Metal Gear Solid incarne pour beaucoup ce que l'on pourrait appeler une pièce unique se plaçant parfaitement entre le septième art et, bien entendu, le jeu vidéo. Après avoir à jamais marqué les esprits des joueurs qui attendent impatiemment l'arrivée du quatrième opus, dit dernier volet de la série (encore une fois), Hideo Kojima se lance dans quelque chose pouvant mettre davantage en avant ses scénarii. Cinéma ? Série TV ? Non, juste une bande dessinée sur PSP. Aïe ?
Adaptée par Kris Oprisko et dessinée par Ashley Woods, cette bande dessinée ne manquait aucunement de qualités, mais perdait un peu l'âme originelle de la série, qui jouait beaucoup sur la mise en scène de ses actions et ses incroyables musiques, tout comme le fut celle de Silent Hill, encore plus critiquable. Loin d'en rester là,
Konami tente de rattraper le titre et engage du même coup davantage la licence sur PSP en adaptant purement et simplement la BD, présentée comme un comic-book interactif lors du Kojima Gamers' Day en début d'année aux côtés de la version Silent Hill. Pour ceux n'ayant pas suivi l'actualité de cet UMD assez spécial,
Metal Gear Solid : Digital Graphic Novel reprend point par point le synopsis décrit dans le premier volet de la série Metal Gear Solid, à savoir l'aventure d'un soldat d'élite nommé Solid Snake devant contrer les plans terroristes d'une unité rebelle qui s'est emparée d'une base située en Alaska refermant une arme de nouvelle génération : un tank incroyablement mobile pouvant lancer une ogive nucléaire de n'importe quel endroit de la planète.
L'essentiel de l'histoire est donc raconté sous forme d'images reprises pour la plupart des cinématiques de la version GameCube, le reste étant directement dessiné d'une façon parfois trop simpliste qui pourra en rebuter certains, mais qui néanmoins parvient à garder une patte graphique proche de l'illustrateur officiel de la série, Yoji Shinkawa. Ne pensez pas pour autant que l'on nous offre un bête copié/collé image par image de l'ensemble des scènes sous forme d'écrans fixes, les développeurs ont tout mis en oeuvre pour éliminer cet aspect 'papier' en incluant des effets spéciaux à la pelle et des onomatopées qui fusent à l'écran, chose qui, couplée à l'excellente bande-son donne parfois l'impression d'être devant un film. Un point qui se renforce notamment lors des différents combats comme celui contre Revolver Ocelot qui se voit transcendé de la plus belle manière.
Bon, c'est bien beau d'avoir une belle histoire servie par une technique intéressante, mais c'est pour le moment loin de justifier l'appellation 'interactif' de l'éditeur. De ce côté, pas grand-chose au balcon hormis la possibilité de stopper l'action à n'importe quel moment pour fouiller les 'pages' de la bande dessinée afin d'y trouver des cellules d'informations qui, une fois certaines regroupées, vous donneront quelques détails et fiches sur les situations ou les personnages, ainsi que d'autres surprises comme la team Kojima sait les faire. Rien de plus malheureusement que cette petite bible, nous n'aurions pas été contre quelques bonus de plus grande envergure comme un making-of ou un reportage sur les créateurs de la BD, voire de Kojima himself.
Metal Gear Solid : Digital Graphic Novel est donc un très bon UMD qui s'adresse toutefois à un public très restreint. D'un côté, les férus de la série l'achèteront pour leur collection, mais auront de grandes chances de s'ennuyer ferme vu le manque de surprise de l'ensemble, notamment au niveau de l'histoire elle-même. De l'autre, les joueurs occasionnels y verront là le meilleur moyen de rattraper le temps perdu et de découvrir cette incroyable série qui, à elle seule, est parvenue à élever le jeu vidéo au rang d'art, au point de créer un véritable tremblement de terre à la sortie de chaque nouvel épisode. Et puis, à 20€ seulement, pourquoi pas ?