article intéressant écrit par otaxou sur OtaXou. fr



Qu’est-ce que le bon goût ?

Avant de vous parler plus avant de sa dictature, il convient je pense de rappeler ce qu’est le bon goût. Étymologiquement, le bon goût désignerait ce qui est goûteux, savoureux, bref ce qui est plaisant pour vos papilles gustatives. Mais le bon goût est d’avantage devenu une expression qualifiant une œuvre ou une préférence personnelle reconnue par vos contemporains comme supérieure à la masse, vous faisant devenir d’un même geste une personne supérieure.

Vous l’aurez compris, le bon goût est avant tout un artifice social visant à faire sortir du lot. Car le lot, la place des moutons, de ceux qui suivent, nous n’aimons pas en être n’est-ce pas ? C’est là que le bon goût s’installe : après vérification auprès de vos pairs, qui par effet d’attroupement qualifieront pour vous ce qu’il est propre ou impropre à consommer, vous pourrez alors prendre possession d’une oeuvre qui vous renverra une image si séduisante de vous.



Vous pourrez alors faire parti du groupuscule des bien-pensants auto-proclamés et commencer à répandre l’idée que vos préférences représentent une élévation sociale et intellectuelle, attirant à vous de nouveaux admirateurs qui perpétueront le cycle. Vous pourrez même radier avec aise n’importe quelle personne de ce groupuscule en redéfinissant le bon goût et mettant derechef à l’écart ceux qui ne partagent pas ce point de vue.

Car oui, la redéfinition du bon goût change à chaque fois que la Terre se met à tourner. Pratique ces notions inventées de toutes pièces visant à faire de vous un paria ou à vous inclure dans « la masse », n’est-ce pas ? J’ose me permettre un rappel, de peur que vous puissiez encore penser que le bon goût représente quelque chose : le goût est la loi la plus subjective au monde. De ce fait, il est impossible de lui apposer un quelconque jugement général, puisque le jugement réel changera pour chaque individu. Et pourtant… La notion de bon goût reste présente.

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Le bon goût, notion stupide mais inarrêtable puisque humaine, a pris les devants de la scène à la mesure que les interactions sociales devenaient accessibles aisément et continuellement. Et là où le groupe de « bien-pensants prétentieux » était aisément évitable dans son voisinage, puisque représentant une part infime de la vie d’un individu, il est devenu bien plus difficile à éviter sur Internet où ceux-ci se sont rassemblés au point de devenir majeure partie des personnes présentes grâce à une arme redoutable : la pression sociale.

le « bien-pensant prétentieux » est bien plus protégé que la personne lambda, ni bonne ni mauvaise. Habitué qu’il est à rejeter l’avis des autres et ayant depuis bien longtemps monté sur un pied d’estale le sien, le jugement massivement négatif n’est qu’une information à jeter parmi tant d’autres dans son processus cérébral. Qu’en est-il de l’Homme classique, lambda, qui se remet en question de temps à autres aléatoirement ? Pris de cours et rejeté tout à coup par un parterre nombreux de juges… Quelle sera sa réaction première ?

L’abandon, bien évidemment. C’est tout le paradoxe de la nature humaine : chercher à être unique sans être un paria. Ainsi, l’Homme qui abandonne va absorber le goût désigné comme bon par ses congénères, afin d’être accepté dans le groupe et surtout ne plus subir les railleries de ses congénères. A la perte de son avis propre, il acquiert la capacité d’éviter la pression sociale et devient à son tour maillon du cycle infini.

On ne le dit jamais et pourtant il faudrait le rappeler chaque jour : arriver à subir la pression sociale sans s’y abandonner demande un courage à toute épreuve, d’autant plus à l’heure d’Internet. L’ironie est que pour réussir à ne pas plier, beaucoup créent finalement leur propre bon goût et groupuscule : la lutte revient, le bon goût persiste. Il n’y a pas de meilleures solutions que celle qui vous correspond : rien n’est vrai, tout est subjectif.

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très intéressant

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