Winslow Leach, jeune compositeur de talent, se fait voler sa cantate intitulée « Faust » par un certain Swan, star planétaire. Décidé à demander des comptes, Leach s'introduit dans la maison de production « Death Records ». Poursuivi par les gardiens, il est jeté en prison. S'évadant, il se coince accidentellement la tête dans une presse à disques. Défiguré, celui-ci hante le nouveau temple du rock n'roll : le Paradise.
Si il y a des films qui tiennent du miracle, Phantom of the Paradise est l'incarnation ultime de ce miracle. Fourre-tout doté d'une cohérence au-delà des mots, le film de Brian DePalma n'est pas explicable. On comprend très bien ce qui, en amont, a permis à De Palma d'expliquer son projet au producteur Pressman : une combinaison du Fantôme de l'Opéra, du Portrait de Dorian Gray, de Faust et de Frankenstein.
Ce qui échappe à toute rationalisation, en revanche, c'est que le résultat final tienne debout. Mieux : il n'aurait pas pu exister sans les idées incroyables de mise en scène, de narration, de direction d'acteur et j'en passe qui confèrent sa moelle épinière au film. Problème de la poule et de l’œuf : De Palma savait-il déjà exactement comment il allait raconter son histoire, l'ayant planifié avec la froide logique qu'on lui connaît, ou est-il rentré en transe vaudou pour signer son meilleur film ? Si la première version est la bonne, cela veut dire : 1)que Brian De Palma peut rationaliser l'inspiration ultime et faire des films parfaits quand il le sent 2) Qu'il nous nargue depuis des années en ne réitérant pas l'exploit, même s'il en a fait d'autres.
Pardon pour les ergotages qui ont précédé, mais à part écrire un long cortège de louanges, il est difficile de parler de ce qui, pour votre serviteur, est un film parfait échappant à l'analyse. Il y a des milliards de choses à dire sur Phantom of the Paradise, toutes aboutissant à la même conclusion : ce genre de rencontre harmonieuse entre TOUTES les composantes d'un film n'arrive qu'une fois tous les 25 siècles.
Tous les thèmes de De Palma sont présents, l'auteur ayant par ailleurs déjà traité du show-biz et de son inhumanité dans le très attachant Attention au Lapin/Get To Know Your Rabbit, mais jamais sans doute a t-il été à ce point capable de passer du coq à l'âne (pour exemples : mort hystérique de Biceps/chanson mélancolique de Jessica Harper; mélo tragique où le fantôme surprend Phoenix et Swann ensembles/scène de pur fantastique où Swann révèle ''qu'il est sous contrat, lui aussi'', etc...) avec une fluidité imparable, de manier l'ellipse (arrestation, évasion, mutilation et transformation en quatre minutes chrono) aussi brillamment et, surtout, de trouver cet espèce d'équilibre magique entre drame et comédie qui fait échapper le film à tous les registres et le rend inclassable.
Pour se garantir un maximum d'efficacité, la méthode de De Palma est d'en faire systématiquement trop, de tout grossir dix fois pour mythifier instantanément les personnages, les évènements, le film tout entier. Il y a en effet dans Phantom of the Paradise une cruauté tellement absolue, tellement inhumaine, qu'elle catapulte immédiatement les deux adversaires (Winslow Leach le compositeur naïf et Swann le producteur diabolique ) à leurs firmaments respectifs : le plus beau des héros tragiques; la plus séduisante des pourritures. Cette méchanceté démentielle se retrouve dans la chanson finale de Paul Williams (comme les autres, du reste), The Hell of It, aux paroles d'une rare violence polie : ''Good for nothin' bad in bed nobody likes you and you're better off dead goodbye (...) If I could live my life half as worthlessly as you, I'm convinced that I'd wind up burning too''... Sympa ! Pensé comme le film de genre ultime, la somme insurpassable de tous les clichés possibles et imaginables, Phantom of the Paradise n'avait que deux options possibles : devenir la pire daube de tous les temps ou incarner à lui seul l'essence du cinéma. En résumé : c'est LE chef d’œuvre.
Critique de Denis Brusseaux, Dvdrama
A l'instar de Robocop, j'ai publié une critique de Denis Brusseaux justifiant parfaitement l'établissement du mot chef d'oeuvre à ce film. Car oui, Phantom of the Paradise est un modèle du divertissement et du sens du rythme ainsi qu'une superbe satire du show buisness des années 70. Quel plaisir hallucinant de voir et revoir un tel chef d'oeuvre !
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