Autant le dire tout de suite, Winning Eleven 7 a marqué cet été de sa patte inimitable. Les fans ont pu y retrouver tout le plaisir qui faisait de la saga LA référence en matière de simu de foot. Les bricoleurs eux, qui font pour la plupart aussi partie de la première catégorie, se sont lancés dans leur logique de patching qui fait en Europe tout le succès des Winning Eleven. C’était sans compter sur l’arrivée imminente de l’enfant terrible de KCET, le très attendu et toujours décevant Pro Evolution Soccer. Lorsqu’en plus on sait que pour la première fois le titre est disponible sur PC, comment résister à l’envie de lancer la précieuse galette dans l’unité centrale de notre personnal computer…
Pour ceux qui auraient manqué le début
Pour tous les aficionados et ceux qui se sentiraient perdus face au pic infranchissable que peut représenter Winning Eleven / Pro Evolution Soccer voici un bref résumé des épisodes précédents sur console. Depuis les débuts de la saga avec l'incomparable Winning Eleven 4 sur Playstation en l'an 2000, beaucoup de choses ont bougé du coté de Konami. D'un coté on retrouve donc la version nippone du soft avec les Winning Eleven (J-league ou Final Evolution) et de l'autre ceux que beaucoup plus connaissent, les Pro Evolution Soccer. On taira, pour des raisons que tout le monde comprendra, les méfaits de KCEO avec les ISS, qui sont plus une insulte à ce noble sport qu'est le foot que des simulations à part entière. En général, sortent donc dans l'ordre Winning Eleven, Winning Eleven J-League, Pro Evolution Soccer et finalement, aboutissement de tous ceux là, Winning Eleven Final Evolution. Le fait est tout simplement que ce dernier opus était annoncé comme la perfection même, dénuée de bugs et expurgée de tous ces détails qui avaient longtemps frustré des milliers de joueurs lorsque la console remontait deux buts à la 90° minute sur le débordement d'un joueur pourtant blessé quelques instants auparavant.
Konami, bien décidé à toucher le plus de monde possible s’est donc enfin lancé dans l’aventure du jeu PC. Une petite aventure puisque comme vous pourrez vous en rendre compte plus bas, le résultat n’est qu’un simple et tristounet portage de la version PS2. On a donc repris chez Konami un certain nombre des bugs et gros ratés de PES3 (d’où le paragraphe suivant) et on y a rajouté quelques détails qui noieront le poisson. Détails comme la sélection de différentes résolutions, (essentiel pour les quelques configs qui ne pourront pas dépasser le 800x600) l’augmentation du niveau de détails graphiques et le fait de pouvoir jouer au clavier. On l’aura bien sur compris, tout ceci n’est pas réellement sérieux et on se demande vraiment si chez Konami on ne se moque pas un peu du monde…
Tout ce qui brille n’est pas d’or
Commençons tout de suite par les choses qui fâchent, car il y en a quand même un certain nombre. Chez Konami depuis quelques temps, en fait depuis que PES est devenu aux yeux des fans de foot LA référence en la matière, il semble régner une ambiance d’autosatisfaction complètement inattaquable. Ce sentiment certes complètement compréhensible, après de longues années de frustration fifaesque, n’en demeure pas moins très choquant et complètement illégitime pour les fans de la première heure. Je m’explique, on passera sur les Orange 000 de PES2, sur les noms hasardeux de PES3 (Pour l'Allemagne et les Pays Bas) et on s’attardera un peu sur le décalage phénoménal qui existe au niveau des statistiques entre le titre de Konami et celui d’EA. Du côté des fans indécrottables on se targuera d’annoncer le nombre impressionnant de 64 clubs pour cette mouture 2003, mais comment véritablement faire bonne figure contre les 18 championnats, 350 équipes et 10 000 joueurs que propose le titre d’Electronic Arts. Certes FIFA est encore loin de PES au niveau du gameplay, assurément le réalisme n’est pas encore au rendez-vous, mais on ne peut pas toujours s’appuyer sur des acquis complètement relatifs pendant des années sans heurter une partie de son public un jour ou l’autre.
Ne parlons même pas du sentiment de désespoir qui ressort après avoir lancé le jeu sur son PC, tout est exactement pareil que sur PS2. Les menus sont identiques, les musiques, les options on croirait presque avoir devant les yeux un émulateur PS2. Si Konami n’avait pas rajouté pour l’occasion la possibilité de modifier la résolution et le niveau de détails, on aurait même crié au scandale. Et comme en plus il n’y a toujours pas de mode online, on peut se demander ce qu’il s’est passé depuis un mois dans les studios de Konami. D'autres petites imperfections se sont glissées dans le chef d’œuvre, les contres approximatifs qui sont une plaie depuis Winning Eleven 5, les crochets hasardeux et un peu ralentis ou encore les retours surhumains de la console en fin de match. Tous ces petits détails qui ont fait se briser tant de mannettes sur les murs de milliers de chambres et qui font que chaque nouvelle version du jeu Konami ne peut que toucher du bout des doigts la perfection. D’un autre coté, comme chaque année tous sont déçus par le tandem de commentateurs. Si pour une fois Cyril Linette ressort un tant soit peu son épingle du jeu, Stéphane Guivarc’h lui récite son texte avec le talent d’un élève de sixième. Il sait lire, ça on n’en doute point, mais de là à donner un peu d’intensité à ses commentaires, alors là… Comment LA simulation de foot incontestable peut-elle se passer en France des commentaires du grand Eugène Sacomano, c’est un délire complet surtout lorsqu’on a écouté au moins une fois dans sa vie les commentaires japonais de monsieur John Kabira. Alors, on va très certainement m’accuser de pinaillage inexcusable mais en tant que fan de la première heure je ne peux que m’insurger devant tant d’approximations de la part d’une équipe pourtant irréprochable lorsqu’on parle de gameplay.
Mais ça brille quand même pas mal
Malgré tous ces petits points de détails qui n’auront pas manqué de crisper un grand nombre de joueurs perfectionnistes, on peut annoncer que ce Pro Evolution Soccer troisième du nom s’avère encore une fois être la grosse révolution footballistique de l’année. D’autant plus que pour la première fois, on pourra lancer un match de PES sur son PC. Que tous les frustrés exempts de PS2 se lèvent et fassent une grande ronde autour du monde, l’histoire est en marche. Alors, en effet, si on peut critiquer PES3 sur de nombreux points (ce que je ne me suis pas privé de faire) on ne peut nier le fait que ce titre soit au jour d’aujourd’hui le seul et unique vrai jeu de foot sur PC, ou en tout cas le seul jeu à reproduire ce que les joueurs réalisent dans la réalité.
Pour ce qui est du gameplay, c'est un changement total, on redécouvre une nouvelle façon de jouer bien plus proche d'un PES 1 que du très spectaculaire Winning Eleven 6 FE. Les attaquants courent beaucoup moins vite et il est quasi impossible de forcer le passage dans l'axe à moins de se retrouver face à une défense des plus amorphes. Pour compenser cet avantage donné à la défense - ce qui est de plus en plus le cas depuis PES1 - les petits gars de KCET ont ajouté un certain nombre de petits gri-gri relevant un peu le niveau de l'action. Les joueurs peuvent ainsi réaliser à présent le coup du sombrero, jongler avec le ballon ou encore humilier l'adversaire en plaçant la roulette marseillaise chère à notre Zizou national. Ces gestes sont 'réalisables' par tous en gardant bien sur à l'esprit que leur aboutissement dépend des caractéristiques du joueur qui les tente. Ainsi si l'on tente la roulette avec Njord ou même Lizarazu, le résultat est bien loin de ce que l'on aurait pu espérer au départ. Si le début du geste est de toute beauté, la fin aboutit en général à ce que le ballon parte dans le sens opposé à celui que l'on avait indiqué, ou alors plus original, que leur joueur s'emmêle les pinceaux et laisse tout simplement derrière lui la précieuse orbe. D'un autre coté certains gestes ont eux été nettement simplifiés comme par exemple les crochets, qui deviennent désormais de vraies armes fatales face à un défenseur ou au gardien. Il suffit de lancer la manipulation au bon moment et hop, le joueur adverse est 'dans le vent' complètement perdu et il ne lui reste plus que ses longues gambettes pour essayer de rattraper l'attaquant déjà bien loin de là. On notera aussi les nouveaux gestes assez utiles comme la touche en profondeur et enfin les innovations comme la petite icône qui apparaît en haut à gauche de l'écran lorsque l'arbitre laisse l'avantage.
Mais d'autres innovations se sont subrepticement cachées dans les arcanes du titre de Konami. D’un côté, les joueurs s'ils sont blessés pendant le match, seront évacués à l'aide d'une civière jusqu'aux limites du terrain. Si ce même joueur évacué peut reprendre le match, il reviendra avec de jolis bandages pour ruiner toutes vos tactiques d'offensives ultra rapides. D'autres petites animations du même acabit sont aussi au programme, ainsi on peut voir à la fin d'un match éprouvant ou aucune des équipes n'a réussi à prendre l'avantage, les joueurs qui se désaltèrent sur les bords du terrain. Et puisque l'on est dans la série des détails complètement inutiles, mais complètement réalistes, à chaque faute, corner, touche ou sortie de but les joueurs vont marquer un certain empressement à réclamer la balle. En effet, à chaque fois qu'un joueur la laisse échapper en dehors des lignes blanches il lève la main pour obtenir la remise en jeu, chose qui n'existait pas dans les versions précédentes. Pour les hors-jeu par contre, les choses sont un peu plus subtiles, il arrivait très souvent lorsqu'on jouait à WE6FE de voir toute la défense lever les mains lors d'une passe en profondeur pour indiquer - le plus discrètement du monde - à l'arbitre qu'il aurait tout intérêt à faire retentir son sifflet. Mais lorsque tous ces joueurs se trompaient ils restaient tout bonnement plantés là, la main en l'air comme s'ils avaient été les témoins d'un évènement que seul David Duchovny pourrait comprendre dans son intégralité. Dans PES3, ce n'est plus le cas, seul un joueur ou deux lèvent le bras et s'ils se trompent, les autres peuvent prendre le relais. Dernière innovation inutile en date enfin, on peut désormais en lieu et place du triste P1 juste au dessus de la tête des joueurs contrôlés, faire apparaître son propre pseudo ou le nom du joueur, il faut pour cela aller dans le menu des options, y inscrire son pseudo, le tour est joué on peut maintenant voir apparaître le pseudo à la place du P1. Pour voir le nom des joueurs c'est tout aussi simple. En bref, c'est joli et c'est déjà pas mal.
50 PES, ça fait combien en euros ?
Dans PES2, chaque fois que l'on terminait une coupe, une option se débloquait. Ainsi lorsqu'on remportait la coupe du monde avec une équipe européenne, se dévoilait dans le menu de sélection des équipes la Europe All Star, la coupe d'Europe permettait elle de débloquer les équipes classiques comme le Brésil de Pelé et Garrincha (oups pardon monsieur Zico), l'Angleterre de Banks, l'Argentine de Maradonna et de Di Stephano ou encore l'Italie de Zoff. Tous ce système pourtant très bien rodé qui attribuait pour chaque évènement une option cachée n'est plus les amis, tout fonctionne dès à présent sur le système capitaliste de 'T'as de la thune, t'auras les options'. La monnaie locale baptisée PES permet en effet, via le menu PES SHOP de faire l'acquisition de nouvelles équipes, d'options cachées comme l'accélération du jeu, mais aussi de petits trésors d'inutilité comme le mode BGM qui permet d'écouter les musiques du jeu. Pour gagner ces PES tout est très simple, chaque match gagné vous rapporte au moins 50 PES et une coupe en moyenne vaudra environs 1000 PES. Une très bonne idée de la part de Konami pour encourager le jeu quel qu'il soit. Ainsi que l'on fasse un match avec un ami, une coupe internationale ou encore une Master League les PES sont à nous, on peut ainsi très vite engranger tout l'argent nécessaire à nos petites emplettes.
Dans tout le panier de la ménagère nippone se trouve en outre une option des plus intéressante. Cette option qui coûte la bagatelle de 10.000 PES permet le libre échange des joueurs. Au début si l'on se demande quelle est son utilité, on comprend très vite le pourquoi de ce prix si exorbitant. Lorsque cette option est débloquée - au prix de dizaines de matchs - elle permet de faire son propre mercato entre clubs et même nations, finies les chaînes de transfert sans fin de PES 2, désormais il n'est point nécessaire de faire l'échange pour transférer un joueur. La technique est simple, on sélectionne le joueur voulu, exemple le transfert de Marlet à l’OM. Il suffit de trouver l'équipe de France, placer le joueur en question dans l'effectif au niveau des remplaçants et l'envoyer dans l'emplacement disponible de l'effectif du Laguedoc. Ensuite libre à vous de faire d'autres transferts beaucoup plus fantaisistes comme Ronaldinho au PSG, Zidane au Celtics... quoi, Ronaldinho a joué au PSG ? Autant pour moi alors...
Sans maîtrise la puissance n'est rien
Comme dans tous les titres de la saga, et ce depuis l'inusable Winning Eleven 4, on peut retrouver la classique Master League. Il s'agit pour les novices d'un championnat complet permettant de faire évoluer un club de son choix au travers de plusieurs saisons. Pour atteindre les sommets, il faudra tout d'abord partir de rien, en dernière division et avec un effectif des plus...médiocres. Les joueurs de départ souvent de seconde zone sont appelés Miranda, Njord ou encore Barrota, rien à voir donc avec les Zidane, Beckham ou autres Vieri. Chaque match remporté dans ce mode rapporte des points (en plus des PES bien sur), ces points permettent de faire l'acquisition de nouveaux joueurs un peu plus talentueux ou alors de jeunes joueurs qu'il faudra entraîner. Sur ce point, on peut dire que Konami a fait un sacré effort. PES3 nous offre en effet pas moins de 64 clubs à choisir comme bon nous semble, de quoi trouver son équipe favorite et en faire l'effectif le plus impressionnant de la ligue. Au départ de cette ML, quelques options ont été modifiées, le mode expert a en effet été abandonné au profit d'un réglage beaucoup plus souple. On pourra donc choisir le niveau de difficulté mais aussi la mise en place ou non de l'option anti-triche qui, si l'on éteint la console avant la sauvegarde, donne automatiquement la victoire à l'équipe adverse par trois buts à zéro.
Le nombre d'équipes ayant été revu à la hausse, l'organisation de la compétition s'en voit complètement bouleversée. Le tout se compose à présent de deux divisions chacune divisée en région nord ou sud. Chaque division possède sa coupe et il existe une coupe suprême appelée la WEFA Cup, sorte de Champions League un ton au dessus. Les transferts le sont eux aussi, bouleversés, puisque le nombre de joueur a été décuplé par l'arrivée des nouvelles équipes, de quoi se perdre dans les transferts me direz-vous. Point du tout, puisque Konami a enfin décidé d'ajouter à son jeu un moteur de recherche très complet pour les transferts de Master League. Ce moteur de recherche, dispose de quelques options très intéressantes, comme le fait de pouvoir classer les joueurs par poste, par nation, par club mais aussi par coût de transfert et le tout de manière croissante ou décroissante. La dernière possibilité étant très intéressante lors des premiers matchs en D2 puisque ce n'est pas vraiment la richesse à ce moment du jeu.
Dernier point important et sans doute le plus insolite, une option très discrète a fait son apparition à l'écran de sélection des contrôles. On peut désormais lancer un match en contrôlant un seul et unique joueur, la console prenant alors en charge le reste de l'équipe. On peut ainsi pendant quelques minutes se mettre dans la peau de Del Piero, de Silvestre ou encore de Zidane, faisant appels de balle et autres tacles défensifs sans pouvoir contrôler quoi que ce soit de ce qui se passe autour. En tant qu'attaquant, il faut faire au bon moment les appels de balle pour recevoir des passes, les défenseurs quant à eux auront pour mission de garder la sainte surface. Point de récompense particulière à la fin du match sinon la note finale qui jugera de votre comportement pendant les 90 minutes. Une manière de retrouver un peu de mélancolie en repensant au très impressionnant Libero Grande qui avait fait les grands jours de la PSOne.
8/10