un seul instant d'un bout à l'autre du jeu, mais également le constat que
Crystal Dynamics a souhaité produire autre chose qu'une simple copie. Explications.
Contrairement à
Uncharted qui suivait la formule décrite plus haut sans s'en détourner à aucun instant,
Tomb Raider troque les couloirs contre des zones plus ou moins vastes. Les premiers pas sur l'île sont assez éloquent : une parcelle de forêt, le radar qui nous indique clairement où aller, mais la possibilité de visiter à droite à gauche pour chasser de la bestiole (poulet, corbeau, sanglier, daim...), trouver du matériel de fabrication et tout simplement les indispensables trésors. Seulement, la différence avec 95 % des jeux du genre, c'est on est cette fois motivé à fouiner partout, la récompense ne se limitant pas à des succès/trophées. Les outils de fabrication et les plans vous permettront d'améliorer chacune de vos armes tandis que tuer des animaux et trouver des trésors augmentera votre expérience, vous octroyant des points de capacités à placer dans trois branches, allant du bonus d'expérience au réservoir de balles plus important en passant par des attaques et contre-attaques pour le corps-à-corps.
Pour ceux qui souhaitent exploiter le jeu à fond, il y aura donc de quoi faire puisque de nouvelles capacités à débloquer dans l'histoire (grappin, armes...) vous offriront l'occasion de revenir dans des zones précédemment visitées grâce au feu de camp qui servent de points de téléportation et de complément au checkpoints. Et mieux vaut jouer ainsi tant la visite de l'ensemble des décors, tellement réussis sur le plan esthétique, permettent d'exploiter au mieux la palette de mouvements de Miss Croft, plus agile que jamais. Pour faire la fine bouche, on reprochera le manque d'importance des phases au corps-à-corps (se limitant à un pauvre coup de pioche et une contre-attaque, parfois mortelle), l'absence de passages en véhicules qui n'aurait pas fait tâche dans ce reboot, et (forcément) les énigmes totalement désuètes, vu que seules les sessions dans les tombeaux (cachés et donc facultatifs) vous demanderont de réfléchir, au mieux durant deux minutes chrono avant de trouver la solution.
Les véhicules, on les aura peut-être dans le 2. Les énigmes, elles s'expliquent par la volonté du développeur d'élargir le public et de maintenir le rythme. Mais pour le corps-à-corps, on n'ira pas crier au drame tant l'arsenal, pourtant limité (quatre armes en tout), se montre efficace tout en augmentant en puissance au fil des heures. Certes, le pistolet restera l'arme de dernier recours si vous manquez de balles (difficile vu l'abondance des munitions en lootant les corps ennemis) mais notre cœur vacille entre l'arc de qualité et ses flèches enflammées, la mitrailleuse offrant plus tard une fonction lance-grenades, ou encore le fusil à pompe, percutant au possible avec possibilité de placer des balles explosifs. Succulent. Pour autant, Lara n'est pas
Rambo, les ennemis ont suffisamment de répondant pour vous envoyer six pieds sous terre en quelques secondes et il est parfois plus judicieux de rester calme en tuant les ennemis un par un en tout discrétion.
On l'a dit et on le redit encore,
Tomb Raider fait dans le sans faute sur l'aspect visuel. La fin de génération ne donne plus vraiment l'occasion d'être vraiment impressionné sur consoles, mais il faut reconnaître que c'est diablement beau avec des décors d'une taille souvent respectable, sans jamais être soucié par les temps de chargement ou les chutes de frame-rate. Panorama splendide, nombreux effets pour accentuer l'aspect graphique, plan volontairement proche de l'héroïne pour montrer la modélisation de la belle et ses expressions du visage. Un jeu mature qui plus est, qui ne vole pas son PEGI 18 avec des passages qui font de la brutalité sans sommation, et on regrette que le scénario n'ait pas cherché à faire mieux que le simple AAA classique sans grand rebondissement, ou alors sans grande originalité. Oh, un avion qui vient nous tirer de cet enfer alors que nous en sommes à un quart de l'aventure. Mais que va t-il pouvoir bien se passer vu que l'orage gronde ?! Bref, si le titre ne manque pas de références ou de clins d'œil à The Descent, il manque encore cette petite étincelle, qu'elle soit dans l'histoire, les personnages, l'humour... Bref, un point sur lequel
Uncharted reste supérieur. On ne peut pas tout avoir.
Niveau longueur de jeu, ce reboot se permet d'afficher une durée de vie légèrement au dessus de la moyenne avec une dizaine d'heures de jeu bien remplies, et facilement cinq de plus pour taper le 100 %. Si la replay-value est clairement limité ici, les équipes du coté de
Eidos Montréal sont intervenus pour apporter l'indispensable multijoueurs qui n'offre rien de plus que ce qu'on attend avec la reprise des zones solo pour fragger sur quatre modes, dont du deathmatch, du team-deathmatch, les deux autres tentant d'apporter un peu d'originalité en mettant les « survivants » contre les autochtones via principe d'objectifs. Comme d'habitude, de l'expérience et des succès/trophées pour maintenir les joueurs sur des sessions agréables mais qui ne décrocheront pas les joueurs des ténors du genre.
Et la Definitive Edition ?
Bon de ce coté là, ça va être du rapide puisqu'il s'agit tout simplement d'une version GOTY, bénéficiant donc de tous les DLC sortis entre temps, à savoir pour le solo les six costumes de Lara et le Tombeau inédit, et pour le multi tout un tas de nouvelles cartes, persos et armes. On rajoutera à cela la possibilité de jeter un œil au comic-book du jeu (uniquement en anglais) et au long making-of (cette fois en vostfr).
Question technique, il suffit d'allumer cette version pour voir de suite une différence importante avec les montures PS3 et 360, de la nouvelle modélisation du visage de Lara (qui la rend de suite un peu plus mature) à ses beaux cheveux sous TressFX en passant par l'absence d'aliasing, sachant que le 1080p sera au programme avec tout de même un meilleure frame-rate coté PlayStation 4. Un joli tableau si on excepte quelques ralentissements durant les auto-saves et des temps de chargement qui auraient gagné à être un poil plus courts lors des transitions d'un feu de camp à l'autre. Quant aux « features », minimum syndical avec une exploitation de Kinect de la PS Caméra pour aller dans le menu, recharger et autres gimmicks qu'on se contentera de faire à la manette.
Les plus | Les moins |
+ Encore plus beau
+ Mise en scène irréprochable
+ Lara au top
+ Uncharted, la liberté en plus
+ Un système qui motive à tout fouiller
+ L'arc ! | - Scénario sans grand intérêt
- Le casting (hors Lara)
- Le multi sans surprise
- Un peu cher |
Conclusion : Un an après, Lara Croft garde la même forme et il reste de l'évidence même que ce reboot incarne un obligatoire pour ceux étant passés outre sur PlayStation 3 ou Xbox 360, malgré un prix qui aurait évidemment mérité d'être plus attractif. Le débat sur la nouvelle orientation de la série reste d'actualité mais de notre coté, on attend déjà avec une vive impatience la présentation de la suite.