Il y a encore quelques semaines,
Bastion avait les épaules pour devenir l'ambassadeur de la saison 2011 du Summer of Arcade. Avec ses graphismes 2D enchanteurs et son principe (on va y revenir), le titre semblait revenir aux sources de l'action-RPG de base, genre d'une époque clairement révolue où on cassait sa tirelire à coup de poings pour se payer
Secret of Mana, considéré encore aujourd'hui par beaucoup comme un best.game.ever (alors que sa suite le démonte sans trop de mal). La note parle d'elle-même : le bébé de
Supergiant Games est l'une de nos plus belles déceptions de cette année 2011.
Techniquement parlant, car autant aborder d'office le gros point fort du jeu, le titre est tout simplement sublime. Rien que ça. S'il ne plaira évidemment pas aux amateurs de grand spectacle qui ne jurent que par les dernières superproductions,
Bastion offre une esthétique proche d'un
Vanillaware, avec des décors suffisamment variés (bien qu'on reste dans un univers très space), des couleurs qui explosent et une absence de ralentissements malgré le nombre d'effets à l'écran lors de gros combats. Le scénario met en scène Kid (« Le » Kid même), un petit gaillard à l'histoire peu développée puisqu'il ne prononcera pas un mot. D'ailleurs, aucun des PNJ que vous croiserez n'ouvrira la bouche et pour cause : les événements sont racontés en temps réel par un narrateur. Du simple combat au background en passant par vos petites bourdes comme la chute dans un trou, tout nous est livré en voix-off tel un conte. L'idée est surprenante, excellente dirons-nous, sauf qu'il réside deux problèmes de taille. En premier lieu, le scénario est inintéressant de bout en bout avec une histoire inutilement compliquée, quasi-dénuée de rebondissements et finalement barbante. Second point, si placer une voix-off 80% du temps peut-être intéressant, les anglophobes constateront avec énervement que le jeu est resté en VO sous-titrée, nous obligeant constamment à stopper notre progression pour lire le texte. Aberrant vu qu'il s'agit tout de même de la principale caractéristique du jeu.
Pour le reste, comme on l'a dit plus haut, il s'agit d'un action-RPG assez classique en apparence. On progresse dans des niveaux ultra-linéaire en s'occupant en chemin de tous les ennemis qui se présentent face à nous. Des ennemis d'ailleurs assez balaises (= on meurt assez facilement). Peu d'énigmes et donc pas de quoi être bloqué mais le gameplay reste pourtant assez varié par la présence d'un arsenal suffisamment complet. Si on débute avec une simple épée, on choppera en avançant tout un attirail digne d'un guerrier acharné : fusil à pompe, mortier, bazooka, katana, arbalète, double-gun... De quoi faire, surtout que le tout pourra être boosté à loisir. Car il s'agit là d'une des autres qualités du jeu, avec une certaine bone sensation dans la progression du personnage. Déjà par l'expérience classique (niveau 10 par maximum et très long pour l'atteindre), mais également avec l'argent récolté qui permettra d'augmenter drastiquement l'efficacité de vos armes (puissance, portée, rechargements...). On notera également une attaque secondaire qui pourra aller de l'invocation d'un petit allié au lancement de grenades en passant par les mines et même, vers la fin, la possibilité de sauter ! Coté défaut dans tout cela : une certaine confusion au cœur des combats et un système de visée clairement à revoir (le lock aurait été préférable).
Après une demi-douzaine d'heures à arpenter des niveaux-couloirs et à dézinguer un paquet d'ennemi, on arrive donc au final avec un sentiment mitigé, à cause des problèmes précités liés au scénario mais également pour l'aspect répétitif de l'ensemble. Les plus courageux et/ou ceux qui souhaitent absolument rentabiliser la quinzaine d'euros demandées pourront se lancer dans la recherche des quelques objets secrets, comme des totems pour augmenter la difficulté (et booster le gain d'expérience), le tout grâce au New Game + toujours aussi appréciable dans ce genre de titre.
Conclusion: Bastion n'est pas la perle attendue de cet été. Le gameplay avait tout des plus grands mais la linéarité constante, l'aspect répétitif et le scénario clairement oubliable (hormis la petite surprise à la fin) rendent le tout un peu amer, donnant presque envie de demander aux développeurs de plancher rapidement sur une suite plus ambitieuse.