Piratage : la transition
Voici un article qui parle du problème de la valeur des jeux aux yeux des éditeurs et de la valeur des même jeux aux yeux des joueurs.
Fahey profite de la polémique sur les prix du service Games on Demand pour analyser les fausses croyances des dirigeants des maisons d'édition, en se penchant tout particulièrement sur l'attractivité du téléchargement par rapport à l'achat en magasin (prix concurrentiels, occasion...).
Ce qui est le plus intéressant pour moi qui aime les problèmes de traduction, c'est que je ne trouve aucun équivalent à "Fixed prices", ou alors j'y trouve trop d'équivalents. Ca peut vouloir dire truqués, artificiels, arrangés, gelés. Bref, ça veut dire tout ça à la fois.
J'ajouterai que les prix sont aussi souvent aberrants sur les stores/marketplaces des différents pays. Ainsi nous payons tout plus cher. Les offres incohérentes tant niveau prix que contenus sont le résultat du même problème, et là ce n'est pas l'argument de Fahey, mais le mien, c'est la faute de la propriété intellectuelle.
Fahey accuse les éditeurs de croire que leur propriété se vend à n'importe quel prix, et que si les gains ne correspondent pas aux attentes, c'est que leur propriété a été violée. Le raccourci est abrupte, mais la croyance des editeurs en leur tarification comme la "vraie valeur" de leur jeu et l'échec d'une telle croyance au vu des résultats induit une réponse agressive, une réponse venant appuyer leur croyance absurde. Si les gens n'achètent pas au prix que nous leur imposons, c'est à cause du piratage.
Et si c'était à cause des prix farfelus qu'on piratait?
Ensuite, toujours de mon propre avis, en prolongeant la logique du titre "les prix à la demande, on voit bien que la régionalisation des offres et des prix, quand elle débouche sur des tarifs abusifs, redirige nécessairement le joueur vers le piratage. Pourquoi payer un jeu 30 euros alors qu'il est proposé à 15 euros partout ailleurs? N'y a-t-il pas un erreur sur la valeur accordé au jeu, voire un cynisme total?
Enfin, puisqu'il s'agit d'un site britannique, laissez-moi vous expliquer comment fonctionnent les FAI là bas. Rob Fahey aborde une des questions centrales du téléchargement légal : comment justifier que la chose qu'il a à son porte-clés peut stocker plus de données qu'un disque dur propriétaire 20go de Microsoft à un prix bien moins attractif? Le coût ne concerne pas seulement le stockage, mais aussi la connexion.
En effet, les britanniques peuvent opter pour des forfaits comme pour les téléphones portables, avec une limite de données transférée par jour, avec des heures de pointe comme pour l'électricité!!! En gros, les débits sont bas, chers, et limités. Un commentateur précise qu'il lui est plus facile et moins coûteux de prendre sa voiture pour se rendre dans une grande ville et acheter un disque que télécharger un fichier de 6 Go depuis chez lui (il reste à savoir si les jeux sont si gros que ça... je n'ai pas un exemple en tête)
Bref, encore une fois, la seule voix du web qui se dresse contre la connerie de l'industrie, qui parle non pas en faveur du piratage, mais en faveur de la survie d'une économie saine basée sur la confiance et le respect envers les clients, c'est la voix de Rob Fahey de gamesindustry.biz. Anglophiles, régalez-vous.

tags :
posted the 08/15/2009 at 09:07 PM by
rickles