Désastreuse, la semaine dernière n'a pas suffi à Nicolas Sarkozy : le Président-candidat semble avoir décidé de s'offrir une seconde septimana horribilis. En témoigne cette déclaration hallucinante, ce lundi à Saint-Quentin, dans l'Aisne :
«
Le premier sujet de préoccupation de discussion des Français, je parle sous votre contrôle, c'est cette question de la viande halal. »
Ainsi, pour le président français, la première préoccupation des Français n'est pas le chômage qui recommence à croître, non. Ce n'est pas non plus le pouvoir d'achat qui stagne. Ou les problèmes si aigus de logement. Ou la précarité qui mine les familles. Ou même la question vertigineuse de la dette publique. Non : c'est la façon dont on prépare la viande dans les abattoirs.
C'est dire combien le président de la République est loin de la France et de ses réalités. Claquemuré dans son château, conseillé par des apprentis-sorciers comme Patrick Buisson, il en arrive à dire n'importe quoi à moins de 50 jours de l'élection.
La stratégie de campagne de l'UMP est en train de verser dans le fossé. L'idée était de partir très à droite, pour dégonfler d'un coup l'électorat lepéniste, et ensuite de se recentrer sur un discours de rassemblement. Mais la première phase ne fonctionne pas : Nicolas Sarkozy et ses amis se sentent contraints de poursuivre dans une surenchère islamophobe, au risque de revivifier la campagne de Marine Le Pen, et de se perdre.
Lorsque Claude Guéant affirme que donner le droit de vote aux étrangers serait prendre le risque de voir des municipalités imposer le halal dans les cantines scolaires, il pourrait aller au bout de son sale raisonnement et proposer de supprimer le droit de vote aux français musulmans : car après tout, pourquoi, dans les municipalités qu'il vise, un étranger musulman serait-il plus enclin à modifier les menus scolaires qu'un Français musulman ?
Nicolas Sarkozy avait une chance de gagner en se « présidentialisant » : en prenant de la hauteur, en refusant les polémiques stériles et mesquines, en encourageant ce qui soude les Français, pas ce qui les divise. Bizarrement, celui qui est généralement présenté comme un grand stratège électoral a choisi la voie inverse, la plus suicidaire.
Source: www.rue89.com
Les déclarations de Fillon ont suscité une litanie de réactions politiques et religieuses.
Les propos de François Fillon, prononcés lundi matin sur Europe 1 sur l'abattage rituel, ont suscité un tollé politique et religieux. Le Premier ministre avait estimé "que les religions devraient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand-chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé". Ces propos ont engendré un grand nombre de réactions par la suite. Retour sur cette polémique minute par minute.
Mardi, 14h05. Hollande appelle l'UMP à la "retenue". "J'appelle - est-ce pourtant mon rôle ? - le président de la République, pour le temps où il est encore dans cette fonction-là, et le Premier ministre à avoir de la retenue et à ne pas froisser un certain nombre de consciences", a déclaré François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle.
Mardi, 13h05. Le grand rabbin "très gêné". "Les problèmes de la France sont tellement importants, nous sommes en période de crise, en quoi le problème de la viande casher et de la viande halal est un problème majeur pour la France ?" s'interroge le grand rabbin de France, Gilles Bernheim dans une interview à La chaîne parlementaire (LCP) diffusée dimanche 11 mars. Il s'est également dit "très gêné" par les propos de François Fillon.
Mardi, 12h34. Polémique "disproportionnée" pour NKM. "La réaction très vive sur ce 'on pourrait y réfléchir' me paraît disproportionné", réplique Nathalie Kosciusko-Morizet, qui se pose en défenseur de François Fillon. "Évidemment si vous prenez la première phrase en la tirant de son contexte, je peux comprendre cette interpellation que ressentent à ce moment-là les responsables religieux, mais ça n'est pas ça le propos de François Fillon", a martelé la porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy.
Mardi, 11h50. Le CFCM "ne comprend pas".
Le Conseil français du Culte musulman "ne comprend pas et n'accepte pas que l'islam et les musulmans servent de boucs émissaires dans cette campagne", s'agace Mohammed Moussaoui, son président.
Mardi, 8h05. "Fillon aurait mieux fait de se taire" pour Villepin. Pour Dominique de Villepin, "François Fillon aurait mieux fait de se taire". L'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle a par ailleurs jugé la polémique "lamentable" sur Europe 1.
Lundi, 23h44. Une député UMP "attristée". Salima Saa, secrétaire nationale UMP chargée du développement urbain, s'est dite "attristée de voir s'étaler des jugements négatifs et dévalorisants sur les musulmans de France", et ajoute qu'elle "ne cautionne pas les propos qui assimilent l'abattage de la viande halal à des pratiques ancestrales".
Lundi, entre 21h et 23h. "Bêtises" pour Mélenchon, "tromperie" pour Le Pen. Invités de Paroles de candidat, l'émission de TF1, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont continué à afficher leur profond désaccord sur l'abattage rituel. La candidate du FN estimé qu'il "y a un problème de transparence dans ce qu'achètent les consommateurs et de tromperie sur la marchandise". Le candidat du Front de gauche lui a rétorqué quelques minutes plus tard en expliquant que Marine Le Pen veut "faire croire que l'on tombe malade ou que l'on attrape l'Islam en mangeant de la viande halal".
Lundi, 19h15. Un "faux problème" pour Juppé. "On n'est pas tous coulés dans le même moule. J'ai déjà dit que le 'choc des civilisations' n'était pas ma tasse de thé. Je pense que le problème de la viande halal est un faux problème en réalité, qu'il y a d'autres vraies questions qu'il faut se poser", a pondéré Alain Juppé.
Lundi, 18h50. Guaino veut "parler du halal". "Est-ce que les Français acceptent de se voir imposer un autre mode de vie que celui qu'ils ont choisi au nom d'une conviction religieuse, si respectable soit-elle ?", s'interroge Henri Guaino, le conseil spécial du président-candidat. "On ne peut pas imposer à tout le monde le mode de vie d'une minorité", ajoute-t-il.
Lundi, 18h40 : le Crif se dit "stupéfait". Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a fait part de sa surprise. "J'ai été stupéfait par cette déclaration du Premier ministre", a déclaré le président du Crif, Richard Prasquier.
Lundi, 8h20. "Les religions devraient réfléchir". Après Nicolas Sarkozy qui avait abordé le sujet lors d'un meeting, François Fillon explique sur Europe 1 qu'il aimerait que "les religions réfléchissent". " Ce n'est pas le jour et ce n'est pas le moment d'engager ce débat, mais qu'au moins les choses soient claires et que dans un abattoir, quand on abat une viande sans l'étourdir, on l'étiquette afin que les Français sachent comment les choses se sont passées".
Source: www.europe1.fr