The-sugoi.com , le site otaku français du début des années 2000, par fabien vautrin, un truc trop bien foutu, avec un design de ouf, une BD trop lolante, et bien sûr, les truczalacon du dimanche et les chatzalacon du dimanche.

C'était une époque ou internet était une expérience personnelle, où ce qu'on voyait sur la toile n'était pas nécessairement vu par tout les autres.

Aujourd'hui quoi, on peut pas voir une vidéo sans que tout le monde la connaisse, il n'y a pas un site qui ne soit pas massif, pas un endroit isolé.

Les sites ne sont plus des "sites" ils ont disparu dans une dissolution totale des frontières strictes du nom de domaine.... D'abord par la concentration (Puyo de Gamekult avait son blog Phantasy Zone dont j'étais un lecteur avide. En 56k ça ramait.) en grands sites brassant du fric en publicité, puis avec l'apparition des services cross-plateforme comme les moteurs de recherche et les sites comme facebook.

Bref, aujourd'hui internet est une lucarne. On ne s'arrête pas pour lire un contenu, la vitesse a tout détruit. Maintenant oui, internet est un réseau, et rien de plus. Il n'y a plus de contenu, tout est dissout, tout est laissé au consommateur de bande passante. Internet ressemble de plus en plus... à la télévision. Pub ciblée, uniformisation, appauvrissement. La télé devient un prolongement du concentré même de la médiocrité humaine qu'est la télévision. La télévision touche tout ce qu'elle transforme en merde.

Aujourd'hui, ce sont bien les grandes pontes de la télé qui font la guerre aux internautes qui "piratent". Les maitres de la diffusion, qu'ils soient les mêmes ou de nouveaux acteurs, sont les mêmes que ceux de la télé. Ils cherchent à maîtriser la diffusion pour vous faire voir LEUR merde et limiter votre liberté visuelle.

De the-sugoi, push-start, phantasy zone et consoles-portables.com on est passé à Jeux-France et ses multiples sous traitants esclaves du Terminal. Ceux qui ont su survivre ont été ceux qui ont su exploiter le potentiel merveilleux des jeunes bloggers, non, des WEBMESTRES qui donnaient de leur temps pour créér un contenu éditorial et qui sont devenus les travailleurs non payés des boss de sites.

Les propriétaires ne sont plus les créatifs. C'est le modèle des majors, qui se croient propriétaires de ce qu'ils n'ont pas créé parce qu'ils polluent l'espace audiovisuel en s'imposant de toute leur masse comme des seigneurs féodaux.

Spécial dédicace à Matthias Colleau alias Bibou, créateur de pokélord, repris sous l'ombrelle de... jeux france.

Le net avant, c'était lent, c'était pas forcément performant niveau recherche (Google n'avait pas le quasi monopole et l'efficacité dont il jouit actuellement). Le net s'est construit avec des internautes, et puis, depuis quelques temps, on dirait qu'il se laisse vivre.

Comme un monstre qui serait auto-alimenté, on a droit à sa fournée de new quotidienne qui sont partout les mêmes. Le net est devenu l'hypernet, c'est un paquet d'hyperliens renvoyant les uns aux autres.

Dans le jeu vidéo, aucun mystère. Vos news viennent de Google. Tous les matins, le monde entier référence, taggue, toutes les news possible liées au jeu vidéo. Neogaf, le fameux forum, est traduit dans toutes les langues.

Voila le journalisme d'aujourd'hui, NeoGaf, et Google. C'est la recette de Kotaku, qui à son tour est repris sans cesse.

Voila tout ce que Sugoi! M'inspire en live, le temps révolu ou les heures étaient décomptées d'un forfait, ou la valeur n'était pas dissoute dans l'exigence de l'immédiat. Des média, aujourd'hui il ne reste plus que le medium.

Gamekyo a toujours avancé dans le sens du progrès, mais quel progrès! On ne peut pas reprocher aux Morcos de ne pas faire plus d'efforts, internet, de toute part, ce ne sont que des coquilles vides, une forme de liberté sans liberté, la liberté d'embrasser l'information 0.

Quand tout se ressemble, quand rien n'est différent, n'est-on pas dans une situation où il n'y a plus d'opinion, plus de nouveauté, plus d'information, plus d'internet?

Heureusement il nous reste les jeux vidéos! Malgré un appauvrissement général des moyens de communication, les JV restent une forme créative avec un potentiel. Mais on voit arriver des titres qui ne sont que des suites, qui se reposent sur leurs lauriers, mais pas dans le sens ou on l'entendait il y a 10 ans!!! Les JV eux aussi souffrent d'une paresse latente, d'un manque de finition, d'un élan casual.

Les symptômes sont les mêmes : profit maximum, vitesse, moindre qualité. Et surtout aucune place pour la surprise, l'émerveillement. On achète, on pirate, de plus en plus de jeux, mais on joue moins, les jeux sont moins mémorables.

Qui peut prendre un jeu d'il y a 5 ans et le mettre en contexte (affectif, temporel, politique, familial, métabolique?). Moi le dernier c'était FFX-2, ça date. C'est un jeu qui prenait le temps. Le temps de raconter, le temps de refaire, le temps de se déconnecter un peu.

Jamais on ne retrouvera un autre de ces FF: FF7. FF7, c'est le temps du jeu extraordinaire comme il n'est plus possible d'en faire aujourd'hui (FF13 est graphiquement moyen, en version combat - c'est une impression qui est peut être irrationnelle, mais c'est mon impression) FF7, c'était le temps ou internet était en 56k limité, où l'information était toujours nouvelle, ou l'information avait de la valeur car elle était évènementielle et communicable de proche en proche. Et non immédiate et latente et même étouffante par sa prolifération et sa banalité comme aujourd'hui.

Je m'arrête là, il est super tard.

Bonsoir, ou bonjour.