À une époque où les jeunes joueurs ont parfois envie de frapper un pauvre mur à chaque nouveau report d'un titre particulièrement attendu (vous avez dit
Versus XIII ?), les plus vieux d'entre nous, parfois sages, connaissent la signification du mot patience. La preuve, il y en a encore qui attendent à chaque E3 l'annonce de
Shenmue III. C'est dire quand même. Évidemment, on ne retracera pas l'histoire du développement de
Duke Nukem Forever qui mérite à elle-seule un roman en plusieurs parties, tout juste se contentera donc de dire que le titre fut officiellement annoncé en 1997, époque où on ne se doutait pas que 14 ans plus tard, on paierai les personnages bonus et les épilogues de nos jeux. Après être passé par un paquet de moteur puis un changement de développeur, il ne fallait plus s'attendre à grand-chose du résultat final. Au moins, si on sait à quoi s'attendre, on parvient à baisser quelque peu le potentiel déception, mais pas complètement non plus. La vie est dure chez le fan.
Sauf si vous faîtes partie de ces quelques amateurs de oldies, il faut généralement avoir aujourd'hui passé l'âge d'or des 20 piges pour pouvoir se remémorer le trip offert par
Duke Nukem 3D et son héros incarnant à lui seul le machisme et la dévergonde, si on oublie la version N64 complètement censurée. Entre les billets offerts aux babes qui se trémousses et le cinéma porno en passant par les vannes contre les boss et les nombreux clins d'œil à de multiples univers, le titre n'eut aucun mal à s'installer comme un des monuments du FPS. C'est indéniable. Plus d'une décennie plus tard, peu de choses ont changé et c'est une bien bonne nouvelle. Point fort du jeu, le caractère trempé du blond musclé n'a pas bougé d'un poil et dialogues comme scènes sont un appel à choquer Familles de France, les développeurs ayant probablement voulu montrer qu'ils assumaient à 100% l'héritage d'une autre époque. Les dix premières minutes suffisent d'ailleurs à s'en rendre compte : posters suffisamment évocateurs, (double-)fellation par deux greluches ou encore long passage aux chiottes où on constatera en passant que quelqu'un à oublié d'évacuer un formidable étron. L'ambiance est posée.
Quatorze longues années de développement, ça se ressent très vite dès qu'on s'amuse à jeter un œil sur la partie technique. Ok, le jeu a bien évolué depuis les toutes premières démos, encore heureux, mais au résultat final, on a davantage l'impression d'avoir affaire à un jeu de lancement de la Xbox 360 qu'à un titre qui débarque entre
Crysis 2 et
Battlefield 3. Oui,
Duke Nukem Forever est moche, encore plus sur consoles et avec tout ce qu'il faut pour nous peiner : aliasing, effets abusés de flou, textures dégueulasses qui se permettent de s'afficher tardivement, modélisation sommaire des personnages et ennemis et surtout, oui surtout, des temps de chargements à se tirer une balle. Vestige d'un autre temps et inadmissible aujourd'hui, il faudra attendre de longues secondes les bras ballants à chaque changement de niveau et chaque reload après mort.
Mais il n'y a pas que les graphismes qui posent problème, loin de là même. Car hormis l'humour, on se souvient de
Duke Nukem 3D pour ses stages incroyablement intéressants encore aujourd'hui, car bourrés de secrets et dans lesquels on pouvait se perdre si on n'était pas suffisamment observateurs. Une autre époque oui, où les FPS n'étaient pas que des enchaînements de couloirs-arênes avec des checkpoints dans tous les sens. Et l'impensable arriva :
Forever fait maintenant parti de cette classe là. Tout un drame. Fini le simple fait d'avoir à chercher quelque chose car ici, on file tout droit à pied comme en véhicule en se débarrassant de tout ce qui se présente face à nous. Des niveaux qu'on serait même tenté de classer à l'horizontale pour la licence, les passages sur plusieurs étages ayant tout simplement disparu, de même que le jetpack histoire de bien enfoncer le clou. Pour autant, car oui c'est bizarre, l'aventure se laisse parcourir tranquillement notamment grâce à son ambiance si on est fan de la saga, et même si les stages sont placés de manière très décousue (une autre tare liée au développement chaotique), on n'a pas trop l'occasion de s'ennuyer. C'est déjà ça.
Coté jouabilité, le Duke s'est bien modernisé avec le temps. Pas dans le bons sens diront certains, mais il faut bien vivre avec son époque (diront d'autres). Ainsi, la jauge de vie et l'utilisation des médikits salvateurs ont tranquillement laissé leurs places à une jauge d'ego, du genre bien classique qui se réduira aussi vite sous le feu ennemi qu'elle reviendra au top une fois le calme revenu. Un peu de profondeur a tout de même été apporté puisque l'utilisation d'éléments du décors apparemment anodins (du genre se regarder dans un miroir) augmentera cette jauge. De l'ego on vous dit. Bon, pourquoi pas en tout cas, surtout qu'on oubliera vite ce besoin de facilité pour se scandaliser devant l'obligation de devoir porter uniquement deux armes à la fois. Ce blasphème. On explique :
Duke Nukem, à la base hein, c'est la surenchère pure, des armes à gogo aussi folles et jouissives les unes que les autres avec des munitions à la pelle pour exploser l'ennemi sans se soucier de rien au monde hormis son propre plaisir de tuer. Les armes, on les as toujours certes, malgré un manque d'inédit de ce coté, mais quelle tristesse de devoir lâcher son beau fusil à pompe pour un fusil-rétrécisseur (par exemple) sous prétexte qu'on manquait de balle.
Au final, une campagne sympa sans plus et uniquement dédiée aux fans, qui demandera une douzaine d'heures pour être torchée, ce qui reste vraiment pas mal à l'heure actuelle. Pas de mode coopération malheureusement mais du multijoueurs en ligne. Alors on va faire bref, les sessions sont généralement peu amusantes. Il y avait à peu près tout pour s'amuser un minimum, sans non plus être très original : une poignée de modes de jeu, quelques cartes sympathiques, de l'expérience pour modifier son avatar... Mais voilà, quatre points vont achever l'intérêt de nos parties : du lag, seulement huit joueurs, aucune surprise niveau matos et aucun équilibrage dans les armes. En bref, c'est le multi de l'époque, avec des graphismes « actualisés ».
Conclusion : Dire que
Duke Nukem Forever arrive en retard est un euphémisme. Il se serait sans mal placé comme un sympathique titre de première génération sur nos consoles HD mais en 2011, ses nombreuses tares ne le destinent qu'aux fans avertis, qui seront au moins heureux de pouvoir enfin jouer à la légende. On souhaite maintenant une suite à la hauteur, surtout coté technique, mais vite si possible.