EDIT : On peut zoomer sur les indices, l'écran tactile est mis à contribution pour les empeintes, ainsi que le micro. Il y a des vidéos a analyser, et des enregistrements sonores.
J'ai eu la chance de jouer aux trois premières enquêtes de Ace Attorney 4, et je peux dire qu'il s'agit d'un bon cru.
Au niveau du jeu en lui-même, on ne remarque presque pas les changements. Apollo, le nouveau petit coq dans la basse-''cour'' possède un bracelet magique. Il semblerait que sa provenance soit expliquée dans la quatrième affaire. Le tout est très cohérent, comme dans le troisième épisode, au lieu d'avoir des histoires sans liens comme dans les deux premiers jeux.
A l'aide du bracelet, Apollo peut zoomer sur les témoins à la barre pour détecter leurs tics et les déstabiliser. Ceci remplace le système de mégatama, mais pas très avantageusement il faut dire. En effet, le tout est très guidé, au point qu'on nous dit quand il faut utiliser la super-vision. Ensuite, dans un jeu qui met l'accent sur la nécessité de preuves irréfutables toutes les 30 secondes, ces observations peuvent paraître sans fondement. Un témoin pourra vous mentir en bloc pendant tout le procès puis finalement fondre en aveux parce que vous avez remarqué qu'il se gratte la tête. Si cela fonctionne quand le tic permet de découvrir une trace de coup ou de brûlure - pas de spoil je vous assure, c'est guidé - cela marche beaucoup moins bien quand il s'agit de forcer l'aveu sur un point de pure conjecture de la part de la défense.
En prenant cette nouveauté d'un point de vue positif, on pourra admettre que la disparition du mégatama est un soulagement, mais les phases d'enquête son un peu plus simples et courtes. On ne regrette finalement pas de ne plus rester bloqué pour rien pour faire cracher le morceau aux intervenants. Il existe cependant des passages complètement subjectifs et sans rapport logique, au niveau de la présentation de preuves.
On mettra ça sur le compte de la barrière de la langue entre le japonais d'origine et la traduction anglaise testée. Traduction de très bonne facture, à l'exception que la série s'entête à prétendre qu'elle se passe aux Etats Unis. D'ailleurs, la saveur typiquement japonaise de la série a pratiquement disparu, la licence étant devenue ''internationale''. Cela nuit beaucoup à l'ambiance d'origine, sans pour autant rendre le quatrièem épisode insipide. Dommage.
Également, les profils des personnages ne sont plus disponibles systématiquement, à moins d'être utiles dans telle ou telle situation.
Les personnages sont de plus en plus improbables, mais la série nous avait habitués à voir passer des clowns. Le procureur qui a commencé sa carrière à 17 ans en Allemagne et qui trouve le moyen d'être une star du rock à côté... bref, on a les mêmes rôles grosso-modo, seules les têtes changent. La boulette mauve qui nous suit partout, le procureur pas si méchant que ça, le héros mi-cool mi-faible...
Concernant les fonctions de la DS, le jeu est semblable à la version DS du premier jeu, la cinquième enquête. Même si les fonctions tactiles semblent ne pas être autant utilisées dans les trois premières enquêtes, bizarrement. Gardons à l'esprit que la cinquième enquête de Phoenix Wright était une enquête difficile, et que l'ultime affaire d'Apollo pourrait avoir plus de piquant et être moins dirigiste... à voir.
Cet épisode est terre-à-terre, c'est-à-dire, il n'y a pas de surnaturel, à part la super-vision d'Apollo. Les kimono des mystiques sont remplacés par les capes des prestidigitateurs.
Les enquêtes sont alors présentées comme des tours de magies impossible qu'il faut résoudre. Plus que jamais, nous sommes dans le polar pur et dur. Les deux partis, défense et accusation sont des sémioticiens qui se battent littéralement pour avoir accès à ''la vérité''.
La vérité, pourtant, n'est pas préexistante, elle se construit à partir d'éléments confus et contradictoires, comme toujours.
La question du sens dans sa dimension quasi philosophique est à nouveau présente dans ce croustillant récit d'impossibilité, avec une emphase étonnante sur la parole. La parole, les mots étant les outils des deux ennemis, ainsi que les briques qui construisent l'histoire, l'impossibilité du récit policier est figurée par... l'aphasie des témoins!!! Ou leur cécité!!! (muets ou aveugles)
Les témoins ne peuvent pas parler, ils n'ont rien vu, rien entendu. Le jeu sur la langue ira même jusqu'à pinailler sur le sens des mots, l'incompréhension mutuelle entre enquêteur et témoin pour des raisons de barrière des langues.
Ce qui permet de pinailler sur le sens des témoignages, pour les faire tourner en sa faveur. L'étranger confus acquiescera bien-sûr votre version des faits, la seule possible une fois la contradiction, l'ambiguïté levée sur un simple mot.
Ace attorney 4 se présente donc comme un polar d'excellente facture, doublé d'un jeu vidéo aux mécanismes connus mais efficaces. L'illustration à l'écran, qui sera contredite par le récit, apporte au récit policier toute la saveur du préjugé de
sens que l'on donne au témoignage
Ce qui m'a le plus surpris avec Ace Attorney 4, c'est qu'il montre plus que jamais sa nature de polar et la revendique haut et fort.
''vous racontez des contes de fée pour inventer un coupable
''cette histoire est impossible''
''Tiens? C'est moi le coupable? Bon... et bien soit, s'il n'y a pas d'autre possibilité, mais seul l'avocat de la défense peut me dire comment je m'y suis pris''
''A vous de choisir qui est coupable'' - Apollo, pas le joueur...
Je lui donne 15/20, parce que c'est une suite et que le gameplay paraît presque moins riche que les précédents, mais pour ce qui est de l'intrigue, c'est un incontournable sur DS.
Sinon c'est un très bon test de ta part...