Préambule :
Je confirme que j'ai répondu positivement à l'invitation de Raël. C'est un homme très élégant que j'ai trouvé fort sympathique, et sachez que de Benoît XVI au Grand Rabbin en passant par le Grand Moufti, c'est toujours pour moi un grand plaisir de communiquer avec des collègues humoristes". © Dieudonné M'bala M'bala
Extrait :
En 1996, Dieudonné a tout pour être heureux. Il a trente ans. Son duo avec Elie Semoun fonctionne du tonnerre, leur deuxième spectacle ("Elie et Dieudonné en garde à vue") est un carton. Sur les plateaux de télévision et autres arènes donneuses de tapes dans le dos, les deux hommes sont présentés comme les nouveaux hérauts de l'antiracisme. Il faut dire que leurs sketches dépotent, poussant doucement vers l'arrière-scène des pointures comme Les Inconnus, Les Nuls ou Guy Bedos. Quel talent, quelle complémentarité ! s'exclame alors tout un chacun. Il faudra cependant attendre 2004, et la sortie du livre "Entretien à coeur ouvert" du journaliste belge Olivier Mukuna, pour que Dieudonné, toujours réticent jusqu'alors mais poussé dans les cordes par quelques phrases blessantes de son ancien complice, finisse par lâcher que c'était lui, Dieudonné, qui écrivait la plupart des sketches du duo.
Avec "Le chant du muet", Dieudonné se donne 18 titres pour dire tout ce qu'il n'arrive pas à exprimer aux côtés d'Elie. Il y a de l'humour, bien sûr - ah si 'Code de la route', 'J'm'en cure le zen' ou 'Manon' avaient bénéficié du même plan marketing que celui de Lagaf' pour 'La zoubida'... - mais pas uniquement... A dire vrai, le fond du disque est même grave. Profondément.
Quels sont les grands thèmes abordés dans cet album ? Dès l''Introduction', le ton est donné. "La politique, hier souveraine, est aujourd'hui une vieille femme malade et même agonisante. Quelques-uns de ses enfants, les plus zélés sans doute, tentent en la représentant de lui donner bonne figure... Mais c'est la fin d'un règne ! Récemment, elle s'est faite détrousser toutes ses vieilles valeurs par le chef d'un parti de l'extrême, un barbare prénommé Le Pen, qui grimpe aux sondages comme singe sur cocotier... Adieu sages valeurs et sereine morale, c'est le Dieu Argent qui dirige en ce temps le royaume. Ici à la Cour on ne jure que par lui et l'évoquer en tout point fait bon ton." Racisme et corruption, soupirs et inspiration, morale et tentations sont les thèmes centraux de l'album avec, en filigrane, cette question obsédante : qui détient vraiment le pouvoir, aujourd'hui ?
Pour y répondre, Dieudonné n'hésite pas à revêtir les habits miteux du clochard sur 'J'm'en cure le zen'. Quel meilleur angle pour observer la société que de se glisser dans la peau d'un de ceux qu'elle côtoie sans jamais le regarder, de l'ausculter par en dessous et à son corps défendant ? "Encore toute aveuglée par la peur de mourir, c'est toute l'humanité qui ne veut pas vieillir" philosophe celui qui se fait appeler Kent Master King, a.k.a. "le Nuclear Spirit Man". "Assedic, le rendez-vous des miteux - c'est mon public -, des bons à rien, des culs-terreux. Salut les larves, salut les moutons, le grand Kent vient chercher son pognon !" Dieudonné reprendra ce personnage à maintes reprises sur scène, mais sous un autre nom : le plébiscité Oképi Malin, vieil africain dubitatif devant la folie qui gagne peu à peu la vieille Europe.
Ca date de 2006 ! J'ai gagné !!!